BRIC : continuer à viser des profits sur le long terme (BNPP IP)

03/03/2011 - 10:57 - Option Finance

(AOF / Funds) - Ces derniers mois, les inquiétudes inflationnistes ont largement dominé l'actualité des marchés émergents, en particulier des quatre pays BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine). En effet, l'IPC (indice des prix à la consommation de référence) s'est légèrement redressé dans ces quatre pays depuis la fin de l'été 2010. A noter, le principal facteur à l'origine de cette montée de l'inflation a été la forte augmentation de l'IPC alimentaire sur cette période", note Julien Duprat, spécialiste de l'investissement dans les marchés émergents chez BNPP IP. "L'inflation des produits agricoles atteint désormais plus de 50% en glissement annuel dans de nombreux indices cotés. Depuis novembre 2010, cette poussée inflationniste a provoqué un véritable revirement sur les marchés : tout au long de 2009 et 2010, les taux à court terme n'ont cessé de baisser sur les marchés émergents." "Les autorités monétaires assouplissaient leur politique sans se préoccuper des pressions inflationnistes, leur objectif étant de relancer durablement la croissance. Cette tendance s'est désormais clairement inversée et un certain nombre de pays émergents durcissent plus énergiquement les conditions monétaires, à l'instar de l'Inde, de la Chine, du Brésil et, dans une bien moindre mesure, de la Russie. Sans surprise, ces trois premiers pays ont largement sous-performé l'ensemble des marchés émergents au cours des trois derniers mois." "Tout d'abord, vu la très probable persistance de l'inflation au cours des deux prochains mois, nous pensons que les tendances récentes des marchés se poursuivront. Dans ce contexte, les investisseurs dans les pays BRIC devront prêter une attention particulière à leurs allocations au Brésil, à l'Inde et à la Chine à très court terme, c'est-à-dire au cours des prochains mois. Au sein des pays BRIC, notre prudence nous incite à maintenir la surpondération de la Russie, qui en dépit d'une récente reprise affiche toujours une décote de 23% (au 26 janvier) par rapport à sa moyenne de long terme." "Quelle direction les marchés suivront-ils par la suite ? D'ici environ six mois, la tendance décrite plus haut devrait s'inverser, à mesure que l'inflation des denrées alimentaires ralentira et que les mesures actuelles de durcissement des conditions monétaires commenceront à produire leurs effets. Tant que les cours du pétrole se stabilisent aux niveaux actuels (déjà relativement élevés), il n'existe selon nous aucun facteur structurel décisif susceptible de déclencher un net renchérissement des produits agricoles tel que celui que nous connaissons actuellement. Le phénomène actuel résulte essentiellement des intempéries exceptionnelles qui ont touché de nombreuses régions en 2010, et est de nature extrêmement cyclique." "En l'absence d'une recrudescence de l'inflation non alimentaire, ce qui est le cas jusqu'à présent, nous anticipons que l'inflation générale des pays BRIC culminera voire commencera à reculer d'ici le second semestre. A ce stade, les investisseurs risquent de réduire rapidement leurs allocations top-down de court terme visant à se protéger du durcissement des conditions monétaires pour se repositionner sur des investissements qui tablent davantage sur les perspectives de croissance bénéficiaire à moyen terme. Il faudra alors de nouveau privilégier les pays et les secteurs affichant les valorisations les plus attractives au regard de leurs perspectives de croissance à moyen terme." "Si la situation reste en tous points comparables à la configuration actuelle du marché, les investisseurs auraient tout intérêt à se reporter, au sein de l'univers émergent, massivement sur les pays BRIC, en particulier la Russie et la Chine, qui présentent à nos yeux les opportunités les plus intéressantes. Compte tenu des niveaux de valorisation actuels, nous sommes moins tentés de renforcer les positions sur le Brésil et l'Inde. Les perspectives à plus long terme de ces deux pays restent toutefois très encourageantes et les investisseurs devront profiter de tout repli pour renforcer leurs positions." "Au plan de la sélection de valeurs, toutes nos équipes de gestion locales ont pris en compte le scénario d'inflation actuel de façon à ajuster progressivement le portefeuille le cas échéant. En Russie, le taux d'inflation est sans surprise et n'influe pas significativement sur les résultats des entreprises (les sociétés d'exportation de pétrole et de matériaux sont les plus exposées, tandis que celles du secteur de la distribution en bénéficient). Nous continuons de surpondérer la Russie à la faveur de perspectives de croissance domestique encourageantes, tout en maintenant la sous-pondération du pétrole." "En Inde, nous sommes optimistes à l'égard du secteur bancaire, des biens de consommation de base et des technologies mais nous restons à l'écart de l'immobilier. En Chine, nous sous-pondérons les sociétés lourdement endettées compte tenu de la hausse des charges financières. Nous préférons les sociétés des secteurs de l'énergie et des matériaux situées en amont et capables de fixer leurs prix, ainsi que celles offrant un meilleur mix produits leur permettant de répercuter la hausse des coûts sur leurs prix de vente." "Nous prévoyons également que les banques chinoises bénéficieront d'une hausse de la marge d'intérêt nette lorsque le gouvernement commencera à relever les taux directeurs. Les grandes banques faisant l'objet d'une forte demande de dépôts en seront les premières bénéficiaires dans la mesure où les hausses de taux s'appliquent généralement aux prêts et aux dépôts à terme." "Dans le secteur des télécommunications, nous prévoyons que l'inflation n'aura pas un impact significatif sur les bénéfices des prestataires de services. Les coûts des inputs de ces prestataires concernent pour l'essentiel des biens d'équipement : par conséquent, il est peu probable que l'inflation pèsera lourdement sur leurs bénéfices. Le taux d'abonnement aux smart phones augmente depuis l'année dernière, ce qui a entraîné une hausse du revenu moyen par utilisateur. Cette hausse devrait largement compenser toute augmentation éventuelle des coûts opérationnels induite par l'inflation." "Au Brésil, certains grands secteurs sont structurellement protégés contre une poussée inflationniste. C'est notamment le cas des fournisseurs d'énergie et des exploitants de routes à péage dont les revenus sont déjà en grande partie indexés sur l'inflation historique. Les centres commerciaux devraient également tirer leur épingle du jeu, tandis que les producteurs de matières premières devraient bénéficier d'une hausse de l'inflation mondiale. En revanche, nous prévoyons que les banques brésiliennes resteront sous pression dans la mesure où la montée de l'inflation incitera les autorités à durcir leur politique monétaire, ce qui ralentira le rythme de croissance du crédit des banques commerciales." "Le gouvernement brésilien semble d'avis que la solution classique consistant à relever les taux d'intérêt pour contenir l'inflation pourrait être contre-productive : en effet, toute hausse des taux pourrait se traduire par une augmentation des afflux de capitaux dans le pays, ce qui a déjà posé de nombreux problèmes. Par conséquent, il pourrait prendre d'autres mesures d'ordre macroéconomique comme le relèvement des réserves obligatoires pour les dépôts à terme, ce qui aurait pour effet de pénaliser les banques. La reprise de l'inflation aura également une incidence négative sur les sociétés excessivement endettées, la hausse des taux d'intérêt venant alourdir leurs charges financières et grevant leurs bénéfices." "Nous pourrions également rester à l'écart des secteurs dans lesquels la concurrence est vive, en particulier les compagnies aériennes et les sociétés immobilières qui ciblent les ménages à faibles revenus et les entreprises de vente de détail proposant des produits non essentiels. Ces dernières semaines, nous avons progressivement ajusté le portefeuille en conséquence : nous avons ainsi réduit notre exposition aux valeurs financières et au secteur de la distribution et renforcé certaines de nos positions dans le secteur de l'énergie et de l'industrie." "L'argumentaire d'investissement en faveur des pays BRIC reste intact à la faveur de perspectives de croissance encourageantes sur le long terme : ces quatre pays représentent plus de 50% de l'ensemble de l'univers émergent et concentrent certaines opportunités d'investissement parmi les plus étendues et les plus solides. Leurs prévisions de croissance sur le long terme sont parmi les plus élevées. Ces pays ne doivent donc pas être sous-estimés et, compte tenu de leur performance relative de ces douze à dix-huit derniers mois, ils offrent aujourd'hui des niveaux d'achat attractifs pour les investisseurs dont l'objectif est de prendre position sur ces marchés ou de renforcer leur exposition à ceux-ci pour participer à leur forte croissance sur le long terme." AUT/ALO