Le renchérissement des matières premières alimente l'inflation

25/02/2011 - 23:48 - Sicavonline

Hervé Liévore, stratégiste chez AXA Investment Managers, estime que les prix sont désormais sur une tendance haussière, du fait de la hausse des cours des matières premières. Si le renchérissement de ces matières premières devrait décélérer au second semestre 2011, d'autres éléments, tels que la non coordination des politiques monétaires, ainsi que l'évolution des coûts salariaux en Chine, pourraient tirer le niveau général des prix vers le haut.

« En décomposant l'évolution des prix des matières premières entre une tendance longue d'une part et un cycle court d'autre part, le pic cyclique semble s'approcher, surtout pour les produits agricoles », juge Hervé Liévore, stratégiste chez AXA Investment Managers. « Pour ces derniers, la réaction de l'offre par rapport au signal des prix devrait se faire sentir dans le courant de la prochaine saison 2011/2012, et les conditions météorologiques exceptionnellement défavorables depuis un an ont peu de chances de se reproduire dans les mêmes proportions. Pour les produits cycliques, le niveau élevé des prix et la sortie probable des politiques économiques ultra-accommodantes dans le courant du 2S11 devraient finir par peser sur la demande (l'effet prix finira par l'emporter sur l'effet revenu, même en Chine) et donc contribuer à stabiliser les marchés. L'or est dans une autre dimension, profitant des nombreuses sources d'incertitudes du moment mais souffrant potentiellement de la remontée des taux réels. » « Par-delà la dynamique cyclique, il apparaît de plus en plus que la tendance longue des prix est désormais haussière, alors qu'elle était stable auparavant. Cette tendance se retrouve dans l'évolution relative des composantes alimentaires et énergétiques des indices de prix à la consommation par rapport aux autres composantes », précise Hervé Liévore. « De 1985 à 1999, l'inflation totale a été supérieure à l'inflation hors alimentation et énergie 27 % du temps. Depuis 2000, le ratio est passé à 77 %. » « Tant que les prix des matières premières suivaient une tendance stable, le concept d'inflation sous-jacente faisait sens car la volatilité sur les matières premières introduisait un bruit temporaire, que les industriels pouvaient effacer par une couverture appropriée, évitant ainsi la propagation aux autres prix « , note le stratégiste de chez AXA Investment Managers. « Mais si la tendance cesse d'être stable et s'oriente à la hausse, et si les gains de productivité sont insuffisants pour compenser cette hausse, alors la pression sur la structure d'ensemble des prix change de nature. En 2007-2008, les constructeurs automobiles et les compagnies aériennes avaient en partie répercuté la hausse de leurs coûts aux consommateurs finaux, malgré la pression concurrentielle forte qui caractérise ces industries. » Hervé Liévore ajoute que « si un répit peut être espéré au [second semestre] sur le front de l'inflation par les coûts, il ne saurait être que provisoire et ne doit pas masquer deux autres facteurs clés pour l'évolution de l'inflation : la non coordination des politiques monétaires et l'inconnue que représente l'évolution des coûts salariaux en Chine. »

© Synapse. Les contenus (vidéos, articles) produits par Synapse font appel à des journalistes professionnels. Ils ne constituent pas des conseils en investissement ou des recommandations personnalisées. Le diffuseur n'a participé ni à l'élaboration de ce contenu ni à la sélection des valeurs/fonds mentionnés. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. L'investissement sur les marchés comporte un risque de perte en capital et aucune garantie de gain ne peut être octroyée.