OPCVM français : les encours ont diminué de 28,7 mds d'euros en 2010

31/01/2011 - 17:31 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Etape par étape, la crise née de l'explosion des crédits subprime continue de se répandre sur les différents agents économiques des grands pays industrialisés. Hier, au secours des banques et des entreprises, les Etats sont aujourd'hui face à une dette dont le refinancement animera l'année à venir, comme il en a été le cas en 2010. Soutien de la Grèce et de l'Irlande, création d'un fonds de stabilisation pour la zone euro et achats d'emprunts souverains par la BCE, auront eu de forts impacts sur les différents marchés, et par conséquent sur l'industrie de la gestion collective." Selon le bilan 2010 de la gestion collective Europerformance - SIX Telekurs, "la gestion collective française a connu en 2010 une réduction de -3,3% de ses encours, une baisse équivalente à -28,7 milliards d'euros. Avec 837,4 milliards d'euros d'actifs gérés en fin d'année, elle est donc loin d'avoir recouvré la totalité des pertes subies depuis le déclenchement de la crise : par rapport à son niveau de juin 2007 (1.030 milliards d'euros, quasiment son point haut historique), le marché des OPCVM français affiche un recul de -19% de ses encours". "Hors OPCVM de trésorerie régulière, dont le poids a été progressivement ramené à sa part historique de 45% de l'actif total, les actifs de long terme ont néanmoins poursuivi leur progression durant l'année (+6%)." "Parallèlement à cette diminution globale du marché des OPCVM, les mandats discrétionnaires ont enregistré une augmentation de leurs encours (de l'ordre de +7% selon les données de l'AFG, sur les neufs premiers mois de l'année, contre -3% pour le marché des fonds ouverts). Les liquidités retirées des OPCVM court terme n'ont en effet que sporadiquement alimenté les OPCVM de long terme, et une partie a probablement échu à la gestion sous mandat (arbitrages des institutionnels), ainsi qu'aux contrats en euro de l'assurance-vie (arbitrages des ménages)." "En 2010, les OPCVM français ont enregistré -57,3 milliards d'euros de rachats. Cette nouvelle décollecte annuelle, la troisième au cours de ces quatre dernières années, est aussi la plus importante en volume devant les retraits de 2007 (-32,1 milliards d'euros), et ceux de 2008 (-37,7 milliards d'euros). Toutefois, comme en 2009, les opérations menées cette année ont très nettement distingué les actifs de court terme (rachats de -61,2 milliards d'euros des fonds de Trésorerie Régulière) des actifs de long terme (collecte de +4 milliards d'euros)." "Les performances, globalement positives, délivrées par les marchés actions ont conduit les investisseurs à poursuivre leur retour sur les actifs risqués. Cependant, cette dynamique a été fortement ralentie sur fond de crise, en Europe, de la dette souveraine grecque au printemps, puis de l'Irlande en fin d'année." "Dès lors, les investisseurs auront très nettement mis l'accent sur les actifs internationaux, notamment des pays émergents, au détriment des actifs européens. C'est ce qu'illustre la collecte de +6,9 milliards d'euros des fonds actions internationales, actions Amérique, et actions Asie. A l'inverse, les fonds actions France et actions euro ont enregistré des rachats de -6,1 milliards d'euros." "La collecte de +8,7 milliards d'euros des fonds diversifiés internationaux, face aux rachats des fonds diversifiés euro (-997 millions d'euros), en est un autre exemple. Les fonds absolute return ont également continué de bénéficier d'une allocation nette de +2 milliards d'euros, prouvant l'intérêt de la part des investisseurs pour une gestion décorrélée." "Moins décisif que l'an passé, le crédit est néanmoins resté attractif durant l'année, ne serait-ce qu'en raison du faible niveau des taux de référence. Le marché primaire est demeuré actif, notamment sur le segment du High Yield. Cependant, la crise de la dette souveraine européenne aura fortement réduit la demande des investisseurs dès le printemps, pour laisser place à de forts rachats en fin d'année. Au final, +369 millions d'euros ont été alloués aux OPCVM obligations en 2010." "Les fonds garantis, en dépit d'un nombre restreint de nouveaux produits lancés, ont malgré tout collecté +5 milliards d'euros cette année. Les fonds à formule pour leur part récoltent +2 milliards d'euros, dont un tiers sur les fonds actions à effet de levier." "Au niveau européen, la collecte à la fin du troisième trimestre s'élevait à +65,8 milliards d'euros selon les données de l'EFAMA. Cette collecte est disparate. D'un coté, on trouve des pays ayant collecté significativement : Grande Bretagne, Luxembourg et Allemagne affichent respectivement un ratio collecte sur encours de +7,3%, +5,6%, et +3,6%. D'un autre coté, Espagne, Italie et France accusent une décollecte par rapport à leur encours de respectivement -8,7%, -7,3% et -4,2%." "Cette année marque une grande disparité au niveau de la collecte entre les différents types d'enseignes commerciales, notamment les réseaux bancaires et les assureurs n'ont pas profité de la collecte sur les familles actions et diversifiés. Sachant qu'ils ont été en outre pleinement touchés par la décollecte des fonds de trésorerie, l'année 2010 a été particulièrement sévère pour ces grandes structures." "Le contexte de crise continue de produire ses effets sur le paysage de la gestion collective française. Après un énorme bond du poids des OPCVM de trésorerie l'an passé (passage de 46% en 2008 à 52% du total des encours OPCVM en 2009), leur part s'est tout aussi nettement réduite en 2010. En pesant 45% du total des encours OPCVM, les fonds de trésorerie retrouvent leur niveau moyen historique. Parallèlement, le poids des actifs risqués d'actions et diversifiés progressent pour retrouver leur niveau de 2008 (cas des actions à 22%), voire de 2007 (cas des diversifiés à 15%)." "Hors ETFs, la création de fonds a continué de ralentir en 2010 avec seulement 266 mises sur le marché. Il s'agit là du plus faible niveau de création de nouveaux fonds depuis 1998. Déjà l'an passé, le nombre de fonds s'était fortement contracté avec 380 lancements. Parallèlement, le nombre de clôtures de fonds a baissé (484 contre 580 l'an passé). On constate donc une diminution nette du nombre de fonds." "Constatée depuis 2007, la réduction de l'offre nouvelle de fonds s'observe sur toutes les grandes classes d'actifs. Baisse des encours et de la rentabilité des sociétés de gestion, mais aussi consolidation du secteur de la gestion d'actifs, expliquent la rationalisation des gammes de produits. Les taux bas ne favorisent pas non plus le renouvellement de l'offre, historiquement importante, de fonds garantis. En pleine mutation, le marché favorise davantage des solutions opportunistes telles que le lancement de fonds obligations crédit (en 2009), et le lancement de fonds de gestion flexible (2009 et 2010)." "Les fonds de catégorie absolute return ont été rebaptisés newcits, témoignant de la volonté des acteurs de la gestion alternative de proposer une offre bénéficiant du label UCITS, reconnu internationalement." "Dans ce contexte, seul le compartiment des ETFs semble poursuivre sa croissance. Les gammes s'élargissent géographiquement (couverture des pays émergents), mais aussi par l'extension à d'autres classes d'actifs (private equity, matières premières). L'arrivée d'un nouvel acteur (Ossiam, détenu à 51% par Natixis Global Asset Management) devrait permettre au secteur de rester dynamique en 2011." "Pour l'heure, la prime à la nouveauté accordée par les investisseurs semble faible. Hormis sur les fonds crédits lancés l'an passé, les flux d'investissement positifs enregistrés sur les nouveaux fonds ne révèlent pas de véritable enthousiasme. Plus particulièrement sur les fonds actions de gestion active, il semble qu'un historique de rendements de deux à trois ans soit requis avant d'attirer des flux d'investissement significatifs." AUT/ACT