Un engagement ISR pour Tricolore Rendement

Habile exercice de cosmétique marketing pour les uns, véritable tendance de fond pour les autres, l'Investissement Socialement Responsable, s'il ne peut se targuer que de collectes, certes en forte croissance, mais relativement lilliputiennes au regard des masses de fonds levées par l'ensemble de la gestion d'actifs, n'en marque pas moins de son empreinte et de son influence le monde de la gestion. A telle enseigne que nombre de gestions classiques, sans pour autant se convertir pleinement aux exigences de l'ISR, affichent et revendiquent la prise en compte de critères extra-financiers. Chez Edmond de Rothschild Asset Management, Tricolore Rendement compte parmi ces fonds traditionnels qui intègrent désormais une dimension ISR.

L'ISR pour une revalorisation dans la durée

Depuis fin 2009,Tricolore Rendement inclut dans sa gestion une approche ISR d'engagement. Il s'agit pour l'équipe de gestion d'établir un « dialogue positif et constructif de moyen - long terme » avec les entreprises qui composent le portefeuille sur certaines problématiques ESG (Environnement, Social, Gouvernance, Parties Prenantes) en vue de les inciter à adopter de meilleures pratiques. « Notre idée est non pas de faire de l'exclusion ni de la notation mais d'engager un dialogue avec les sociétés, quand nous estimons qu'un problème social, environnemental ou de gouvernance leur coûte une décote, » confie Pierre Nebout, le gérant de Tricolore Rendement. Car le but est clairement affiché. Il s'agit par de meilleures pratiques d'aboutir à une revalorisation du titre mais aussi de protéger le capital du fonds en anticipant en amont les risques extra-financiers dont la survenue pourrait se traduire par des contre-performances boursières. Et la plus simple manière de faire entendre sa voix est pour l'équipe de gestion de prendre une part active aux assemblées générales. « L'attitude adoptée vis-à-vis de Lagardère est un bon exemple de la manière dont nous opérons », détaille Pierre Nebout. « Nous considérons que la commandite n'est pas la structure appropriée pour un groupe tel que Lagardère. Nous l'avons fait savoir par le vote d'une résolution en Assemblée Générale. Et cela a semble-t-il eu une influence sur la nouvelle organisation du groupe. »

Des convictions et des actes

Afficher des convictions c'est bien mais aller jusqu'au bout de ses convictions, c'est mieux. Quand les choses n'avancent pas dans le sens souhaité, l'équipe de gestion de Tricolore Rendement peut ainsi décider de sortir une entreprise de son portefeuille. Quitte à sacrifier à court terme la performance boursière. Et Pierre Nebout de citer le cas de Teleperformance : « Cet été, nous avons choisi de ne plus détenir le titre au sein de Tricolore rendement. Nous avons estimé que nous n'étions pas en position de faire évoluer Teleperformance sur le traitement de la question sociale en France. Cela nous fut préjudiciable au plan boursier. L'action a été soutenue par la mise en place de la restructuration mais nous jugeons qu'à, plus long terme, celle-ci pourrait avoir un effet négatif auprès de la clientèle et que le groupe risque une dépréciation d'image. » Une preuve supplémentaire que l'influence de l'ISR va bien au-delà des chiffres de sa collecte.

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