2011 : année volatile mais favorable aux marché mondiaux (Schroders)

23/12/2010 - 15:43 - Option Finance

(AOF / Funds) - "2010 s'est révélée être une année de transition, les pays développés sortant progressivement du gouffre et commençant à s'adapter à la nouvelle donne mondiale. Celle-ci se caractérise par un monde dans lequel les pays occidentaux poursuivent leur désendettement et s'attachent à rétablir progressivement la discipline budgétaire dans un contexte de chômage élevé et de croissance molle", écrit Virginie Maisonneuve, responsable de la gestion actions internationales de Schroders. "Cette nouvelle normalité se caractérise également par un monde bipolaire dans lequel les marchés émergents continuent de jouer un rôle de plus en plus important dans l'économie internationale, soutenus par les tendances démographiques mondiales. Les valorisations sont attrayantes et les entreprises sont en bonne santé." "En dépit de difficultés importantes, plusieurs éléments positifs génèrent toutefois un environnement favorable pour les marchés mondiaux à l'approche d'une année qui s'annonce volatile. Plusieurs facteurs soutiendront les actions internationales au cours des 12 à 18 prochains mois. Premièrement, les valorisations des entreprises sont attrayantes. Concernant les actions internationales, nous attendons une hausse des bénéfices de l'ordre de 16% minimum au cours des douze prochains mois et un PER à 12 mois de seulement 13 fois les bénéfices." "Deuxièmement, la combinaison de taux d'intérêt bas et d'une liquidité élevée plaide largement en faveur d'un renforcement de l'exposition aux actions. En effet, si l'on prend plusieurs catégories d'actifs en considération, on s'aperçoit que les investisseurs globalement sous-pondèrent actuellement les actions et sont fortement exposés aux obligations par rapport à la tendance historique. Nous pensons par conséquent qu'un renforcement de l'allocation action est probable." "Troisièmement, les entreprises sont globalement en bonne santé. Celles qui ont survécu à la crise ont fait une cure d'amaigrissement grâce à leurs mesures de réduction des coûts. Bon nombre se sont séparées de dirigeants trop enclins au risque pour adopter une approche davantage prudente. Dans l'ensemble, avec des ratios bénéfice/PIB élevés et investissement/PIB faibles, les entreprises sont prêtes à profiter d'un nouveau cycle de croissance." "Cette croissance sera financée désormais de manière différente en raison des réticences des banques des marchés développés à prêter dans un contexte réglementaire en pleine évolution : les entreprises bénéficiant de les flux de trésorerie importants seront avantagées. L'économie mondiale reste fragile Nous devons cependant admettre que l'économie mondiale reste fragile. Les pays développés poursuivent leur désendettement et, en raison des taux d'intérêt bas et de la nécessaire discipline budgétaire, les possibilités de politiques de relance sont limitées." "Les facteurs de risque en 2011 comprennent la résolution des problèmes structurels de l'Europe périphérique et le règlement des excès passés du processus d'intégration de l'Union européenne. En ce moment même, l'Irlande s'attèle à un ajustement douloureux et d'autres pays pourraient suivre en 2011. Il est également beaucoup question d'une possible guerre des devises étant donné l'impact des nouvelles mesures d'assouplissement quantitatif (QE2) sur le dollar américain. Manifestement, les Etats-Unis peuvent utiliser leur devise comme une arme, mais il est difficile de savoir qui est réellement en mesure de déclencher les hostilités." "Le Japon a une faible marge de manoeuvre en raison de son manque de flexibilité budgétaire et de ses taux d'intérêt proches de zéro. Quant à l'Europe, elle ne peut avoir avoir recours à l'assouplissement quantitatif pour affaiblir sa monnaie. De fait, les problèmes de l'Europe périphérique risquent de peser lourdement sur l'euro tant que les problèmes structurels de la zone ne seront pas réglés." "Le possible impact des nouvelles mesures d'assouplissement quantitatif sur les marchés émergents sera un facteur de risque supplémentaire en 2011. Ces pays se portent bien depuis la crise financière par rapport aux marchés développés. Leurs économies sont solides et soutenues par de puissantes tendances structurelles. Depuis quelque temps toutefois, des pressions inflationnistes apparaissent." "Notons cependant que l'inflation chinoise pourrait être structurelle, car sa réussite économique a considérablement augmenté le revenu par habitant, ce qui a en retour favorisé l'évolution des habitudes alimentaires (consommation plus importante de viande et de légumes, par exemple). Les prix alimentaires sont donc sous pression alors que la proportion de terres cultivables n'augmente pas en raison de l'urbanisation constante et du changement climatique. Cette inflation alimentaire structurelle est toutefois compensée par d'autres baisses des prix. Ce n'est donc pas encore le moment de craindre une inflation globale excessive. Cependant, elle continuera de préoccuper les autorités chinoises." "L'association de taux d'intérêt réels négatifs et de l'afflux de capitaux étrangers en Chine a conduit le pays à prendre une série de décisions rapides concernant les taux d'intérêt et la hausse des réserves obligatoires des banques. La menace potentielle pour l'économie mondiale réside dans la crainte que la Chine, qui a joué un rôle déterminant dans le sauvetage de l'économie mondiale durant la phase critique de la crise, ne procède à un resserrement excessif susceptible de faire dérailler la reprise." "L'autre élément qu'il conviendra de surveiller de près est l'activité manufacturière américaine, laquelle gagne en compétitivité. De nombreuses entreprises interrogées s'attendent à un accroissement de l'industrie manufacturière aux Etats-Unis en grande partie en raison d'avantages en termes de coût. La faiblesse du dollar et le taux de chômage élevé ont réduit les coûts opérationnels outre-Atlantique. En effet, de nombreuses entreprises estiment que ces coûts sont moitié moins élevés aux Etats-Unis qu'en Europe." "A long terme, nous restons convaincus que les trois grands thèmes qui continueront de façonner au premier chef le paysage mondial en matière d'investissement sont : les facteurs socio-économiques, le changement climatique et le supercycle (c'est à dire le rôle des grands marchés émergents dans l'économie mondiale). Concernant les facteurs socio-économiques, on s'aperçoit que de nombreux pays ont atteint un point de non-retour. La population active atteignant un sommet en Europe et en Chine, respectivement en 2010 et en 2015, le besoin de réformes deviendra plus pressant alors que la consommation continuera d'augmenter dans les pays émergents." "La pression sociale risque ainsi de se renforcer davantage en Europe en 2011 et d'encourager l'objectif de la Chine de promouvoir davantage la consommation interne. Le thème du changement climatique sera probablement une nouvelle fois au premier plan des discussions internationales, les températures moyennes mondiales enregistrées entre janvier et juillet étant les plus élevées depuis 1860, sans parler des perturbations météorologiques majeures dans de nombreuses régions du monde. Les mauvaises récoltes en Europe, en Russie, en Australie et dans une partie de l'Amérique du Nord ont entraîné une flambée des prix des matières premières agricoles pendant l'été." "Il n'est donc pas surprenant que les inquiétudes liées au changement climatique s'accroissent dans le monde entier. L'enquête annuelle d'HSBC sur la consommation mondiale place le changement climatique au troisième rang des grandes préoccupations, derrière la récession mondiale et la violence. Le thème du supercycle a été abordé précédemment et nous pensons qu'il continuera d'influer sur l'environnement mondial du point de vue de la croissance comme de la demande." "2011 pourrait être une année de revirements internationaux cruciaux. Le remède destiné à relancer les pays développés risquant de pénaliser les marchés émergents et se manifester par une hausse des devises et de l'inflation, s'adapter à la nouvelle normalité dans un monde bipolaire pourrait se révéler problématique. Certains ajustements structurels seront dès lors nécessaires et renforcent nos convictions de la nécessité de privilégier les entreprises de haute qualité bénéficiant de valorisations attrayantes, d'une forte croissance de leurs bénéfices et d'un atout concurrentiel durable." "S'agissant de 2011, nous pensons que la plus forte croissance des bénéfices concernera les entreprises tirant profit de la croissance interne des marchés émergents, qu'elles soient cotées sur les marchés émergents ou développés. Selon nous, les matières premières et le secteur industriel international constitueront une autre source majeure de croissance des bénéfices. Nous restons prudents concernant les valeurs financières, notamment celles des marchés développés, car le potentiel de croissance des prêts nous semble limité et la question des fonds propres reste une préoccupation majeure." "Nous pensons que les craintes d'un resserrement excessif de la part de la Chine face aux pressions inflationnistes alimenteront la volatilité des marchés à court terme, mais estimons que cette difficulté restera temporaire. Les investisseurs visant un horizon à moyen terme auront ainsi l'opportunité de renforcer leurs positions à des niveaux attrayants. Par dessus tout, il est essentiel de comprendre les forces qui influent sur l'équilibre mondial dans un contexte de nouvelle normalité ainsi que leur lien avec les ajustements structurels évoqués plus haut." AUT/ALO