L'Inde profite d'entrées de capitaux grâce au QE2 américain

01/12/2010 - 17:24 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Le marché indien a été tiré à la hausse par les attentes d'un second assouplissement quantitatif aux Etats-Unis. Il a progressé de plus de 15% (en USD) en septembre, et d'environ 1,5% en octobre. L'impact potentiel de l'assouplissement quantitatif s'est déjà fait sentir sur le marché indien. Résultat, la roupie s'est également fortement appréciée en septembre. A l'avenir, je pense que l'impact devrait être davantage négatif d'un point de vue économique, avec un maintien de l'inflation", notait Sanjiv Duggal, directeur des investissements actions en Inde pour HSBC Global AM. "La banque centrale a récemment annoncé que sa politique de durcissement était passée en mode pause après six relèvements des taux d'intérêt durant cette année", ajoute le gestionnaire. "Nous prévoyons néanmoins un nouveau relèvement des taux d'intérêt, peut-être même à court terme, dans la mesure ou nous avons enregistré une hausse des prix du pétrole et des matières premières suite à l'annonce faite par la banque centrale concernant les taux d'intérêt indien, ce qui constitue un réel problème compte tenu de la pression liée à l'inflation. Si le prix du pétrole atteignait la barre des 100 dollars le baril, ceci aurait un impact négatif sur le déficit des comptes courants et les perspectives fiscales du gouvernement, l'Inde dépendant à 70% d'importations pour ses besoins énergétiques. D'un point de vue économique, un prix élevé du pétrole est donc négatif pour l'Inde." "A l'opposé, le marché boursier enregistrerait une assez forte croissance de ses bénéfices liés aux matières premières, 40 à 45% des profits étant liés aux secteurs des matières premières et de l'énergie. On pourrait alors assister à des révisions à la hausse des bénéfices qui seraient positives pour les sociétés concernées." "Nous venons de participer à une session consultative avec un cabinet international d'expertise comptable, durant laquelle la plupart des implications ont été analysées. La situation reste peu claire à ce jour, l'Inde n'ayant pas encore précisé dans quelle mesure elle adoptera les normes comptables internationales IFRS (International Financial Reporting Standards). Mais selon certaines sources, certains secteurs devraient bénéficier d'exemptions et les banques devraient avoir un délai pour les mettre en oeuvre." "Comme nous les comprenons, ces nouvelles règles comptables pourraient néanmoins générer une plus grande transparence. Nous pourrions aussi, selon toute vraisemblance, assister à une baisse des bénéfices et du taux de rendement des capitaux propres (ROE), ainsi qu'à une hausse possible du ratio prix/valeur comptable. Mais il est trop tôt pour conclure, dans la mesure ou nous manquons encore d'information. Pour clarifier la situation, l'Inde n'adoptera pas les normes IFRS telles quelles, mais une version modifiée de ces normes." "Côté achats, nous avons acheté des actions d'une entreprise fabriquant des fils électriques et des produits associés. L'action a été affectée par une série d'informations négatives, mais les fondamentaux de la société sont solides. La valorisation de l'action restait néanmoins attractive, et nous l'avons ajoutée à notre position. Nous avons aussi ajouté une grande société du secteur indien des médias. L'objectif était en partie de diversifier notre portefeuille discrétionnaire consommation en ne le limitant pas aux valeurs automobiles. De nombreuses mesures d'évaluation que nous observons pour cette société du secteur des médias s'améliorent." "Côté ventes, nous avons liquidé notre position sur une grande entreprise du secteur de la pétrochimie, des fibres et des textiles. L'action a connu un fort rally en octobre. Nous avions une position sous-pondérée mais nous l'avons liquidée. Nous pensons que l'action est surévaluée et non attractive. De plus, nous manquons de visibilité concernant la stratégie de la société, car elle s'est diversifiée dans des secteurs différents." "Nous avons aussi réduit notre position liée à une grande banque d'État, l'action ayant enregistré une forte hausse. Ses indicateurs opérationnels étaient conformes ou supérieurs aux attentes, soutenant les créances irrécouvrables, pires que prévu. Le prix de l'action a atteint un plus haut historique avant l'annonce des résultats et des bénéfices du second trimestre, au début du mois de novembre, avant de se replier de plus de 4% après l'annonce de résultats, inférieurs aux prévisions consensuelles." "Le montant pouvant être engagé par les investisseurs privés pour l'achat d'actions de sociétés introduites en Bourse était plafonné à 100.000 roupies, soit environ 2.000 dollars. Le gouvernement a doublé ce montant, le portant à environ 4.000 dollars, ou 200.000 roupies. Le gouvernement espère que cela augmentera le niveau de participation des investisseurs privés pour les introductions en Bourse. Toutefois, il ne s'agit pas d'un changement politique majeur. Avant ce changement, les investisseurs voulant souscrire à un plus grand nombre d'actions pouvaient le faire via le programme d'allocation investisseurs fortunés de l'introduction en Bourse plutôt que via sa partie investisseurs privés." "Les FCP locaux ont été vendeurs ces 14 derniers mois, pour un total de 6-7 milliards de dollars. Les sociétés d'assurances ont aussi été des vendeurs majeurs durant les deux derniers mois. Par contraste, les flux de capitaux étrangers ont fortement augmenté en septembre et en octobre. A fin septembre, les flux de capitaux institutionnels étrangers vers l'Inde ont atteint environ 20 milliards de dollars." "Une partie de ces flux était due aux attentes d'un assouplissement quantitatif aux USA, et certains fonds ont pris la décision stratégique d'investir en Inde pour saisir le fort potentiel de croissance de long terme. Nous pensons néanmoins que ces flux proviennent essentiellement des Etats-Unis. Concernant nos fonds, nous avons vu des sorties de capitaux, notamment lors des deux derniers mois, quand des flux record d'investissements étrangers ont été constatés." "Je pense que le regard porté sur l'Inde a changé. Nous avons constaté une tendance similaire en 2008, quand les étrangers étaient fortement vendeurs et les investisseurs nationaux fortement acheteurs. Ce contraste est réapparu durant les élections indienne de 2009, les capitaux étrangers entrants ayant atteint plusieurs milliards de dollars lors des quelques journées ayant suivi les élections, alors que les investisseurs locaux étaient vendeurs. L'autre raison de la vente des sociétés d'assurances locales a été le changement de réglementation. La commission payée aux agents d'assurance a été ramenée de 30% à 8%, à dater du 1er septembre 2010, entraînant une hausse des flux avant le changement en août et une baisse très marquée pour les produits d'assurance." "L'autre facteur est que le secteur des assurances est dominé par une grande société appartenant au gouvernement. Le gouvernement a un réservoir d'introductions en Bourse important et espère vendre entre 2 et 4 milliards de dollars de titres d'actifs d'État chaque mois entre octobre et mars l'année prochaine. Si la demande est moins forte que prévu pour certaines de ces émissions, la grande société d'assurance a les liquidités pour racheter les titres." AUT/ALO