La BCE cherche à faire grimper l'euro pour limiter l'inflation (Natixis)

11/02/2011 - 18:18 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Au cours de la semaine écoulée, l'EURUSD a rebondi jusqu'à 1,3750. Si la baisse de l'euro la semaine précédente avait été initiée par l'absence de surenchères de Jean-Claude Trichet sur les risques inflationnistes, son rebond a, par la suite, été entretenu par les commentaires hawkish de certains membres de la BCE dont José Manuel Gonzalez Paramo et Yves Mersch. Tous deux considèrent qu'il faudra relever les taux directeurs si l'inflation demeure au dessus de 2,0% d'ici la fin de l'année", rappelle Natixis. "Yves Mersch parle même d'une action vigoureuse de la BCE si besoin était et ce avant même de mettre fin aux mesures non conventionnelles encore nécessaire pour les banques en mal de liquidité. De telles déclarations alarmistes de la part de certains membres de la BCE semblent curieuses." "L'inflation s'affiche à 2,4% en janvier et devrait baisser en février face à la récente stabilisation des cours du pétrole. Il est vrai que l'inflation est proche de 2,5%, qui pourrait correspondre au seuil d'intolérance de la BCE, niveau plafond que l'on a observé depuis 1999. Son passage au dessus de 2,5% en 2008 avait entretenu le resserrement monétaire de la BCE. Mais ce qui nous semble particulièrement curieux est que certains membres de la BCE plaident pour une hausse de ses taux directeurs même si l'inflation reste tout juste au dessus de 2,0% en fin d'année alors qu'elle les avait maintenus durablement inchangés de 2003 à 2005 malgré une inflation moyenne de 2,1% durant cette période." "Compte tenu d'effets de base négatifs dans les prochains mois, la BCE redoute peut être donc une hausse significative du cours des matières premières, qui se transmettrait aux autres biens de consommation (pass through) si les entreprises cherchent à améliorer leurs marges. L'inflation actuelle est en effet liée à la forte hausse du cours des produits énergétiques et alimentaires. Le cours du pétrole s'est stabilisé à 100 dollars le baril et une plus ample hausse vers 120 dollars le baril notamment en réaction à la crise égyptienne pourrait se traduire par une inflation supérieure à 2,5% à court terme. Au final, ces risques inflationnistes ne sont pas négligeables." "Pour autant, les risques restent limités. Nous continuons à penser que l'inflation restera contenue. Elle devrait passer en dessous de 2,0% en fin d'année sachant que les cours du pétrole devraient aussi se replier. Par ailleurs, la BCE sait qu'une hausse des taux directeurs ne permet pas de lutter contre l'inflation liée à la hausse du cours des matières premières. En revanche, un euro plus fort pourrait contribuer à réduire l'inflation importée et par là, la hausse des prix à la consommation. Le taux de change effectif nominal de l'euro avait particulièrement progressé en 2007 et 2008 mais cela faisait suite au resserrement monétaire de la BCE débuté en décembre 2005." "D'où la question : la BCE cherche-t-elle à faire monter l'euro pour limiter les risques inflationnistes en entretenant une rhétorique hawkish ? Compte tenu de l'absence de visibilité sur l'évolution des cours du pétrole, la BCE pourrait continuer à tenir ce type de discours hawkish. Pour ces raisons, les contrats Eonia forward continuent de refléter des anticipations de hausse des taux BCE de 50pb d'ici la fin de l'année, soutenant ainsi au passage l'euro. Mais, si comme nous le pensons l'inflation se replie dès le mois de février à 2,3% (contre 2,4% en janvier), les déclarations hawkish auront moins d'impact et l'euro devrait donc se replier." AUT/ALO