Divergences au sein des émergents (CPR AM)

15/02/2011 - 12:34 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Les pays émergents ont globalement affiché en 2010 de très bons résultats : le PIB a progressé en moyenne de 7,1% en 2010, selon le FMI. Les perspectives pour 2011 restent très bien orientées (+6,4%, contre +2,2% pour les pays avancés). Les fondamentaux sont globalement sains. Mais il y a des différences, tous les pays n'étant pas au même point du cycle : on peut différencier les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) des autres", écrit CPR AM. "Les premiers ont eu une croissance de l'ordre de 8,8% en 2010, et ont commencé (à l'exception de la Russie) à relever leur taux directeurs un peu avant les autres. L'Asie croît à un rythme proche de 9%, alors que l'Amérique latine voit son PIB progresser de 5% en moyenne et l'Europe centrale de 3,5%. Toutefois certaines divergences apparaissent." "Ainsi en Turquie et en Pologne la demande intérieure est relativement dynamique, alors qu'en Asie hors Chine, la demande extérieure tire la croissance. Comment diagnostique-t-on une surchauffe ? Habituellement on parle de surchauffe lorsque la croissance dépasse durablement le potentiel. Evaluer ce potentiel de croissance est difficile. Plusieurs pays ont vraisemblablement comblé l'output gap creusé lors de la crise et présentent quelques caractéristiques de surchauffe." "Ainsi en Chine, on évalue communément la croissance potentielle autour de 8%. Avec +10,4% en 2010 on est nettement au-dessus, sachant qu'en 2009, le point bas, le PIB a crû de 8,9%. Au Brésil ou en Inde, la situation présente vraisemblablement un risque, qui se traduit par l'apparition de tensions inflationnistes. Mais il n'y a pas encore de saturation des capacités de production : en Inde par exemple la population rurale représente plus de 60% de la population totale." "Certains pays ont des déficits courants en hausse, creusés par l'accélération des importations, qui témoigne d'une demande intérieure soutenue (Turquie, Inde...). Ainsi des signes de surchauffe apparaissent dans certains pays. Mais le diagnostic est loin d'être homogène et globalement les petits pays sont encore loin de cette situation." "S'il est prématuré de parler de surchauffe, on constate tout de même une accélération de l'inflation depuis le milieu de 2010, à cause du renchérissement des matières premières. Bien sûr l'accroissement de la demande en matières premières traduit la vigueur de l'activité, notamment dans les émergents, mais pas seulement. Il n'est en effet pas exclu qu'une partie des excès de liquidités, du fait en particulier de la politique de la Réserve fédérale entraîne un mouvement spéculatif sur certains actifs, dont les matières premières." "Cette hausse s'est répercutée sur les prix de l'alimentation (grosse part de la consommation des ménages), entraînant une remontée assez générale des indices de prix. En moyenne, l'inflation sous-jacente reste pour le moment contenue. Toutefois il existe des exceptions et certains pays comme le Brésil ou l'Inde font face à de réelles tensions." "L'écart de taux d'intérêt avec les US d'une part, les perspectives de croissance dynamique d'autre part, alimentent des flux massifs de capitaux privés vers les émergents. Ils ont atteint 908 milliards de dollars en 2010 soit 50% de plus qu'en 2009. Ce qui explique les tensions sur les devises. Afin de limiter l'inflation, les pays sont tentés de relever leur taux d'intérêt, ce qui accroît encore l'écart de taux." "Cependant, la Turquie a choisi une autre voie : la banque centrale continue d'abaisser son taux directeur, ce qui limite la pression haussière sur sa monnaie ; en revanche elle annonce vouloir augmenter le taux de réserves obligatoires pour freiner le crédit. Certains pays préfèrent restreindre les flux de capitaux. D'autres songent à resserrer leur politique budgétaire pour que l'ajustement ne repose pas que sur la politique monétaire." AUT/ALO