Une correction des actifs risqués à attendre (A. Edwards)

21/02/2011 - 15:22 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Selon la nouvelle pensée collective, l'économie chinoise ne s'effondrera pas comme celle des Etats-Unis en 2008. La Grande Modération, qui caractérise l'environnement économique chinois, dure depuis si longtemps que l'opinion générale s'attend à ce qu'elle se poursuive jusque dans un futur indéfini. Dans les marchés développés, malgré les deux chutes massives du marché boursier en dix ans, le deuxième épisode d'assouplissement quantitatif a porté l'optimisme des analystes à de nouveaux plus-hauts records", note Albert Edwards de SG Cross Asset Research. "L'optimisme tant des économistes que des analystes a aujourd'hui atteint des niveaux extrêmes rarement enregistrés. Nous attendons donc une certaine correction des actifs risqués, mais s'agira-t-il uniquement d'une correction technique au sein d'un marché haussier pour les actifs risqués ou bien de tout autre chose ? Pour ma part, j'assimilerais l'ensemble du mouvement haussier du marché actions depuis 2009 à un rally de marché baissier qui, à un moment donné, retombera fortement." "Les investisseurs semblent avoir oublié, que dans un monde d'après-bulle, les récessions tendent à se faire plus fréquentes. Au Royaume-Uni par exemple, je suis quasiment persuadé que le resserrement budgétaire nous conduira à nouveau vers une récession, sans compter désormais la probabilité croissante que la Banque d'Angleterre augmente prochainement ses taux d'intérêt. Ce sont toutefois la Chine et les marchés de matières premières qui m'inquiètent le plus. Nombreux sont ceux qui semblent avoir oublié à quel point l'effondrement des prix au second semestre 2008 a été pernicieux ; en fait, ils ont tout simplement oublié à quel point la pensée collective de l'époque était, bien qu'erronée, très convaincante." "Des observateurs bien plus intelligents que moi paraissent presque convaincus que la bulle chinoise finira par décevoir. Récemment, je lisais une note d'Edward Chancellor de GMO intitulée Entranced by China's Bubbling Economy (Financial Times du 7 février). Il souligne que les bulles peuvent être identifiées avant qu'elles n'éclatent en utilisant des outils de valorisation élémentaires. La Chine réunit toutes les caractéristiques d'une bulle réellement significative, la valeur du marché du logement devant excéder 350% du PIB cette année, niveau similaire à celui du Japon, à l'apogée de sa bulle immobilière en 1990. La construction représente environ un quart de l'activité économique chinoise, soit comme Edward Chancellor l'a fait remarquer, un niveau similaire à celui enregistré par l'Irlande avant sa crise majeure." "Dans le même temps, les déséquilibres extérieurs majeurs découlant de la détente des politiques monétaires qui a ruiné les économies des Etats-Unis, du Royaume-Uni et les économies périphériques de la zone euro persistent. Le déficit commercial chinois vis-à-vis des Etats-Unis a atteint de nouveaux sommets en 2010. A de nombreux égards, la persistance d'excédents commerciaux massifs en Chine, en Allemagne et au Japon suggère que rien n'a vraiment changé. Si l'implosion économique dans les pays endettés a pu être évitée, c'est uniquement parce que le secteur public a pris le relais du surendettement du secteur privé. La solution apportée à l'endettement croissant du secteur privé a été la multiplication de la dette et la monétisation de celle-ci. Les véritables problèmes ont été tout simplement écartés." "Quoi qu'il en soit, au moins une position du consensus a bel et bien mordu la poussière. Les marchés émergents ont connu ces dix dernières années une ascension fulgurante car ils étaient bon marché. Comme toujours, cependant, cette surperformance a été extrapolée dans le futur. La pensée collective a une nouvelle fois échoué." AUT/ALO