Les pressions vont demeurer du côté de la déflation (Groupama AM)

14/12/2010 - 10:56 - Option Finance

(AOF / Funds) - "N'oublions pas que nous ne sortons pas d'une récession traditionnelle, à savoir cyclique et conjoncturelle, mais bien d'une récession déclenchée par un problème structurel de surendettement qui s'accompagne de freins durables à la croissance. Telle était notre introduction il y a un an et telle pourrait être notre introduction aujourd'hui. En effet, après trois décennies d'accumulation de dettes dans les grands pays développés, cette montagne de créances continue à hypothéquer sérieusement les perspectives de croissance", note Groupama AM. "Notre scénario pour 2011 intègre bien sûr le potentiel de croissance mondial significatif inhérent à la dynamique des pays émergents et à celle qui se présente au travers de la poursuite des investissements dans le développement durable. Mais il intègre tout aussi spontanément d'autres faits avérés." "Le potentiel de baisse des taux courts est épuisé depuis plus d'un an. Les taux longs présentent une menace à la hausse au travers de la prime de risque dans les pays développés, de l'inflation dans les pays émergents. La marge de manoeuvre sur les déficits budgétaires est épuisée et tend même à se réduire. Enfin, la coopération internationale jusqu'ici préservée est aujourd'hui menacée par une instabilité croissante du marché des changes." "Austérité et moindre coopération sont donc au rendez vous de 2011 et limitent d'autant la croissance escomptée. La longue et pénible gestion du désendettement, mission conjointe des gouvernements et banques centrales voit une fois encore le relais plutôt changer de mains. Après une année 2008 marquée par la gestion politique de la crise, une année 2009 qui a vu les grandes banques centrales s'illustrer par la ZIRP (zero interest rate policy), une année 2010 dominée par l'utilisation, jusqu'à épuisement parfois des munitions budgétaire, l'année 2011 s'annonce une nouvelle fois plus que jamais entre les mains des banquiers centraux y compris sur le terrain du change." "Enfin, l'année à venir risque de voir naître des situations inédites et très différenciées car les leviers habituels, notamment budgétaires et monétaires, ne produiront pas ou plus les effets escomptés, le facteur prime de risque tendant à supplanter tous les fondamentaux (croissance et inflation) qui prévalent habituellement dans la fixation des prix d'équilibre. Cela doit nous faire admettre une plus grande volatilité des prix et un caractère plus imprévisible de certaines réactions des acteurs." "Les paramètres clefs que sont les dynamiques démographiques, les gains de productivité et la charge de la dette, creuseront encore les écarts entre les dynamiques de certains et l'enlisement des autres. De la même manière la capacité a prendre le train en marche de l'innovation, notamment au travers du développement durable conditionnera la force et la longévité du rebond de l'investissement. En toile de fond, c'est bien une convergence de la croissance vers son potentiel de long terme qui est à l'oeuvre, mais ce potentiel trop souvent surestimé constitue plus un plafond qu'un objectif pour les pays lourdement endettés." "Le point de départ quantitatif des différentes zones est notablement différent avec une croissance mondiale espérée à 4,5% alors que les Etats-Unis voient leur potentiel limité à 2,5% et l'Europe à 1,6%. Ce potentiel s'appuie avant tout sur la dynamique de consommation, qu'elle soit forte en Chine, significative aux Etats-Unis (+2%) ou modeste en Europe. La réalité de la croissance européenne 2011 sera de notre point de vue malheureusement inférieure pour deux raisons majeures. D'une part les plans d'austérité actés par nombre de pays, européens en particulier, constitueront une ponction sur cette croissance. Ponction d'autant plus forte que nous anticipons un multiplicateur fiscal élevé, proche de 1 compte tenu de la concomitance préjudiciable de ces plans et de l'absence de dévaluation pour atténuer leurs effets. C'est même plutôt une poursuite de la baisse tendancielle du dollar que nous anticipons." "D'autre part le désordre monétaire à l'oeuvre associé à l'explosion des primes de risques exigées traduisent une moindre coopération internationale et sera aussi préjudiciable à la croissance dans son ensemble. En affichage, la croissance américaine sera par ailleurs pénalisée par la composante stock escomptée en repli (-0,6% d'impact). In fine, ce contexte va malheureusement entretenir un chômage de masse en Occident, stabilisé sur de très hauts niveaux." "Pays par pays, pour les raisons mentionnées précédemment, les disparités demeureront importantes. La dynamique exportatrice de pays comme l'Allemagne se combine avec un accès au financement dans des conditions avantageuses, leurs taux réels étant faibles voire nuls. En revanche, les pays au stock de dettes le plus élevé continueront à payer un lourd tribu aux errements passés au travers d'une prime de risque explosive, il en découle des taux réels bien trop élevés qui pénalisent leur croissance." "Du côté de l'inflation, les pressions demeureront fondamentalement déflationnistes même si la multiplication des hausses de TVA nationales dynamiseront les chiffres publiés. Les excès de capacité demeurent, le chômage reste élevé et même les matières premières ne devraient contribuer que modestement (+0,5%) aux poussées inflationnistes du fait d'une part, d'une croissance mondiale contenue et d'autre part d'une vigilance accrue des banques centrales des pays émergents sur l'inflation agricole et énergétique qui constitue une composante importante de leur inflation globale." "Cette inflation rampante des matières premières, agricoles en particulier, préoccupe les banques centrales émergentes, Chine en tête, pour qui cette composante représente une part très élevée de l'inflation globale. Pour satisfaire son objectif d'inflation contenue sans pratiquer des taux exorbitants, la Chine pourrait choisir de réévaluer plus significativement sa devise en 2011." AUT/ALO