US : la correction des taux à 10 ans devrait être limitée dans le temps

02/12/2010 - 17:02 - Option Finance

(AOF / Funds) - "La thématique de l'inflation et de ses développements futurs s'articulait jusqu'à présent autour de deux scénarios opposés : la dérive du monde développé vers un schéma déflationniste de type japonais, ou la potentielle bombe inflationniste que constituera l'hyperexpansion du bilan des banques centrales lorsque les multiplicateurs de monnaie et autre vélocité de l'argent se rétabliront", remarque Pictet & Cie dans sa lettre obligataire de décembre. "Mais la tendance de ces dernières semaines a déplacé les craintes inflationnistes des impacts d'une monétisation outrancière au sein des pays développés vers les effets plus immédiats d'une poussée des prix au sein des pays émergents." "Ainsi, alors que l'inflation sous-jacente américaine continuait de s'effriter à 0,6% pour le mois d'octobre (établissant un nouveau plus bas historique depuis le lancement de cette série en 1958), l'inflation chinoise s'accélérait à 4,4%, reflétant principalement les hausses déjà constatées des prix agro-alimentaires. Si l'inflation sous-jacente chinoise demeure quant à elle contenue à 1,6%, il est néanmoins important de noter que la composante agroalimentaire représente en moyenne 30% du panier de l'inflation pour les pays émergents, contre seulement la moitié pour les pays développés." "De nombreuses mesures visant à se prémunir d'une surchauffe économique (notamment dans le secteur du crédit) et à contenir les anticipations d'inflation ont ainsi été mises en oeuvre par les autorités chinoises, allant du contrôle des prix à l'augmentation du taux de réserve obligatoire (porté à 18%, soit la quatrième hausse de 0,50% en 2010), en passant par le relèvement d'une palette de taux. Dans le même temps, une extension de l'assouplissement quantitatif américain, dont le but affirmé était de rehausser les anticipations d'inflation, était décidée." "L'extension de l'assouplissement quantitatif aux Etats-Unis se traduit par une expansion programmée du bilan de la Fed, de 2,3 à 2,9 trillions de dollars à l'horizon mi-2011, réalisée uniquement par achat d'emprunts d'Etat. Au nouveau programme d'achat de 600 milliards de dollars s'ajoute le montant de 250 à 300 milliards issu du réinvestissement des tombées en titres hypothécaires et d'agences déjà détenus, soit un rythme d'achat mensuel de l'ordre de 110 milliards jusqu'à fin juin 2011, correspondant presque exactement au volume mensuel d'émission nette du Trésor américain." "A ce terme et à ce rythme, la Fed détiendra alors près de 20% de la dette d'Etat américaine en circulation. Mais ce programme et son rythme peuvent être revus à chaque réunion du FOMC si des améliorations sensibles sont constatées sur les fronts de l'inflation ou de l'emploi. La correction des taux d'intérêt, enregistrée dès la mi-novembre, traduit par ailleurs les anticipations d'un arrêt rapide de ce programme, remettant de facto en cause sa légitimité initiale." "Ainsi, dans ce mouvement, les points morts d'inflation n'ont fait que peu de concession, alors que les taux réels se tendaient violemment, passant de 0,30% à 0,85% pour la maturité à 10 ans. Cette correction devrait être limitée dans le temps, car si la Fed peut infléchir l'assouplissement quantitatif en cours, ce ne peut être qu'à la lecture d'améliorations significatives qui mettront au minimum 3 à 4 mois à se dessiner." AUT/ALO