Contexte amélioré pour les actions et les obligations des pays émergents

30/11/2010 - 18:03 - Option Finance

(AOF / Funds) - "La décision de la Réserve fédérale américaine d'injecter 600 milliards de dollars supplémentaires dans l'économie (via un assouplissement quantitatif) a été critiquée par la Chine, le Brésil et l'Allemagne. Bien que nous ne voulions certainement pas nier les risques d'une guerre des devises et/ou de protectionnisme à plus long terme, nous pensons que le contexte s'est amélioré pour les obligations des marchés émergents (EMD) et les actions des pays émergents (EME)", note ING IM. "Les médias se focalisent largement sur la lutte pour le pouvoir politique que se livrent actuellement les Etats-Unis et la Chine et sur les problèmes connexes au sein des marchés émergents (restrictions sur les mouvements de capitaux, augmentation des risques inflationnistes). Nous ne voulons pas sous-estimer ces risques, mais pensons qu'il est surtout important de regarder ce qui se passe actuellement sur les marchés. Il importe tout particulièrement de considérer les facteurs fondamentaux à l'origine des mouvements de capitaux en direction des marchés émergents", ajoute le gestionnaire. "L'assouplissement quantitatif de la Réserve fédérale constitue/constituera une impulsion supplémentaire pour ces flux. Les raisons structurelles de ces mouvements résident toutefois dans les différences en matière de fondamentaux économiques entre les marchés émergents et les marchés développés. Selon nous, les principaux éléments sont les suivants : un écart de performance économique structurellement élevé entre les marchés émergents et les marchés développés ; l'attrait des valorisations des actions et des obligations des pays émergents, tant en termes absolus qu'en comparaison des marchés développés ; la quête de rendements supérieurs des investisseurs, comme les fonds de pension et les institutionnels." "Nous pensons que les rendements obligataires (Etats-Unis, Allemagne, Japon) resteront très faibles. Les marchés d'obligations d'Etat resteront soutenus par les taux des banques centrales, l'assouplissement quantitatif et la désinflation. Dans ce contexte, les investisseurs devront adopter une approche beaucoup plus dynamique en ce qui concerne leur stratégie d'investissement. Ceci implique un accent plus important sur la croissance économique, la croissance bénéficiaire, la croissance des dividendes et le rendement. Nous prévoyons une croissance du PIB réel mondial de l'ordre de 3,8% en 2011, contre une prévision de 4,8% pour 2010. Nous tablons sur un chiffre de 6,5% pour les économies émergentes en 2011 (2010 : 8,1%) et de 1,6% pour le monde développé (2010 : 2,2%), de sorte que l'écart de performance économique restera élevé. Ce net écart de performance économique est également observé au niveau des sociétés, par le biais d'attentes différentes en matière de croissance bénéficiaire." "Les valorisations des actions des marchés émergents sont comparables à celles des marchés développés, alors que l'on peut argumenter que les premières méritent une prime (meilleurs fondamentaux, croissance économique plus élevée et croissance bénéficiaire supérieure). Les obligations des marchés émergents restent attrayantes par rapport à la plupart des autres segments obligataires. Au niveau des benchmarks, les obligations des pays émergents en monnaies fortes offrent toujours un rendement intéressant (5,3%). Les rendements du papier des pays émergents en devises locales s'élèvent, pour leur part, à respectivement 2,2% (marché monétaire) et 6,2% (obligations)." "Pour les obligations des pays émergents en devises locales, les éléments suivants sont importants. Il est bien connu que la croissance de la productivité est plus élevée dans le monde émergent que dans les pays développés. Cette caractéristique (des marchés émergents) attire de nouveaux capitaux en provenance des pays développés. Le différentiel de croissance structurel entre les marchés émergents et l'univers développé résulte de cette différence en matière de croissance de la productivité. Dans un contexte de parité du pouvoir d'achat et de régimes de change flexibles, l'écart au niveau de la croissance de la productivité devra se traduire par une appréciation des devises des marchés émergents. La plupart des analyses suggèrent que les devises des marchés émergents devraient s'apprécier de 2 à 3% en moyenne en raison de la différence en matière de croissance de la productivité." "La faible croissance nominale des marchés développés rendra les rendements supérieurs à 4% de plus en plus rares. Dans les pays développés, le rendement du dividende constituera une part plus importante du rendement total. Dans les marchés émergents, la probabilité de hausse des cours reste en revanche intacte. Pour les actions des marchés émergents, la croissance économique supérieure ainsi que la croissance bénéficiaire plus rapide contribueront à un rendement total plus élevé. En ce qui concerne les obligations des pays émergents en monnaies fortes, les spreads demeurent attrayants en raison notamment de l'amélioration des fondamentaux économiques. Au sein de cette catégorie, les obligations d'entreprises devraient gagner en importance. Comme déjà évoqué, l'appréciation structurelle attendue des devises locales par rapport au dollar et à l'euro accroît, quant à elle, l'attrait des obligations des pays émergents en devises locales." "Selon nous, les valorisations des marchés émergents ne sont pas encore préoccupantes. L'économie mondiale est néanmoins devenue plus complexe. Cela signifie que les autorités ne peuvent s'appuyer sur leur vaste expérience, mais doivent s'aventurer en territoire inconnu. Les mesures d'assouplissement quantitatif de la Fed peuvent ainsi être considérées comme une politique expérimentale. Ceci entraîne bien sûr des risques supérieurs à la moyenne. Nous devons par conséquent nous attendre à une volatilité des marchés supérieure à ce que nous avions l'habitude de connaître. Globalement, les investisseurs doivent adopter une approche plus pragmatique des marchés pour enregistrer un supplément de rendement." "Les tensions que l'assouplissement quantitatif a créées sur les marchés des changes ont beau être qualifiées de guerre par certains, il nous semble improbable que l'on assiste à une véritable guerre des changes à court terme. Une escalade conduisant à une guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine ou une surchauffe dans le monde émergent pourraient se produire à un certain point, mais la réalité politique (relation entre la Maison Blanche américaine et les leaders chinois) et les données économiques actuelles (pas de signe de hausse de l'inflation, ni de formation d'une bulle spéculative dans les marchés émergents) suggèrent que cette probabilité reste, pour l'instant, plutôt faible, certainement à un horizon de 3 à 6 mois." AUT/ALO