Le peso mexicain profitera du regain de croissance (SG Private Banking)

17/02/2011 - 17:02 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Le Mexique a subi la crise financière mondiale de façon plus brutale que la plupart des autres pays d'Amérique latine. Tandis que le PIB régional enregistrait une baisse de 1,8%, celui du Mexique chutait de 6,1%. Contrairement aux autres pays latino-américains, la reprise économique mexicaine de 2010, basée essentiellement sur ses exportations, n'a relancé que tardivement la demande intérieure, et n'a pas encore été en mesure de résorber l'écart de production", note SG Private Banking. "Le PIB mexicain a augmenté de 5,4% en 2010, mais le chômage demeure en hausse et la consommation reste en deçà de son niveau d'avant la crise. Cependant, la ré-accélération de l'économie américaine offre au Mexique une possibilité de relance inattendue. Alors que de nombreux autres pays de la région qui connaissent un resserrement monétaire dans une économie en surchauffe, le Mexique est maintenant dans une position très favorable pour rattraper ses pairs d'Amérique latine en termes d'activité." "Avec 80% de ses exportations destinées aux Etats-Unis, le Mexique est extrêmement sensible aux variations du secteur industriel de son voisin. Selon le FMI, une augmentation de 1% de la production industrielle américaine répercute une progression de 0,9% sur le PIB du Mexique. En d'autres termes, tout inflexion de la croissance américaine se répercute quasiment à l'identique sur le Mexique. Ainsi, quand la demande américaine se tasse, la croissance mexicaine est immédiatement touchée." "Alors qu'une croissance solide en Asie et son impact sur le prix des matières premières ont offert une protection efficace et bienvenue à de nombreux pays d'Amérique latine (Brésil, Pérou, Chili, Colombie), où les matières premières représentent plus de la moitié des exportations, le Mexique a été frappé de plein fouet par une nette détérioration de sa balance commerciale. En effet, bien qu'exportateur de pétrole, les matières premières comptent pour moins d'un quart dans le total des exportations du Mexique (alors que le pays importe par ailleurs de grandes quantités de denrées alimentaires). Cela a eu pour effet d'amplifier la baisse des revenus et donc la consommation intérieure." "La consommation est le principal levier de croissance avec 65% du PIB, même si celui des exportations (25%) demeure le plus dynamique. Le secteur des services est le plus important du pays et représente deux tiers de l'activité économique, le reste de l'activité reposant principalement sur une production industrielle tournée vers la demande extérieure. Dans l'absolu, l'industrie mexicaine est dominée par une production à destination du marché intérieur, même si ses secteurs les plus dynamiques sont tournés vers l'exportation (automobile, électronique, machine-outils). Et tandis que les investissements ont atteint une progression à deux chiffres dans la plupart des pays d'Amérique latine, ils ont à peine augmenté de 3% au Mexique." "En termes simples, cela signifie que les investissements n'ont pas suscité de reprise économique significative car le Mexique souffre toujours de surcapacités. On observe néanmoins une reprise de la demande intérieure. Les ventes au détail ont augmenté sur les sept derniers mois consécutifs, et l'activité économique (IGAE - Indicador Global de la Actividad Economica) a indiqué une croissance de 5,8% en novembre en glissement annuel avec une progression constante dans le secteur des services alors que la balance commerciale de décembre indiquait un bond de 15% en glissement annuel dans les importations de produits alimentaires." "Parmi les facteurs clés essentiels pour soutenir la croissance figurent la hausse du crédit et l'emploi, qui continuent tous deux de progresser, en dépit de quelques signaux d'avertissement. Après une période de tassement à 30% sur deux ans, le crédit au secteur privé est reparti à la hausse avec +3% au troisième trimestre 2010. La dette globale au Mexique demeure sous la barre des 15% du PIB. L'emploi a progressé (+3,6% depuis le premier trimestre 2010), même si la qualité de l'offre demeure médiocre (ce sont surtout des emplois non qualifiés payés au salaire minimum qui ont été créés au dépend des plus haut revenus), et concentrés essentiellement dans l'économie informelle." "Avec en perspective une augmentation de la croissance américaine en 2011, le Mexique devrait en bénéficier tout en gardant son inflation sous contrôle. Compte tenu des perspectives positives pour les exportations, du rebond de la demande intérieure, et d'une période pré-électorale souvent synonyme de reprise des investissements, nous nous attendons à une croissance du PIB de l'ordre de 4% pour 2011. Alors que de nombreux autres pays latino-américains se retrouvent devant un dilemme consistant à devoir limiter l'appréciation de leurs devises tout en combattant l'inflation, l'écart de production toujours négatif du Mexique plaide pour un maintien du taux directeur à son niveau actuel." "Le cycle de resserrement monétaire ne devrait commencer qu'à partir du premier trimestre 2012. En cas d'accélération soudaine de la croissance, ce cycle pourrait être alors avancé. Cependant, les prévisions en matière d'inflation restent solidement ancrées à 3,6% par an. Une économie plus forte associée à des taux d'intérêt bas devrait être positive pour les marchés locaux mexicains. Cette opinion est confortée par l'inclusion du Mexique dans l'Index Mondial des Emprunts d'Etat créé par Citigroup (octobre 2010). Cela devrait être un facteur supplémentaire d'appréciation du peso mexicain (MXN) au cours des prochains mois, d'autant plus que la mise en place de mesures de contrôle des mouvements de capitaux semble peu probable." AUT/ALO