Obligations: hausse graduelle en 2011 des taux longs (SG Private Banking)

16/02/2011 - 17:38 - Option Finance

(AOF / Funds) - "L'amélioration des perspectives de croissance a pour conséquence de pousser à la hausse les rendements de long terme. Ce mouvement accompagne le relèvement des prévisions d'inflation qui traduit plus une normalisation des anticipations qu'une réelle crainte d'un dérapage inflationniste. Dans ce contexte, nous restons à l'écart des titres souverains, car nous prévoyons toujours une hausse graduelle des taux longs au cours de cette année", note Société Générale Private Banking dans sa Stratégie d'Investissement. "En revanche, nous continuons d'acheter des obligations privées alors que les défauts poursuivent leur reflux et que les investisseurs cherchent toujours du rendement. Les obligations à haut rendement offrent les meilleures perspectives compte tenu du potentiel de réduction des primes de risque et de leur moindre sensibilité au redressement des rendements de long terme." "Le marché s'interroge sur l'éventualité d'un arrêt anticipé des achats de titres publics par la Réserve fédérale américaine. Nous pensons au contraire que la Fed procédera à l'intégralité des achats annoncés (600 milliards de dollars jusqu'à fin juin) concentrés sur le segment 5-10 ans de la courbe des taux. La hausse des rendements observée récemment traduit un phénomène positif : la confiance retrouvée des marchés dans la solidité de la croissance." "Cependant, l'économie américaine demeure trop fragile pour supporter une hausse trop forte des taux longs qui risquerait de provoquer une rechute du marché immobilier, encore convalescent. Les marchés financiers se focalisent depuis le début de l'année sur les risques inflationnistes. Cette préoccupation nous semble exagérée pour les pays développés compte tenu du chômage élevé et des capacités de production inutilisées. La hausse des cours des matières premières aura un effet d'entraînement limité." "L'inflation sous-jacente reste pour sa part à des niveaux très faibles aux environs de 1% aux Etats-Unis comme en zone euro. Il est donc tout à fait prématuré d'envisager un resserrement monétaire aux Etats-Unis, en zone euro ou encore au Japon en 2011. En revanche, le Royaume-Uni est clairement confronté à un problème d'inflation, avec en particulier une dérive haussière des anticipations d'inflation à long terme, ce qui devrait forcer la Banque d'Angleterre à resserrer sa politique dans le courant de 2011." "Nous maintenons une sous-pondération des obligations souveraines dans notre allocation stratégique. Les taux à 10 ans devraient demeurer sur une trajectoire ascendante compte tenu des signaux de reprise et du volume considérable d'émissions publiques programmées en 2011. Au sein de la zone euro, les inquiétudes demeurent même si les marchés y sont moins sensibles depuis quelques semaines. Il est clair qu'après les accords de refinancement passés avec la Grèce et l'Irlande, l'Espagne et le Portugal demeurent exposés et ne pourront se refinancer indéfiniment aux conditions actuelles sauf à mettre en risque leur solvabilité. Les gouvernements européens travaillent à l'extension du mécanisme de sauvetage et à un plan pérenne de résolution de la crise, applicable à partir de 2013." "Le sujet le plus sensible à court terme demeure l'exposition des banques de la zone euro au risque souverain. Celui-ci pèse sur les conditions de refinancement des banques les plus engagées, les fragilisant davantage. Les décideurs publics doivent chercher à dissocier la problématique des dettes publiques de celle du bilan des banques. Pour ce faire, le fonds européen de stabilité financière (FESF) devrait avoir la possibilité d'acheter dans le marché secondaire de la dette souveraine et permettre ainsi aux banques de céder leurs créances, limitant ainsi les besoins de recapitalisation du secteur bancaire." "En contrepartie, la renégociation de la dette passerait par un allongement des échéances de remboursement et une réduction du taux débiteur associé. Cela s'apparenterait à une restructuration ordonnée des dettes. Mais un tel processus se heurte encore à des obstacles politiques importants. Tant qu'une solution politique crédible n'aura pas vu le jour, la crise durera, accroissant la probabilité d'occurrence d'un ou plusieurs défauts souverains en zone euro." "Nous continuons de recommander l'acquisition d'obligations d'entreprises et d'obligations émergentes (souveraines et privées). La performance est davantage à attendre du rendement que de l'appréciation en capital sur les marchés développés. Les entreprises présentent généralement des bilans solides, avec des niveaux d'endettement relativement limités et des trésoreries surabondantes. La hausse des profits attendue en 2011 constitue un facteur confortant la solvabilité des émetteurs. Parallèlement, le volume d'émissions devrait baisser cette année, alors que la demande restera élevée en particulier pour les obligations à haut rendement." "Nous sommes toujours à l'achat sur les obligations bien notées (investment grade), mais les primes de risque sont revenues à leur moyenne historique. Nous considérons que les obligations à haut rendement (high yield) offrent le meilleur potentiel de rendement compte tenu d'une perspective de baisse des primes de risque d'environ 100 points de base en moyenne et de l'appétit des investisseurs pour le rendement. Les principaux risques concernent le secteur bancaire qui doit faire face à des besoins de refinancement élevés dans un contexte réglementaire incertain." "Ce constat nous incite à délaisser les dettes bancaires, seniors ou subordonnées. La crise de la dette européenne constitue un autre facteur de volatilité même si son impact n'a eu que des répercussions limitées jusqu'à présent sur les marchés de crédit. S'agissant des obligations émergentes, nous conservons un avis positif en raison du supplément de rendement servi par ces émetteurs par rapport à des émetteurs de qualité équivalente situés dans les pays développés et des perspectives favorables d'appréciation du change pour les titres émis en devises locales." AUT/ALO