L'austérité en Europe devient un facteur négatif pour l'or (Natixis)

09/12/2010 - 10:26 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Comme nous le craignions l'année dernière, la crise qui a d'abord touché la Grèce puis l'Irlande a contribué à la hausse des cours de l'or, et particulièrement des cours de l'or en euro. En 2011, il existe un risque que la contagion gagne d'autres pays tels que le Portugal, l'Espagne, voire même la Belgique. La menace d'un défaut ou d'une restructuration de la dette souveraine est évidemment positive pour le cours de l'or. Corrélativement, l'austérité budgétaire et la réduction de la dette sont clairement négatives", note Natixis. "Pour cette raison, compte tenu des très sévères mesures d'austérité budgétaires décidées par la Grèce et l'Irlande, et de la réduction des dépenses publiques entreprise dans tous les autres pays européens, la situation de l'Europe devient progressivement un facteur négatif pour les cours de l'or après avoir tiré les cours à la hausse. A l'évidence, beaucoup reste à accomplir, mais si l'Europe parvenait à résoudre ses problèmes budgétaires, la demande d'or des investisseurs en quête de valeur refuge s'en trouverait fortement réduite." "La question de l'influence de l'inflation, ou plutôt de la déflation, sur le cours de l'or est extrêmement complexe, compte tenu des déséquilibres considérables de l'économie mondiale. En théorie, un pays souffrant d'une forte inflation devrait enregistrer une hausse du prix de l'or libellé dans sa devise domestique, correspondant au maintien de la parité de pouvoir d'achat, compte tenu de la dépréciation de cette devise vis-à-vis du dollar." "Dans le contexte actuel, cette théorie est invalidée, parce que les pays qui connaissent une forte inflation sont ceux-là mêmes dont la devise était initialement fortement sous-évaluée par rapport au dollar. Réticents à laisser leur devise s'apprécier par rapport au dollar, ces pays sont actuellement pris dans de fortes contradictions macro-économiques. Ils ne peuvent procéder à un resserrement monétaire sans accroître le déséquilibre de leur devise nationale, d'autant plus que la Fed poursuit une politique de détente quantitative, et qu'ils se trouvent donc obligés de recourir à des mesures de contrôle administratif des prix et du crédit pour tenter de lutter contre la surchauffe et de maîtriser l'inflation des actifs sur leur marché domestique." "Du point de vue des États-Unis, où la banque centrale tente activement de dévaluer le dollar en vue de stimuler la croissance et éviter la déflation, les cours de l'or bénéficient du niveau extrêmement bas des taux d'intérêt à court terme et à long terme. Dans une situation normale, les investisseurs préoccupés de l'inflation aux États-Unis observeraient une hausse des cours à terme de l'or pour les échéances les plus éloignées, résultant d'une hausse des cours spot et des taux d'intérêt. Au bout d'un certain temps, alors que la hausse des taux d'intérêt semble apparaître sur la courbe, l'impact du relèvement des taux d'intérêts excèdera la hausse des cours spot et les cours à terme commenceront à baisser avec le resserrement de la politique monétaire, ce qui accélère la baisse des cours spot." "Mais la situation actuelle est tout à fait inhabituelle. En premier lieu, les cours sont très éloignés du coût de production de l'or, il n'est donc plus raisonnable de supposer que les cours de l'or vont nécessairement progresser avec l'inflation, sachant que la production d'or est très rentable, malgré la hausse des salaires et du prix de l'énergie. En second lieu, la politique de détente quantitative ayant pour effet de maintenir les taux d'intérêts à un niveau très bas, les craintes des investisseurs quant à l'inflation ont pour seul effet de tirer les cours à terme à la hausse via la forte augmentation des cours spot. C'est pourquoi les cours à 10 ans approchent désormais les plus hauts touchés en 1979 et 1980." "L'intérêt des investisseurs, qu'ils soient américains ou originaires d'autres régions du globe, a tiré les cours de l'or aux niveaux record récemment atteints. Aux Etats-Unis, les investisseurs, dont certains recourent à l'effet de levier détiennent déjà de fortes quantités de métal. En Chine, où les taux d'intérêts à long terme sont négatifs et où le taux de croissance est de 9 à 10% environ, les mesures énergiques prises par les autorités visent à faire baisser les marchés actions et le marché immobilier, les investisseurs qui disposent de liquidités considèrent de plus en plus les métaux précieux comme une alternative. Compte tenu de notre analyse ci-dessus, un tel choix apparaît assez irrationnel, à moins que ces investisseurs n'anticipent que la forte inflation que connaît la Chine ne se traduise par une dépréciation du yuan par rapport au dollar." "Compte tenu des contraintes qui pèsent sur ces investisseurs, et sachant que la conjonction des politiques menées par les autorités américaines et chinoises résultera nécessairement par la formation d'un bulle spéculative, l'investissement en or est somme toute très logique. C'est dans ce contexte que le fonds Lion, qui devrait investir 500 millions de dollars sur les fonds ETF internationaux adossés sur l'or, a été lancé en Chine cette semaine." "Nous pensons que le marché de l'or présente les symptômes évidents d'une bulle spéculative. Du point de vue des investisseurs chinois, le placement est irrationnel sur le plan théorique. Du point de vue des investisseurs américains, le pari n'est soutenable que tant que la politique de détente quantitative maintient les taux d'intérêt long terme à un niveau très bas. Du point de vue des investisseurs européens, l'or n'est une valeur refuge que tant que le risque de défaut sur la dette souveraine n'est pas jugulé par la baisse des dépenses publiques." "L'un quelconque des facteurs motivant l'intérêt de ces investisseurs peut suffire à prolonger un peu la hausse, mais dès que la bulle aura éclaté les cours de l'or pourraient brutalement chuter, comme ils l'ont fait avant 1980, et comme les cours de marchés actions chinois avaient plongé en 2008. Il faut également garder à l'esprit les fondamentaux de l'offre. En raison de la hausse des prix ces dernières années, les investissements effectués sur de nouveaux sites ont permis une hausse de la production minière, d'environ 5% en GA. Par ailleurs, les sociétés minières ont racheté la totalité de leurs couvertures à terme, ce qui a représenté un flux d'achat de 250 tonnes d'or après 2009." AUT/ALO