JP Morgan AM conserve sa stratégie privilégiant les actifs risqués

28/02/2011 - 17:06 - Option Finance

(AOF / Funds) - "La propagation de la violence au Moyen-Orient a bouleversé l'environnement boursier la semaine dernière. Le pétrole a grimpé à l'annonce de l'extrême violence de la répression en Libye par un régime désireux de s'accrocher coûte que coûte au pouvoir. Les marchés actions ont chuté, on a observé une fuite vers la qualité sur les marchés obligataires, et les traditionnelles devises refuges ont progressé, à l'image du franc suisse et du yen, avant un rebond des actions vendredi", notaient les analystes de JP Morgan AM. "Plusieurs questions nous ont été posées à propos de l'impact de la situation au Moyen-Orient pour l'activité économique et les actifs risqués. Il n'existe pas de réponse claire compte tenu de la fluidité de la situation et de l'incertitude entourant l'éventuelle propagation des violences. Sans revendiquer d'expertise géopolitique, les derniers événements peuvent être mis en perspective." "En termes réels, le pétrole est proche d'un record absolu. Selon les données historiques de la revue statistique sur l'énergie dans le monde de BP (juin 2010) mises à jour pour refléter l'évolution récente des prix, à 110 dollars le baril (s'il se maintient à ce niveau), le Brent afficherait son prix corrigé de l'inflation le plus élevé depuis 1864. En valeur réelle, le prix du brut excéderait les pics de 2008 (lorsque le prix au comptant s'était hissé à 150 dollars le baril) et de 1980 (après la chute du Shah d'Iran). Cette comparaison suppose que le pétrole reste au niveau actuel, ce que les Saoudiens affirment vouloir empêcher en augmentant la production." "La Libye produisait 1,6 million de barils/jour jusqu'aux interruptions de production ces derniers jours. L'Europe est affectée car elle importe 21% de son pétrole d'Afrique, dont la moitié en Libye. En 2009, la Libye comptait pour 3,3% des réserves prouvées mondiales de pétrole (0,3% pour l'Egypte). Au plan historique, cette situation peut-être comparée à celle de l'Iran qui représentait en 1980, 8,7% des réserves mondiales de brut. Aussi, pour que la situation actuelle reste gérable au regard de son impact économique potentiel, les marchés vont croiser les doigts pour que l'agitation ne gagne pas l'Arabie Saoudite (20% des réserves totales), l'Iran (10%), l'Iraq (9%), le Koweït (8%) ou les Emirats Arabes Unis (7%)." "L'impact de la hausse du prix du pétrole sur le PIB réel mondial est incertain. En règle générale, il est dit qu'une hausse (durable) de 10 dollars le baril ampute la croissance mondiale d'environ 0,5%. Selon un courtier sell-side, historiquement, il tend à y avoir un effet négatif sur l'activité lorsque la consommation mondiale de pétrole atteint 5,5% du PIB. Il estime également que ce risque se concrétiserait si le pétrole franchissait 120 dollars le baril. Cependant, l'économie mondiale connaît une solide reprise à en juger par les dernières statistiques économiques, ne serait-ce qu'au cours de la semaine dernière." "De plus, l'économie américaine continue de surprendre agréablement, l'indice de surprise économique de Citigroup étant au plus haut depuis 2008. L'étonnante résistance des marchés. Malgré les turbulences au Moyen-Orient, les marchés ont été remarquablement optimistes. Imaginons les stratégies qu'aurait pu mettre en oeuvre le directeur des investissements (CIO) fictif d'un important hedge fund macro. Si, le 1er janvier 2011, il avait prédit la révolution et le renversement du président en Tunisie, la propagation à l'Egypte et le départ contraint du président Moubarak, puis les mouvements de protestation à Bahreïn et en Libye, il est probable que le risque de ses portefeuilles aurait été nettement réduit." "Ce CIO imaginaire aurait pu ne pas être surpris par la hausse de 8% du prix du pétrole, mais il l'aurait été par l'appréciation modeste de 13 points de base des rendements obligataires américains. La volatilité s'est envolée avec une hausse de 20% de l'indice Vix depuis le début de l'année. Pourtant, les marchés actions enregistrent une hausse, tant en février que depuis le 1er janvier, hormis en Asie (sur fond d'inquiétudes envers une surchauffe en Chine)." "Nous attendons depuis un certain temps la fin de ce que nous considérons être un rallye de marché baissier, entamé en mars 2009. Ainsi, nous pensons que les indices finiront par atteindre un plafond, mais nous ne sommes pas convaincus que la semaine passée ait marqué ce pic. Peu de signes laissent entrevoir un mouvement baissier plus large des actifs à risque. Les sources de préoccupation sont nombreuses sur les marchés et l'intensification de l'incertitude à l'égard du Moyen-Orient pourrait marquer le début d'une phase plus néfaste pour les marchés et l'économie mondiale." "Mais, pour l'heure, nous conservons notre stratégie consistant à privilégier les actifs risqués. La revanche des électeurs en Europe. Les Irlandais avaient rendez-vous avec les urnes vendredi, fermement décidés à en croire les sondages à chasser du pouvoir le parti du Fianna Fail. Il est encore trop tôt pour savoir qui formera le prochain gouvernement, mais la saga irlandaise est instructive. Les problèmes initiaux de l'Irlande et de la zone euro étaient liés : le problème de compétitivité a conduit à un potentiel problème de liquidité dans le système bancaire irlandais qui, par la suite, à suscité des inquiétudes à l'égard de la solvabilité budgétaire." "Nous avons craint qu'à moins d'un environnement extérieur favorable (sous la forme d'une demande mondiale soutenue et d'une dépréciation de l'euro), il y ait toutes les chances que la seconde phase de la crise s'accompagne de nouveaux tours de vis budgétaires. L'Irlande étant déjà passée par cette phase il y a quelque temps, les élections de vendredi n'auraient été intéressantes que si elles avaient marqué le début de la troisième, et sans doute dernière, phase de ce feuilleton. A savoir, une moindre volonté politique de s'engager dans de nouvelles années de rigueur budgétaire pour restaurer la compétitivité et la solvabilité du pays." "Si cela se produisait, les investisseurs auraient à s'inquiéter d'une potentielle restructuration ou d'un défaut. La politique dans la zone euro pourrait revêtir un aspect essentiel pour les investisseurs. Avec six autres élections régionales après Hambourg, les électeurs allemands pourraient essayer de dissuader le gouvernement d'accroître le financement des pays périphériques de la zone euro via l'élargissement du Fonds européen de stabilité financière (FESF). Des élections sont aussi prévues aux Pays-Bas et en Finlande cette année, lesquelles pourrait contribuer à renforcer l'incertitude entourant la taille et le champ d'action du FESF. Même si le sentiment économique s'est récemment amélioré en Europe, les investisseurs seraient bien avisés de suivre avec attention la tournure des événements sur le front politique." AUT/ALO