Les taux US à 10 ans pourraient s'établir autour de 4% (Carmignac)

09/02/2011 - 14:59 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Aux Etats-Unis, la volonté de maintenir une croissance forte s'est une fois encore exprimée par l'action conjointe de la Fed et du pouvoir politique. La mise en place d'une seconde phase de quantitative easing par la Réserve fédérale s'est accompagnée d'un paquet de soutien fiscal prévoyant la reconduction pour deux ans des déductions fiscales mises en place sous l'ère Bush, complétées par le prolongement de l'indemnisation des chômeurs de longue durée et la baisse des charges sociales pour l'ensemble de la population employée", avance Carmignac Gestion. "Cette coordination monétaire et fiscale éloigne résolument le risque d'une rechute en récession. Le moral des consommateurs et des entreprises s'est ainsi sensiblement repris et la timide amélioration sur le marché de l'emploi s'amplifie, tant est si bien que les estimations de croissance aux Etats-Unis pour 2011 ont été relevées à 3,5%." "A ce stade, l'incertitude nous semble porter non pas sur la réalité de cette reprise mais sur sa capacité à devenir auto-entretenue au-delà de juin prochain, date prévue de l'expiration du programme d'injection monétaire en cours. Si c'est le cas, une hausse des taux d'intérêt à long terme est à craindre, le marché devant financer à lui seul un déficit public de près de 10% du PNB. Si ce ne l'était pas, M. Bernanke devra se résoudre à continuer de stimuler l'activité tant le maintien d'une croissance soutenue est seul capable, avec un peu d'inflation, de résoudre un taux de chômage réel proche de 17% et un surendettement public et privé américain élevé." "Face à cette conjoncture de reprise de l'activité aux Etats-Unis, la réaction des marchés obligataires ne s'est pas faite attendre, les taux à 10 ans passant de 2,5% à 3,3% en moins de dix jours. Quel devrait être le niveau d'équilibre du marché ? Si l'on estime le potentiel de croissance durable de l'économie américaine à 2% et un taux d'intérêt réel à la moyenne historique de 2%, un taux de 4% semble un objectif raisonnable. Les exigences de rendement des acheteurs d'obligations devraient être modérées par la faiblesse de l'inflation sous-jacente (0,8%), contenue par les excédents de capacités productives inemployées et le maintien de taux directeurs proches de zéro." "A contrario, on ne peut exclure à l'approche de juin prochain, soit le terme prévu de l'actuel programme de quantitative easing, que les taux excèdent ce taux d'équilibre, tant le financement par le seul marché d'un déficit public américain de près de 10% du PNB pourra paraître problématique dans un contexte où la reprise de l'activité sera elle-même demandeuse de capitaux." "En Europe, la situation reste compliquée et les pressions déflationnistes demeurent. La BCE se trouve toujours confrontée à un dilemme entre une Allemagne qui s'approche du plein emploi et dont le dynamisme économique justifierait des taux plus élevés, et les pays les plus fragiles de la zone. Ces pays font face à une situation budgétaire catastrophique et ne feront vraisemblablement pas l'économie d'une restructuration de leur dette. Dans ces conditions, et tant que le rééchelonnement des dettes des pays périphériques n'aura pas été effectué, l'amélioration des marchés européens demeurera passagère, laissant présager une forte volatilité de l'euro." "Pour les pays émergents, contrairement aux pays développés, l'enjeu n'est pas de réduire leur dette par la croissance, mais plutôt de maîtriser les tensions inflationnistes pour partie suscitées par la stimulation monétaire du vieux monde visant à réduire le poids de son propre endettement. Confrontés à la fois à l'arrivée de capitaux surabondants et à des prix de matières premières majorés, ils se doivent de contenir l'appréciation de leurs devises et des tensions inflationnistes importées, qui s'ajoutent à celles générées par une vive croissance. Il en résulte des pressions haussières sur leurs taux d'intérêt qui, à leur tour, majorent l'attrait de leurs devises... S'ils sont dans leur ensemble vulnérables à la hausse des prix des matières premières agricoles, là aussi il importe de distinguer les pays où l'inflation est peu alimentée par des goulots d'étranglements infrastructurels (Chine, Turquie...), des pays moins bien pourvus (Inde, Brésil)." AUT/ALO