Emergents : valorisations attrayantes et croissance des bénéfices

23/12/2010 - 16:43 - Option Finance

(AOF / Funds) - "La forte performance enregistrée par les marchés émergents cette année devrait se poursuivre en 2011. Leurs valorisations demeurent en effet attrayantes avec un PER prévisionnel d'environ 11,5, soit un niveau inférieur à la moyenne à long terme, et la croissance des bénéfices des entreprises devrait ressortir aux alentours de 20% au cours des douze prochains mois. De plus, les investisseurs s'attendent à ce que l'activité économique des pays développés reste atone en 2011, alors que les marchés émergents sont au contraire appelés à afficher de solides taux de croissance", note Schroders. "Ces derniers devraient en outre être les principaux bénéficiaires de la seconde phase d'assouplissement quantitatif de la part de la Réserve fédérale, à tout le moins dans un avenir proche. Le caractère attrayant des valorisations, conjugué à la forte croissance des bénéfices et à la bonne tenue des fondamentaux économiques, laisse entrevoir des perspectives positives pour les marchés émergents à un horizon de douze mois." "Notre scénario central concernant l'économie en 2011 s'articule autour d'un monde à deux vitesses dans lequel la croissance des pays émergents est supérieure à celle des pays développés, ces derniers demeurant handicapés par un faible taux de croissance, le niveau élevé de la dette publique et de celle des ménages et les craintes relatives au risque de déflation. A l'inverse, les pays émergents continueront de bénéficier d'une forte croissance étayée par le faible endettement des Etats et des ménages, sans connaître la réduction du levier financier qui affecte les pays développés." "De toute évidence, les autorités au sein du monde développé s'inquiètent du risque d'un nouveau ralentissement économique. Aux Etats-Unis, la Réserve fédérale semble prête à risquer une recrudescence de l'inflation en prenant de nouvelles mesures d'assouplissement quantitatif dans l'espoir de stimuler la croissance et d'endiguer les pressions déflationnistes à brève échéance. Par contraste, le principal défi auquel les autorités des pays émergents sont confrontées est de gérer les pressions inflationnistes qui résultent de leur croissance économique." "Cette tendance ne devrait nullement étonner les investisseurs à long terme sur les marchés émergents : en effet, l'écart entre la croissance des pays développés et celle des pays émergents est d'environ 5% par an depuis le début des années 2000. Dans nos autres scénarios (double récession ou reprise en V), la croissance dans les économies émergentes reste nettement supérieure à celle des pays développés. Ainsi, quel que soit le scénario retenu pour 2011, les marchés émergents devraient demeurer le principal moteur de la croissance mondiale." "Avec la seconde phase d'assouplissement quantitatif, les marchés émergents continueront d'attirer des flux de capitaux disproportionnés de la part d'investisseurs en quête de meilleurs rendements. Bien que de bon augure pour la performance des actions, la perspective de flux de capitaux élevés (y compris de flux spéculatifs) pourrait nuire à la stabilité des actifs et des devises des pays concernés. En outre, en réponse à ces flux considérables, certains pays émergents dont le Brésil et la Thaïlande ont d'ores et déjà imposé des restrictions destinées à prévenir les entrées excessives de capitaux étrangers." "Si l'intervention des pouvoirs publics peut alimenter la volatilité des marchés à brève échéance, l'impact de telles mesures est généralement limité à plus long terme. En effet, dans le cas de pays comme le Brésil, les mesures de contrôle des flux de capitaux ont peu de chance d'être efficaces. A court terme, l'assouplissement quantitatif devrait engendrer une pression à la hausse sur les prix des actifs émergents ainsi qu'une appréciation des devises des pays concernés. A plus long terme, il accroît la probabilité d'une surévaluation des marchés émergents, mais cette perspective ne nous inquiète pas particulièrement pour 2011." "S'il convient incontestablement de surveiller l'impact des mesures d'assouplissement quantitatif, les fondamentaux économiques des pays émergents devraient néanmoins rester solides en 2011. La Chine continue de gagner en importance en étant l'un des moteurs de la croissance mondiale et tout porte à croire que cette tendance se maintiendra l'an prochain. Le pays est toutefois confronté au risque de voir le dynamisme de son économie renforcer les pressions inflationnistes, ce qui a amené les autorités à relever les taux d'intérêt et à augmenter le taux des réserves obligatoires des banques." "Les pouvoirs publics ont par ailleurs pris des mesures visant des sources précises d'inflation, telles que celles destinées à enrayer la spéculation immobilière dans les grandes villes chinoises (villes de catégorie 1). Selon nous, le risque d'un atterrissage brutal en Chine demeure exagéré, le gouvernement chinois ayant démontré sa capacité à adapter sa politique pour garantir le maintien d'une croissance durable. Nous restons positifs vis-à-vis des perspectives de la Chine en 2011 en ce qui concerne ses fondamentaux économiques." "De plus, l'accélération de la demande intérieure nous semble encourageante. Cette dernière constitue désormais un pilier important de la croissance chinoise (et de celle de la plupart des pays émergents) que les autorités continuent d'entretenir par le biais de mesures ciblées. Du point de vue international, le grand défi pour la Chine n'est autre que sa monnaie. Certains pays estiment de toute évidence que le renminbi est artificiellement sous-évalué (les réserves de change chinoises atteignent environ 2.650 milliards de dollars à l'heure actuelle et ont augmenté de 200 milliards rien qu'au troisième trimestre)." "L'idée que la Chine vole la croissance du reste du monde est un sentiment désormais répandu, ce qui explique la pression mise sur les autorités chinoises pour qu'elles laissent leur monnaie s'apprécier. Si nous tablons sur une hausse du renminbi, nous pensons néanmoins qu'elle interviendra très progressivement. Bien que notre analyse soit concentrée sur la Chine, il convient de souligner que nous prévoyons une croissance des marchés émergents nettement supérieure en général à celle des pays développés tant en 2011 qu'au cours de la prochaine décennie." "S'agissant des pays développés, il ne nous paraît pas déraisonnable d'anticiper un taux de croissance annualisé d'environ 1,3% à l'horizon des dix années à venir, soit un niveau inférieur à la tendance historique. Par contraste, les pays émergents devraient afficher une croissance économique aux alentours de 5% par an." "L'une des conséquences de la crise financière mondiale est d'avoir rendu les investisseurs conscients du fait que le pouvoir économique se déplace du monde développé vers les marchés émergents. Ce transfert d'influence est appelé à perdurer à l'avenir, et pas seulement parce que la situation des Etats, des consommateurs et des banques est meilleure dans les pays émergents qu'elle ne l'est dans le monde développé. Outre une croissance fortement tirée par l'économie intérieure, les échanges commerciaux entre les marchés émergents ne cessent d'augmenter." "Par exemple, la Chine exporte davantage vers d'autres pays émergents que vers le G7 et le Brésil commerce davantage avec la Chine qu'avec les Etats-Unis. Ainsi, la croissance des marchés émergents s'auto-alimente. Le dynamisme économique des pays en développement a contraint les investisseurs institutionnels à réévaluer les marchés émergents en tant que classe d'actifs." "Auparavant, ces derniers étaient perçus comme risqués et volatils et, dès lors adaptés uniquement aux placements à court terme (généralement dans un contexte de solides performances des places boursières internationales et de liquidités abondantes). Cependant, il est désormais clair que le processus de désendettement des pays développés va se poursuivre longtemps encore et les investisseurs n'écartent toujours pas la perspective que la consommation mette des années à retrouver ses niveaux d'avant la récession, notamment aux Etats-Unis." "En attendant, les gouvernements du monde développé sont confrontés à d'importants défis budgétaires et structurels, lesquels laisseront des traces et prendront du temps à résoudre. Il n'est dès lors guère étonnant qu'un nombre croissant d'investisseurs institutionnels considèrent désormais les marchés émergents comme un placement stratégique à part entière." "Dans ce contexte, il convient de garder à l'esprit que les marchés émergents ne représentent encore qu'environ 13% de l'indice MSCI All Countries World, contre 35 à 40% du PIB et à peu près 70% de la croissance économique mondiale. Plus étonnant encore, nombre d'investisseurs continuent de sous-pondérer les marchés émergents dont la pondération au sein de l'indice MSCI All Countries est pourtant déjà limitée." "Certains se demanderont combien de temps ce rebond des marchés émergents est susceptible de durer compte tenu de leur solide performance tant depuis douze mois qu'au cours de la décennie écoulée (les marchés émergents ont affiché des performances nettement supérieures à celles des autres marchés d'actions depuis l'année 2000, à l'exception de 2008)." "En termes de valorisations, il y a selon nous trois éléments dont les investisseurs doivent tenir compte. Premièrement, s'il est vrai que les marchés émergents ont surperformé les marchés développés au cours des dix dernières années et y compris sur les douze mois écoulés, la croissance des bénéfices y a néanmoins été très forte si bien que les valorisations demeurent raisonnables malgré le solide rebond des indices boursiers (l'indice MSCI Emerging Markets se négocie actuellement à un PER prévisionnel d'environ 11,5)." "Deuxièmement, les marchés émergents affichent toujours une modeste décote par rapport aux marchés développés, mais eu égard à la meilleure tenue de leurs économies et à leurs perspectives de bénéfices plus favorables à long terme, il ne serait pas déraisonnable de les voir assorties d'une prime. Troisièmement, d'autres indicateurs (notamment le ratio capitalisation boursière/PIB) laissent penser que les marchés émergents peuvent encore considérablement progresser avant de devenir chers. Au final, les valorisations demeurent attrayantes et devraient continuer d'être étayées par la robuste croissance des bénéfices." AUT/ALO