Risque de transmission de l'inflation et discours haussier de la BCE

24/02/2011 - 10:42 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Au cours de ces derniers jours, la liste des membres de la BCE tenant des propos plutôt hawkish s'est allongée au point qu'Yves Mersch laisse entendre qu'il ne serait pas surpris si ses collègues membres de la BCE lors de la réunion monétaire de la semaine prochaine soulignent que les risques sur la stabilité des prix ne sont plus équilibrés mais orientés à la hausse maintenant. Outre Y. Mersch, L. Bini Smaghi, N. Wellink et J. Stark se sont exprimés ces derniers jours pour mettre en garde conte les risques inflationnistes liés à la hausse des matières premières", note Natixis. "En particulier, J. Stark et N. Wellink considèrent que la politique monétaire est actuellement accommodante et qu'une normalisation est nécessaire à mesure que les marchés financiers et l'économie s'améliorent. J. Stark considère que la croissance européenne est auto-entretenue et que les matières premières risquent de rester élevées face à une croissance forte dans les pays émergents. Un tel environnement couplé à une liquidité abondante risque de se traduire par une inflation plus élevée." "Dans ce contexte, N. Wellink se déclare prêt à relever les taux directeurs dans les prochains mois si cela s'avère nécessaire, et ce malgré les difficultés de refinancement des banques des pays périphériques. Pourtant, les derniers chiffres d'inflation relatifs à janvier en France et en Italie s'avèrent être plus faibles que prévu, ce qui devrait entrainer une révision à la baisse de l'inflation européenne à 2,3% au lieu de 2,4% et l'inflation de février pourrait même s'afficher à 2,2%. A ce titre, l'inflation flash de février sera suivie avec attention la semaine prochaine." "Que s'est il donc passé depuis la dernière réunion monétaire de la BCE pour expliquer un tel durcissement de ton de nombreux membres de la BCE ? De fait, la seule nouvelle d'importance depuis la dernière réunion monétaire réside dans la poursuite de la hausse de cours des matières premières que la BCE suit avec attention selon J. Stark." "Sur fond de crise des pays arabes, les cours du pétrole ont en effet franchi le cap des 111 dollars le baril, mais les cours des autres matières premières notamment agricoles (maïs, sucre) sont passées bien au-dessus de leur plus haut de 2008. De même, le coton et le cuivre sont sur des plus hauts historiques. Dans ce contexte, les membres de la BCE redoutent de plus en plus les risques de transmission (pass through) de la hausse de ces prix aux autres biens de consommation (hausse du coton donc hausse du textile, etc)." "La question est de savoir quel va être le comportement de marges des entreprises à court/moyen terme si les cours des matières premières demeurent élevés. Pour l'heure, les entreprises n'ont pas transmis la hausse de leurs coûts de production dans leurs prix de ventes mais cette situation n'est pas soutenable sur le moyen terme selon la BCE, d'où la rhétorique hawkish actuelle." "Aussi, il n'est pas certain qu'une inflation plus faible en février soit en mesure de changer leur rhétorique hawkish actuelle. Et à ce titre, les anticipations de hausse des taux se sont renforcées de nouveau, le marché reflétant plus de 50pbs de hausse du taux repo d'ici la fin de l'année. Cela n'a pas manqué d'entrainer l'euro à la hausse, un moyen peut être pour la BCE de limiter l'inflation importée et par là, la hausse des prix à la consommation." "Pour autant, nous continuons à penser que l'inflation européenne diminuera dans les prochains mois et en particulier au second semestre et que donc un resserrement monétaire nous paraît peu probable. L'euro aura donc du mal à progresser davantage sachant que les comptes spéculatifs sont déjà très long d'euro et que le dollar pourrait être soutenu à la fois par la hausse de l'aversion au risque (crise libyenne) et par un renforcement des anticipations de hausse de la Fed face à l'amélioration du marché du travail, les chiffres de l'emploi de février étant publiés la semaine prochaine. L'EURUSD restera ferme autour de 1,37 avant la réunion de la BCE mais devrait rechuter par la suite notamment avant les chiffres d'emplois américains." AUT/ALO