Chine : surveiller l'évolution de l' environnement inflationniste

30/11/2010 - 10:33 - Option Finance

(AOF / Funds) - "La publication des données d'inflation en Chine pour octobre a surpris plus d'un observateur. L'inflation est ressortie à 4,4% sur un an, largement supérieure aux anticipations pourtant pessimistes du marché, ce qui a immédiatement fait réagir la banque centrale. Vendredi (19 novembre, ndlr), la PBoC a relevé son taux de réserve obligatoire de 50pb - la cinquième hausse de l'année - et les actions chinoises ont fortement corrigé. Dans ces conditions, on peut craindre d'autres actions politiques peu favorables au marché", estime JP Morgan AM dans son bulletin hebdomadaire. "[11] La principale cause de cette surprise sur le front de l'inflation est à chercher du côté des prix alimentaires - en particulier des légumes frais. (...) les pressions inflationnistes actuelles se concentrent sur l'alimentation. Mais dans une économie émergente, les prix alimentaires représentent une part plus importante du panier des biens qui constituent l'IPC. Au niveau global, les pressions semblent bien contenues, du moins à première vue." [11] "Vu la vigueur de la croissance chinoise ces dernières années, il est surprenant de voir à quel point les prix à la consommation ont pu être stables durant la période de libéralisation économique qui a démarré au milieu des années 1990. Les pressions inflationnistes en Inde ont été bien plus volatiles et particulièrement aiguës. En Chine, la production économique réelle a connu une croissance annuelle proche de 10% durant un certain nombre d'années, tandis que les prix à la consommation core restaient étonnamment stables. Certains pans de l'économie font d'ailleurs encore l'objet d'une désinflation." "Deux principaux facteurs pourraient expliquer une telle évolution. Le premier est l'urbanisation de la Chine, qui a augmenté l'offre de travail excédentaire et contribué à limiter l'inflation des salaires. La Chine a ainsi conquis des parts de marchés dans le monde grâce à des prix à l'exportation compétitifs et a tiré parti des gains de productivité liés à ce passage d'une économie agricole à une économie industrielle. Le deuxième facteur a été l'expansion de sa capacité de production manufacturière qui a périodiquement donné lieu à une surabondance de produits finis et semi-finis et provoqué une concurrence intense en termes de prix. Il suffit de penser à l'acier et aux téléviseurs." "Ces influences pourraient-elles se dissiper ? Il convient de suivre deux indicateurs. Le premier est le ratio offre/demande d'emploi sur le marché du travail urbain, un indicateur de la tension structurelle du marché du travail. En début d'année, il était pour la première fois supérieur à 100%, suggérant des tensions sur le marché de l'emploi. L'autre indicateur est le taux d'utilisation des capacités, qui a nettement rebondi depuis 2008. Il a été durablement faible depuis la crise financière asiatique, les capacités excédentaires n'étant que progressivement utilisées. A l'avenir, les marchés de produits pourraient être plus tendus que ces dernières années." "Rien ne suggère que la Chine serait sur le point de connaître une inflation galopante. Mais cela pourrait inciter les politiques à faire preuve de prudence pour éviter que les anticipations inflationnistes augmentent davantage. Plusieurs facteurs structurels à l'origine de l'environnement inflationniste bénin de la dernière décennie pourraient se dissiper, et la croissance future produire davantage d'inflation que dans le passé. Cela va impliquer une politique plus proactive et un environnement moins favorable aux actions. Il conviendra de surveiller cette évolution." AUT/ALO