La hausse de l'euro rend moins chères les matières premières (Natixis)

08/03/2011 - 12:01 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Le taux repo n'a pas encore augmenté que la BCE a déjà resserré les conditions monétaires en zone euro. Depuis l'annonce surprise, par Jean-Claude Trichet, d'une possible hausse des taux en avril, tous les taux ont augmenté, et l'euro a bondi contre le dollar. Les rendements des obligations allemandes de maturités courtes ont augmenté d'une vingtaine de points de base depuis jeudi dernier, et l'euro-dollar cote déjà au dessus de 1,40", note René Defossez de Natixis. "Quant aux taux monétaires, l'euribor 3 mois a bondi à 1,17%, tandis que l'OIS 3 mois n'est plus qu'à 5pb du taux repo actuel, ce qui ne lui était pas arrivé depuis longtemps. Ces taux monétaires captent évidemment la ou les toutes prochaines hausses de taux." "Beaucoup craignent que le resserrement monétaire programmé par la BCE ne constitue un coup sévère pour l'activité. C'est mécaniquement en partie vrai, puisque les coûts de refinancement pour les banques vont augmenter, ce qui va se répercuter à toute la gamme des taux pratiqués aux ménages et aux entreprises ; la hausse des taux longs va pénaliser l'investissement, déjà affecté par des perspectives de demande incertaines ; la hausse de l'euro va pénaliser les exportations." "Mais il ne faut pas oublier que le choc le plus violent, pour l'instant, c'est la hausse du prix des matières premières. A cause de celle-ci, l'inflation devient forte (4% au Royaume Uni, 2,4% en zone euro) à un moment où la progression des salaires est faible (à cause des taux de chômage élevés). Elle réduit donc le pouvoir d'achat des ménages. Or la consommation représente la part la plus importante du PIB. La hausse de l'euro n'a pas que des inconvénients. Elle constitue sans aucun doute la meilleure réponse possible au choc matières premières." "Comme le reconnaît JC Trichet, une hausse des taux directeurs ne peut guère avoir d'impact sur les prix de ces matières premières, largement déterminés par des problématiques d'offre dans les pays producteurs, et de demande dans les pays émergents. La hausse de l'euro, elle, modifie le prix du brut, et ce de manière substantielle. L'observation est bien sûr la même pour toutes les matières premières libellées en dollars." "Le change et les taux courts définissent les conditions monétaires. Si l'euro devait s'apprécier trop vite, les velléités de hausse des taux directeurs seraient moins marquées. La BCE va forcément tenir compte de cette variable change pour définir l'ampleur de la normalisation par les taux de sa politique monétaire. Cette normalisation sera de toute façon limitée, comme l'a annoncé JC Trichet." AUT/ALO