Actions favorisées vs oblig. et mat. premières (Michael Gordon, BNPP AM)

01/02/2011 - 16:15 - Option Finance

(AOF / Funds) - Concernant la reprise des Bourses, Michael Gordon, récemment nommé CIO de la gestion actions de BNPP AM, affirme : "Je pense que de nombreux investisseurs ont déjà raté la première étape de cette reprise. Même si les investisseurs ont été prudents ces dernières années, celles-ci ont été particulièrement fastes pour les marchés actions. La reprise a été plutôt solide, les marchés européens ayant gagné plus de 60% par rapport aux plus bas de mars 2009. Cependant, à l'exception des marchés émergents, la plupart des investisseurs ont préféré rester en retrait depuis". "Après quasiment deux ans d'attentisme, on peut aujourd'hui se demander si ces investisseurs reviendront. Il y a des raisons de penser qu'ils pourraient le faire." "Fin 2010, la décision du gouvernement américain de maintenir les réductions d'impôt du gouvernement précédent a suscité de sérieuses interrogations sur le marché obligataire. Les bond vigilantes ont alors poussé les rendements à la hausse, ruinant le trimestre pour les investisseurs. Ces derniers ont passé Noël à se demander si 2011 serait une bonne année étant donné que les trois dernières furent fantastiques." "Les obligations peuvent-elles renouveler l'exploit ? Je ne pense pas. L'attention des investisseurs se portera sur la reprise de l'économie ; or une économie en bonne santé est propice aux actions. En outre, la volatilité des actions est retombée aux niveaux de 2007 alors que celle des obligations augmente. Le risque d'inflation s'accentue également, ce qui favorise aussi les actions par rapport aux obligations." "Les entreprises et l'économie sont en meilleure santé que les Etats. Au cours des dix-huit derniers mois, les bénéfices des sociétés ont globalement, et à la surprise générale, dépassé les attentes. Lorsque c'était nécessaire, les bilans des entreprises ont été assainis tout juste après la crise, de telle sorte qu'un grand nombre d'entre elles ont profité de la faiblesse des taux en 2010, ou envisagent de le faire, et ont utilisé cette dette bon marché pour racheter leurs actions, ce qui a dynamisé les cours." "Il est fort probable que cette tendance se poursuivra. Les actions des marchés émergents continueront d'enregistrer de bonnes performances : d'un côté, les valorisations ne sont pas excessives et la croissance semble assurée, de l'autre, les fonds propres et les bilans les plus solides au monde sont ceux des entreprises des marchés émergents. Je pense que l'on peut donc, à terme, gagner sur les deux plans." "Cependant, au sein des marchés émergents, le phénomène qui a vu les marchés les plus petits surperformer les BRIC en 2010 touche certainement à sa fin et je ne serais pas surpris de voir les grands marchés mener en 2011. Certains des marchés les plus intéressants, tel la Corée du Sud se trouvent en Asie. A noter, en décembre, il y a eu un ralentissement des flux d'investissement vers les marchés émergents et un redressement des flux à destination des marchés développés. Cependant, il reste à savoir si ce mouvement préfigure une tendance à long terme." "En ce qui concerne les marchés développés, la principale question des investisseurs est de savoir s'il faut investir en Europe ou aux Etats-Unis ; je pense qu'à la fin de 2011, le différentiel se limitera à l'effet devise. L'euro est tellement impopulaire qu'à mon avis, la tendance ne peut que s'inverser (et donc l'euro s'apprécier). Je serais très surpris de voir l'euro échouer. Je suis moins pessimiste sur l'euro que d'autres, pour la simple raison que si l'on est pessimiste sur l'euro, il faut être optimiste sur une autre devise. Or, la situation budgétaire des Etats-Unis apparaît aussi grave, voire pire, que celle de l'Europe." "Le comportement des marchés obligataires en décembre nous en a apporté la preuve. Si le dollar américain n'était pas une monnaie de réserve, il serait certainement plus bas. On a vu les bonds vigilantes vendre leurs obligations en masse en 2010. Cette année, ils pourraient changer d'avis et commencer à vendre le dollar américain." "Lorsque les gens se seront lassés de critiquer l'Europe, ils se tourneront vers les Etats-Unis et se rendront compte à quel point la situation y est critique. Si l'on considère l'Europe comme une fédération d'Etats, tels que les Etats-Unis, on peut alors s'inquiéter de la situation financière désastreuse de la Californie ! Je crois que l'année prochaine, les investisseurs s'intéresseront de plus près aux Etats-Unis et se rendront compte de l'ampleur des problèmes auxquels ce pays est confronté." "Je ne considère pas les matières premières comme une classe d'actifs à part entière, comme par exemple les actions, les obligations, ou l'immobilier. Dans une économie en redressement, l'or paraît surévalué. A moins de croire à la fin du monde, il n'y a donc pas, à mon avis, de raison d'en détenir" "En ce moment, j'ai une préférence pour les petites valeurs. Dans une économie en voie de normalisation, les petites valeurs enregistrent en général de bonnes performances, surtout en Europe. A ce stade du cycle et dans une économie en redressement, il existe généralement des opportunités. En revanche, l'idée de miser sur les marchés émergents en passant par de grands groupes européens a déjà été exploitée. Par conséquent, l'exposition des grandes capitalisations aux marchés émergents est déjà dans les cours." "Les valeurs de croissance ont un certain retard à rattraper : elles commencent à paraître bon marché. Il y a eu tellement de mauvaises nouvelles en Europe que les choses pourraient enfin commencer à s'améliorer." "Pour moi, l'attrait du rendement ne se limite pas à 2011, il est permanent. Pour les investisseurs vraiment long terme, c'est une stratégie infaillible, qui permet de dormir sur ses deux oreilles. Ceci est lié au poids décisif du dividende dans le rendement global. Les entreprises qui peuvent verser un dividende et l'accroître de manière régulière (c'est selon moi ce qui définit le mieux la notion de qualité) montrent également qu'elles sont dotées d'une bonne gouvernance car elles se soucient de leurs actionnaires. Les dividendes, c'est du concret : elles représentent l'action et non la parole." AUT/ALO