La Côte d'Ivoire est une démocratie jeune mais instable (Amundi)

09/12/2010 - 12:03 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Alors qu'aucun incident majeur n'a perturbé le premier tour des élections présidentielles en Côte d'Ivoire (le 31 octobre), le second tour (le 28 novembre) opposant l'actuel président Laurent Gbagbo et le leader de l'opposition Alassane Ouattara ne s'est pas déroulé sans heurts. Les deux camps s'accusent mutuellement de fraudes diverses et d'intimidation sur les électeurs, mais la plupart des observateurs internationaux ont confirmé que le second tour s'était déroulé démocratiquement et qu'aucune des irrégularités signalées ne permettait de remettre en cause le résultat des élections." "Selon la loi électorale en Côte d'Ivoire, la Commission électorale indépendante (CEI) avait jusqu'au mercredi 1er décembre minuit pour annoncer le résultat du scrutin de dimanche. Elle avait prévu de dévoiler des résultats provisoires dès mardi, mais ses projets ont été contrariés par les partisans du Président Gbagbo, et notamment par le fameux incident au cours duquel les résultats préliminaires ont été arrachés des mains du porteparole de la CEI sous l'oeil des caméras juste avant le début de la conférence de presse." "Après cet échec, la CEI a pu annoncer les résultats jeudi 2 (soit un jour après le délai prévu par la Constitution). Le président de la CEI a déclaré Alassane Ouattara vainqueur avec 54,1% des votes contre 45,9% pour le président sortant Laurent Gbagbo. Cependant, les résultats doivent encore être approuvés par le Conseil constitutionnel (présidé par un allié de Laurent Gbagbo). Bien que cet organe dispose de sept jours pour se prononcer sur les résultats, il ne lui a fallu que 30 minutes pour contester leur validité." "Pour Paul Yao N'Dre, président du Conseil constitutionnel, la commission n'est pas habilitée à annoncer les résultats. Il estime en effet que la CEI n'était plus en droit d'annoncer les résultats de l'élection car le délai légal avait expiré. Le lendemain, le Conseil constitutionnel a décidé d'invalider les scrutins de sept districts (tous des bastions d'Alassane Ouattara) sur 19 et a proclamé Laurent Gbagbo vainqueur." "Cependant, la majorité des observateurs internationaux s'accordent à dire qu'Alassane Ouattara a remporté le second tour. Les Nations unies, l'Union africaine, les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Allemagne et la France considèrent également que la victoire revient à Alassane Ouattara et ont commencé à faire pression sur Laurent Gbagbo pour qu'il respecte les résultats du scrutin et se retire. Si le président sortant peut vraisemblablement résister aux pressions internationales, il ne sera pas aussi simple de faire face à la contestation populaire." "Laurent Gbagbo bénéficie actuellement du soutien de l'armée et de la police, mais certains pourraient changer leur fusil d'épaule si la situation empire et que les actes de violence isolés dégénèrent en guerre civile. Les deux candidats, revendiquant chacun la victoire, ont prononcé le serment d'investiture et commencé à constituer des gouvernements parallèles. Alassane Ouattara a reconduit Guillaume Soro dans sa fonction de Premier Ministre, et ce dernier travaille à la formation de son cabinet." "Cette volonté de continuité ne suffira pas à apaiser les partisans d'un gouvernement d'unité auquel Alassane Ouattara disait rester ouvert en début de semaine. N'oublions pas que Guillaume Soro était le leader du mouvement Nouvelles Forces (anciens rebelles du nord du pays) dont les troupes n'ont pas encore été totalement désarmées. Laurent Gbagbo a prêté serment devant le Conseil constitutionnel samedi dernier, et a nommé le Professeur Gilbert Marie N'gbo Ake (économiste) Premier Ministre. Le Président Gbagbo essaie clairement de s'accrocher au pouvoir aussi longtemps que possible au risque d'entraîner davantage d'instabilité à court terme." "Même si la communauté internationale reconnaît rapidement la victoire d'Alassane Ouattara, il lui faudrait du temps et des efforts pour obtenir la crédibilité nécessaire pour pouvoir gouverner le pays. Aujourd'hui, les rues ont retrouvé leur calme, mais dix-sept personnes ont trouvé la mort dans les violences liées aux élections depuis la semaine dernière." AUT/ALO