Rendements obligataires positionnés pour une progression prolongée

01/03/2011 - 15:33 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Le changement le plus important constaté depuis le début de l'année 2011 est la transition de la croissance vers la valorisation. Pourquoi ? Nous avons identifié deux facteurs fondamentaux de ce changement, en plus de l'intérêt excessif des investisseurs pour les titres growth. L'économie mondiale est en voie de reprise et les craintes déflationnistes ont disparu, incitant les investisseurs à acheter des titres growth/cycliques à n'importe quel prix. Les rendements obligataires explosent, même au sein de pays refuge tels que l'Allemagne", note Dexia AM. "Les rendements obligataires pourraient corriger leur boom de 2008/2009, raison pour laquelle ils sont positionnés pour une progression prolongée. Il est également juste d'affirmer que les paniers composés de titres value ne sont actuellement pas constitués d'entreprises volatiles et de faible qualité, comme ce fut le cas de 2004 à fin 2008." "Aussi, les titres value ne sont plus considérées comme un substitut de faible qualité. La surperformance des titres value a probablement surpris de nombreux investisseurs. Or elle se justifie. L'actualité favorable au sein des économies développées (Etats-Unis, Allemagne) ces derniers mois, ainsi que les propos plus optimistes des autorités européennes au sujet de la crise de la dette souveraine, semble avoir renforcé la confiance du marché vis-à-vis du cycle économique." "En effet, l'indice du climat des affaires Ifo a atteint récemment un sommet historique (alors que l'indice Zew des taux des obligations souveraines allemandes a chuté) et la corrélation moyenne entre les performances des actions et l'évolution des spreads des obligations d'entreprises est en baisse par rapport aux niveaux très élevés de décembre. Dans ce contexte, les investisseurs procèdent finalement à des rotations en faveur des titres value, qui enregistrent traditionnellement une performance satisfaisante à cette étape du cycle." "Au cours des trente dernières années, l'indice MSCI Europe Value a toujours surperformé l'indice MSCI Europe Growth au cours des douze mois qui ont suivi un pic du taux de chômage américain (tel que celui enregistré fin 2010). Quand les craintes concernant la croissance économique s'apaisent, les titres value reviennent au devant de la scène et commencent à surperformer." "De manière générale, nous pouvons affirmer que le marché cyclique haussier de 2004 à 2008 fut imputable aux titres value, alors que les titres growth ont surperformé les titres value depuis la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008. La surperformance des titres value entre 2004 et 2008 concorde avec le fait que les investisseurs n'ont pas remis en question la pérennité de la reprise économique mondiale sur la période, même si certains grands déséquilibres, notamment sur le marché du logement américain, devaient survenir." "En revanche, cette surperformance se justifiait, dans la mesure où les titres value sont perçus comme des entreprises de faible qualité et endettées, florissantes en cas d'abondance de liquidité et de crédit. Quand le climat économique se dégrade et que le crédit est limité, les titres value rencontrent des difficultés et les investisseurs s'orientent vers les titres growth. Apparemment, en raison de la tempête financière qui s'est abattue sur les marchés de 2008 à 2009, les craintes étaient beaucoup plus fortes qu'au cours de la période 2004/2008, une période dans l'ensemble beaucoup plus stable." "Les craintes déflationnistes de 2009 et de la plupart de l'année 2010 ont perturbé le rapport entre ces deux styles. Dans la mesure où la croissance était manifestement rare sur cette période, les investisseurs ont investi leurs liquidités dans les valeurs qui affichaient une croissance durable. D'après nous, la récente (et temporaire ?) transition des titres growth (cyclique) vers les titres value est une sorte de retour à la moyenne, qui n'a rien d'extraordinaire." "Depuis un certain temps, nous mettions en garde les investisseurs contre le consensus de marché, qui affirmait que 2011 serait dans la lignée de 2010 et que les investisseurs extrapoleraient les divergences extraordinaires de 2010. La réflexion binaire extrême qui était de rigueur en 2010 n'a finalement plus cours, et le leadership de marché est devenu comme prévu plus diversifié. La prédilection pour les titres growth était devenue exagérée et l'écart entre les titres value et les autres étaient devenus extrêmes. Une correction est donc parfaitement normale." "Cette rotation entre la croissance et la valorisation va-t-elle durer ? Nous pensons que oui, au moins pendant le premier semestre de l'année. Il est clair que de nouvelles craintes de récession en double creux et de débâcle de la dette souveraine pourraient mettre rapidement un terme à la surperformance des titres value. Un recul de l'appétit pour le risque, provoqué par les problèmes persistants de la dette souveraine, pourrait entraîner une nouvelle surperformance des titres growth. En revanche, notre scénario central ne table pas sur une nouvelle récession de l'économie mondiale." AUT/ALO