CamGestion privilégie les valeurs de croissance européennes

02/12/2010 - 18:00 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Regain d'optimisme. Tel était notre message du mois dernier. Il est vrai que les marchés ont été dopés à la fois par les mesures de quantitative easing (QE2) annoncées par la réserve Fédérale, des publications micro économiques globalement supérieures aux attentes, et des statistiques américaines plus favorables à la croissance. La réaction au QE2 ne s'est pas fait attendre. La réprobation a été, pour la première fois, quasi générale, à l'image des protestations de la Chine, du Brésil, de la Corée et de bon nombre de pays émergents", juge Philippe Forni, directeur général de CamGestion. "En effet, L'attention des marchés s'est focalisée sur les grands déséquilibres, à commencer par les changes. Chacun a conscience de l'immensité de la tâche pour réformer un ordre monétaire datant de 1945 mais pour autant, chacun protège le plus longtemps possible ses intérêts nationaux. Dans ce contexte, le G20 ne pouvait que décevoir." "Mais sur novembre, le marché est déjà passé à autre chose. Il est vrai que la parité euro-dollar a reflué vers 1,31. Au moins une bonne nouvelle pour les exportateurs de la zone. La cause ? Un nouveau coup de boutoir sur la dette souveraine européenne. Après la Grèce, l'Irlande, sa croissance passée basée sur le dumping social et fiscal, l'état de décomposition avancée de son secteur bancaire." "Sauver l'Irlande est devenu le leitmotiv des capitales européennes. Eviter, vaille que vaille, les risques de contagion au Portugal et à l'Espagne et qui sait, demain à d'autres grands pays. Mais comment concilier ce souhait alors même que l'argent manque chez les principaux partenaires ? La volonté de sauver ce petit pays est-elle partout présente dans l'Union ? La volonté se trouve être davantage une évidence du risque encouru à ne pas le faire. Alors certains y vont... mais à reculons." "L'Allemagne et son électorat rejouent le rôle dispendieux à leurs yeux, de pompier de l'Europe et le grand écart du discours devient patent pour la chancelière Merkel. Ses commentaires ne font qu'attiser la crainte des marchés. Ils provoquent la défiance et la hausse des taux long terme de ces pays, et auto-réalisent le pire scénario, les plaçant ainsi dans une situation inextricable de crise financière aiguë qui rejaillit dangereusement sur la dette financière." "Les Européens sont dès lors dans la nécessité de trouver des solutions. Ils ripostent par l'annonce d'un plan de 85 milliards d'aide à l'Irlande (dont 35 milliards pour ses banques) cofinancé par l'Europe et le FMI. Ils anticipent sur la demande suivante des marchés : l'après 2013, échéance pour laquelle les émissions souveraines sont garanties par le mécanisme du Fonds de stabilisation européen. Ils posent ainsi, mais trop tardivement, les briques des mécanismes de prévention des crises futures." "Surtout, ils prévoient sur les nouvelles émissions, des clauses qui permettront, le cas échéant, de faire payer une partie du défaut de remboursement par une restructuration de la dette qui affectera les créanciers privés. Cette mesure induit la nécessaire reconstitution d'une prime de risque pour les investisseurs et donc d'une évolution à la hausse de certains taux souverains long terme. A l'heure où nous écrivons, les marchés sont loin d'être convaincus par le plan de sauvetage annoncé. L'Europe gagnerait beaucoup à s'extraire de ces situations d'urgence ponctuelles et à faire avancer sa construction en dehors de la pression des crises et des marchés." "Le mois de décembre permettra peut-être aux marchés de revenir à davantage de considérations sur la croissance macro économique. Les nouvelles sont également partagées sur ce front. Coté USA, nous avons la confirmation d'une croissance faible mais positive avec toujours les mêmes difficultés sur l'immobilier, et un chômage structurel important. La situation de cohabitation politique devrait de plus, sensiblement ralentir le processus de décision du pays." "Coté européen, la disparité est la règle entre des pays du nord de l'Europe plutôt mieux orientés et des pays du sud en grande difficulté. Cela devrait encore inciter la BCE à rester très accommodante même si le discours change graduellement." "L'inquiétude est également venue d'Asie. La Chine tente de juguler davantage une croissance trop soutenue dans certains pans de son économie et prend des mesures de restrictions monétaires pour lutter contre l'inflation. Il est vrai qu'en octobre, la Banque Populaire de Chine a reçu 59 milliards d'euros de flux de change positif, soit plus du double des deux mois précédents. Ces données justifient les décisions récentes. Néanmoins, ces annonces ne lassent pas d'inquiéter des investisseurs qui voient dans la Chine, le fer de lance de la croissance mondiale. Tout ralentissement de ce pays est vécu comme un risque supplémentaire pour le reste du monde." "Cette inquiétude a été encore renforcée ce mois-ci, par les bruits de bottes inquiétants entre les deux Corée. Que faire sur les marchés dans ce contexte particulièrement volatil ? Nous ne varions pas sur notre recommandation précédente et continuons de préférer la combinaison géographique Europe et pays émergents. Elle nous semble être un bon compromis entre risque et performance." "Sur les marchés européens, nous privilégions les valeurs de croissance, déjà en forte performance, qui s'avèrent plus lisibles dans leur stratégie et leurs résultats et ce quelques soient les tailles de capitalisation. Compte tenu de la tourmente, nous restons cependant plus prudents que le mois écoulé, sur les titres obligataires italiens. Compte tenu de l'ampleur des fluctuations de change et des classes d'actif, il nous semble toujours que les gestions flexibles prudentes demeurent le meilleur vecteur d'investissement pour les clientèles qui souhaitent limiter la prise de risque." AUT/ALO