Une hausse du taux de base de la BoE complètement pricée en juin (Natixis)

11/02/2011 - 10:21 - Option Finance

(AOF / Funds) - "La Banque d'Angleterre (BoE) commence à faire l'objet d'un procès en crédibilité de la part de certains investisseurs, qui ont du mal à comprendre pourquoi elle maintient une politique extraordinairement accommodante alors que la situation économique n'est plus extraordinairement dégradée. L'économie britannique montre encore de nombreuses faiblesses, subit de sérieux vents contraires, tels qu'une politique budgétaire particulièrement austère, mais elle semble néanmoins se redresser", écrit René Defossez de Natixis. "C'est du moins ce que suggère les statistiques publiées depuis quelques semaines : en glissement annuel, la production industrielle progresse de 3,6% ; le PMI industrie manufacturière de janvier est ressorti à 62, son plus haut niveau depuis de nombreuses années ; le PIB de T4 a certes baissé de 0,5%, mais beaucoup d'analystes voient dans cette contreperformance un accident ; le prix des maisons aurait augmenté de 0,8% m/m en janvier ; l'indice PMI construction s'affichait le même mois à 53,7." "Apparemment donc, l'économie britannique ne serait pas en train de confirmer les prophéties de Soros, qui anticipe une seconde récession. Dans le même temps, l'inflation britannique dépasse depuis longtemps l'objectif officiel de 2%. En décembre, elle était de 3,7%. L'inflation sous-jacente est elle aussi très élevée (2,9%). Mais on connaît les raisons principales de cette fièvre inflationniste : les hausses de taxes de l'année dernière, le prix des matières premières, l'affaiblissement du sterling depuis la crise." "Et l'observation de la situation dans le marché du travail ne permet pas d'être très inquiet vis-à-vis de l'inflation endogène : le taux de chômage est de 7,9%, quasiment un plus haut depuis 1996, tandis que le salaire horaire moyen ne progresse plus qu'au rythme, modeste, de 2,1%. Dit autrement, l'inflation est importée, elle n'est pas fabriquée sur place. Cela dit, le marché voit une situation conjoncturelle qui s'améliore et une inflation qui dépasse depuis longtemps l'objectif officiel, et se pose forcément la question de la crédibilité de la BoE." "Les forwards départ dates BoE montrent que le marché anticipe désormais une hausse très prochaine des taux directeurs. Une hausse de 25pb du taux de base de la BoE est complètement pricée en juin. Plusieurs questions se posent donc : la BoE est-elle effectivement behind the curve, est-elle en train de mettre en péril sa crédibilité anti-inflationniste ? Une façon de mesurer la crédibilité de la BoE consiste à regarder le comportement du rendement du Gilt 10 ans. Ce dernier, en tendance depuis deux mois, ne sous-performe pas le Bund pas plus que le T-note. Pour l'instant donc, il n'y pas de signe par l'obligataire (par la hausse de la prime inflation) de ce phénomène. Plus exactement, la hausse des B/E n'est pas plus rapide au Royaume Uni qu'ailleurs." "Le marché a-t-il raison de prévoir une hausse des taux mi-2011 ? cela ne nous paraît pas évident. En 2011, au Royaume Uni, la croissance sera de 1,1%, plus faible qu'en zone euro, beaucoup plus faible qu'aux Etats-Unis. L'inflation moyenne sera de l'ordre de 3%, mais sa trajectoire sur la deuxième partie de l'année sera baissière (en novembre, elle ne sera plus que de 2,5%). Les risques pesant sur l'activité britannique sont encore très importants." "Y a-t-il un risque de stagflation au Royaume Uni ? Oui, si le prix des matières premières continue d'augmenter. Un tel scénario n'est pas exclu, puisqu'une partie de cette hausse s'explique par les excès de liquidité au niveau global. Et compte tenu du contexte économique, une hausse du prix du brut n'est qu'une taxe sur la consommation. Enfin, une hausse des taux pour lutter contre la hausse du prix du brut serait un coup d'épée dans l'eau." AUT/ALO