Les rendements obligataires resteront faibles dans les pays core européens

17/12/2010 - 12:07 - Option Finance

(AOF / Funds) - "En novembre, un second épisode de la crise de l'euro est venu peser sur les solides performances des principales économies et des marchés financiers. Apparemment, une fois que les investisseurs ont senti l'animal blessé, ils veulent l'achever. Comme nous l'avons observé durant la crise bancaire, les investisseurs ont le pouvoir de créer leur propre vérité aussi longtemps qu'ils ne sont pas contrés par une force tout simplement trop grande pour que l'on puisse spéculer contre celle-ci. Les banques ont finalement été sauvées par les gouvernements",juge Ad Van Tiggelen, d'ING IM. "Cette fois, ce sont les gouvernements qui doivent être secourus. Comment ceci affectera-t-il les perspectives pour les marchés financiers en 2011? La bonne nouvelle est que la crise de l'euro est surtout confinée à l'Europe, alors que les marchés émergents se portent bien et que l'économie américaine recommence à afficher des signes de vie." "La mauvaise nouvelle est qu'au sein de la zone euro, la contagion ne se limite plus à la Grèce, à l'Irlande et au Portugal. L'Espagne est clairement visée, tandis que l'Italie et la Belgique sont souvent qualifiées de vulnérables. Les montants concernés sont énormes. Les institutions allemandes ont une exposition à la Grèce, à l'Irlande, au Portugal et à l'Espagne de près de 700 milliards d'euros ! Les institutions françaises ont, quant à elles, une exposition de plus de 500 milliards." "En 2011, une quantité inhabituellement élevée d'obligations d'Etat en euros devra, par ailleurs, être refinancée, à savoir environ 1.200 milliards, soit bien plus qu'en 2012 ou 2013. Il semble inévitable que les marchés continuent à tester la ferme détermination des autorités européennes. La discussion relative au financement des sauvetages futurs est en cours, mais il est de plus en plus probable que la BCE devra jouer un rôle décisif en augmentant la quantité de papier d'État qu'elle souhaite racheter. Cette dernière devra peut-être se résoudre à acheter d'énormes montants de façon non stérilisée, en activant la presse à billets comme le fait la banque centrale américaine." "L'Allemagne s'opposera à une telle opération, mais si la situation se détériore trop largement, rien ne peut être exclu. Une telle stratégie aurait un avantage dans la mesure où elle maintiendrait l'euro à un faible niveau, ce qui est positif pour les exportations allemandes. Quelles sont les implications pour les marchés financiers? Une chose est certaine : la crise de l'euro restera probablement un facteur de risque très important pour l'économie mondiale, dont la croissance procure pour l'instant davantage de surprises à la hausse que de surprises à la baisse." "Pour les marchés obligataires de la zone euro, les effets sont difficiles à prévoir. Ces derniers temps, les rendements obligataires ont été orientés à la hausse, même dans les pays du noyau dur. Cette tendance ne reflète pas une hausse de l'inflation ou une diminution du risque d'un retour en récession. Une crise de l'euro accroît, au contraire, le risque d'un double creux. La hausse des taux dans les pays du noyau dur reflète davantage la croissance dépassant les attentes en Allemagne (et au niveau mondial) et une diminution des craintes déflationnistes. Elle pourrait également refléter une certaine incertitude en ce qui concerne la politique future de la BCE. Nous restons cependant d'avis que l'inflation et les rendements obligataires resteront faibles pendant une période prolongée dans les pays du noyau dur." "Qu'en est-il pour les marchés d'actions? Les bilans des entreprises sont sains, la rentabilité est proche de ses sommets historiques et les valorisations se situent de façon générale en dessous de leur moyenne à long terme. Le contexte n'est donc pas mauvais du tout ! Nous continuons dès lors à croire que les marchés d'actions mondiaux pourraient progresser de près de 10% en 2011, soit dans des proportions plus ou moins similaires à la croissance bénéficiaire attendue. Néanmoins, la perspective d'une poursuite de la crise de l'euro et les signes de surchauffe dans certaines économies émergentes seront à l'origine d'une volatilité élevée et de fluctuations qui seront peut-être encore plus importantes qu'en 2010. Dans ce contexte, il pourrait s'avérer judicieux de conserver une part suffisante de liquidités afin d'être en mesure de mener une stratégie d'achat sur faiblesse." AUT/ALO