La BoJ pourrait élargir son QE quand le yen remontera (Amundi)

23/11/2010 - 16:57 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Quelques jours après avoir décidé d'acheter des volumes colossaux de bons du Trésor américain, la Fed essuie de vives critiques concernant son nouveau programme d'assouplissement quantitatif (QE2). Alors que le G20 s'inquiète de la hausse probable du prix des actifs due aux capitaux spéculatifs, les intervenants se demandent si la configuration récente - baisse de rendements obligataires, hausse des actions et dépréciation du dollar - a d'ores et déjà disparu", note Amundi. "Face à cette polémique, la banque centrale (japonaise, ndlr) communique a mininima et prétend emboîter le pas de la Fed en adoptant un assouplissement approprié de sa politique monétaire. Toutefois, contrairement à la Fed, la BoJ cherche avant tout à assouplir les conditions de crédit et à éviter d'adopter de nouvelles mesures d'assouplissement quantitatif." "Aussi surprenant que cela puisse paraître, la BoJ n'a pas augmenté son bilan malgré son engagement fin août à adopter une politique monétaire accommodante. Selon les rapports publiés tous les dix jours, ses actifs se montent à 122.600 milliards de yens, soit 413 milliards de moins que fin août." "Au cours des trois derniers mois, la BoJ a choisi la voie de l'assouplissement global. Le 30 août, elle a prolongé de 3 à 6 mois ses opérations de rachat de titres à taux fixe, ce qui a gonflé les montants de 20.000 à 30.000 milliards. Le 5 octobre, elle a réduit son objectif de taux au jour le jour et a annoncé la création d'un fonds de 5.000 milliards de yens pour l'achat de diverses catégories d'actifs. Les caractéristiques de ce fonds ont été révélées à l'issue d'une réunion extraordinaire du Comité de politique monétaire le 4 novembre." "Bien que la BoJ ait introduit des opérations de rachat à 6 mois, seules trois adjudications ont eu lieu et les fonds offerts ont atteint seulement 2.400 milliards de yens contre 10.000 milliards de yens prévus. En outre, les opérations repo à 3 mois initiées pendant l'été arrivent à échéance les unes après les autres. Par conséquent, les encours de prêts et de crédits ont tellement baissé que les achats d'emprunts d'Etat japonais (JGB) en direct ne peuvent empêcher une contraction de son bilan." "La BoJ cherche également à réduire les primes de risque des actifs risqués. Environ un tiers des nouveaux fonds est destiné à l'achat de papier commercial, d'obligations privées, d'ETF et de REIT. Selon certains experts, la décision d'acheter des JGB et des titres du Trésor américain avec le solde des fonds ouvre la porte à un véritable QE2, battant en brèche le précepte de la BoJ, à savoir maintenir un portefeuille de JGB inférieur au volume des billets de banque en circulation. Les craintes d'une monétisation illimitée de la dette publique ont conduit des dissensions au sein du Conseil de politique monétaire : Dr. Suda a voté contre les achats de JGB en direct à l'aide des nouveaux fonds. Cette inquiétude semble être largement partagée par d'autres membres du Conseil." "Une démarche qui contraste avec celle de la Fed, qui continue à appliquer la théorie monétariste (liquidité) et l'approche keynésienne (taux d'intérêt). Les divergences des politiques de la BoJ et de la Fed sont multiples. L'aversion aux achats d'emprunts d'État est très forte au Japon en raison du total atteint par la dette nationale à fin septembre (908.000 milliards de yens - 8.000 milliards d'euros). Lorsque la dette augmente plus d'1,8 fois plus que le PIB nominal, peut-on encore évaluer la qualité des actifs pourtant jugés sans risque." "Deuxième point, la BoJ continue à penser que les injections d'argent dans le système n'entraînent pas d'accélération de l'activité économique. Son incapacité à stimuler l'économie parallèlement aux mesures d'assouplissement quantitatif mises en oeuvre entre 2001 et 2006 réduit sensiblement la flexibilité de la banque centrale nippone. En raison des doutes sur le lien direct entre l'abondance de liquidités et les perspectives de revenus, d'emploi et de prix, lancer un QE2 pour emboîter le pas de la Fed équivaut à une mission impossible pour la BoJ (même s'il est prématuré de dire que le programme QE2 de la Fed n'a pas eu l'impact attendu)." "Dans ce contexte, la BoJ a choisi de miser sur les canaux du crédit, en achetant massivement des JGB et des titres privés de maturité de 1 à 2 ans, ce qui coïncide avec la durée des prêts commerciaux. Conjuguées aux achats d'ETF et de REIT, ces mesures entraîneront également une augmentation de la valeur des actifs en collatéral. La stabilisation récente du yen réduit également la sensation de crise." "Tant que la stabilité des marchés financiers internationaux sera garantie, les gérants de portefeuille n'accorderont guère d'importance au faible rendement du yen. Cela implique que la BoJ pourra encore élargir le champ d'application de son programme QE2 dès que le yen repartira à la hausse. Mais le périmètre de cette politique monétaire généreuse devrait au final être limité à l'assouplissement du crédit." AUT/ALO