(AOF / Funds) - "Récemment, l'Inde a connu un certain nombre de scandales liés à la corruption, mais au-delà de ces scandales, ce sont les réactions du gouvernement et de la population qui importent. En effet, on a vu apparaître un vrai désir de la part du gouvernement et des Indiens de sortir du copinage et de la mauvaise gouvernance qui jusque là caractérisaient les affaires en Inde", écrit Avinash Vazinari, gérant du fonds Jupiter India Select chez Jupiter AM. "La population a désormais davantage confiance en la justice, les tribunaux assurent mieux leur rôle et n'hésitent plus à exiger du gouvernement ou d'autres autorités des réponses directes. Tous ces changements devraient s'avérer bénéfiques pour les investisseurs en Inde (tant du point de vue de la conjoncture que des sociétés indiennes)." "Le scandale le plus important est celui concernant l'ancien ministre des Télécommunications, soupçonné d'avoir distribué des licences de téléphonie mobile à ses proches à des prix réduits. Cela aurait coûté au contribuable autour de 35 milliards de dollars. Cette affaire a contraint le ministre à démissionner et de nombreux fonctionnaires impliqués vont probablement perdre leurs emplois. Le gouvernement est en train de passer en revue les 85 licences douteuses qui ont été émises. Cette situation pourrait favoriser l'acquisition des opérateurs téléphoniques affaiblis par le scandale par leurs concurrents plus importants, une situation entre autres positive pour Vodafone et Bharti Airtel, dont le prix de l'action en Bourse s'est accru." "D'autres scandales impliquent le président d'une société financière qui aurait reçu des pots-de-vin pour sanctionner des prêts, ainsi que le chef de l'Etat du Maharastra qui aurait permis à des proches de bénéficier de logements sociaux dans le centre de Mumbai (Bombay). Ces deux personnalités ont été remplacées par des personnes ayant une excellente réputation. Cela montre bien que la nouvelle génération de politiciens souhaite promouvoir et mettre en place des actions plus transparentes et se comporter de manière honnête et droite." "Ce changement de mentalité a été clairement illustré dans l'Etat du Bihar, qui était auparavant l'une des régions les plus pauvres et posant le plus de difficultés à l'Inde en matière de corruption. Depuis son arrivée il y a cinq ans, le chef de cet Etat a mis en place d'importantes actions afin d'éradiquer ce fléau. Les résultats de sa politique ont permis au Bihar d'atteindre l'un des taux de croissance les plus élevés du pays et au chef de cet Etat d'être réélu avec une majorité de 80% à l'Assemblée, ce qui n'était pas arrivé depuis au moins trente ans ! Selon nous, c'est un signe clair de la volonté de l'homme de la rue de vivre dans une société débarrassée de toute corruption." "[-73]· notre avis, il est probable que l'actuel Premier ministre Manmohan Singh démissionne dans les 18 prochains mois et que Rahul Gandhi lui succède. Avec ce changement de poste, on verra sans doute des ministres plus jeunes, qualifiés, et qui seront moins enclins à imiter les ruses et autres manigances de leurs prédécesseurs. Encore une fois, tout porte à croire que l'Inde est sur la bonne voie en matière de gouvernance." "Même si nous restons confiants sur la situation en Inde de manière générale, l'impasse parlementaire suite au scandale des Télécommunications, évoqué plus haut, nous préoccupe quelque peu à court terme. Le parti d'opposition boycotte le Parlement et demande à ce qu'une commission Parlementaire soit mise en place pour étudier ce dossier. Si cela arrivait, il est probable que le parti dirigeant soit discrédité suite à la diffusion d'autres documents liés au scandale. En attendant, le gouvernement actuel tient ses engagements et une enquête indépendante est menée sous la direction de la Cour Suprême." "Bien que le gouvernement en place soit toujours suffisamment opérationnel pour faire passer les projets de loi en attente de ratification, si cette situation perdure, elle deviendra problématique et pourrait même précipiter une élection anticipée. Ce qui pourrait avoir un impact à court terme sur les marchés." "Dans le passé, les affaires politiques n'ont jamais vraiment affecté le monde des affaires de manière durable et le nettoyage du système qui est en cours sera certainement bénéfique pour le pays et pour l'économie à long terme. Historiquement, les corrections du marché causées par des scandales politiques ont presque toujours été de bonnes opportunités d'achat pour les gérants", rappelle le gestionnaire. AUT/ALO