Les marchés toujours inquiets sur la stabilité budgétaire européenne

11/03/2011 - 10:28 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Les chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro se réunissent pour parler compétitivité. C'est indiscutablement un sujet intéressant, qui peut même aboutir à des décisions stabilisantes... mais sur une longue période. A court terme, les investisseurs sont davantage préoccupés par la décision des agences de rating de baisser la note de certains pays périphériques (l'Espagne hier, ndlr)", note René Defossez de Natixis. "Ils craignent que les décisions qui seront annoncées les 24 et 25 mars prochains, destinées à mettre un terme à la crise de l'euro, s'avèrent décevantes (les commentaires faits par certains responsables européens depuis quelques temps ne prêtent en effet pas à l'optimisme)." "Ils cherchent aussi à évaluer l'impact que peut avoir l'annonce de la BCE d'une première hausse des taux en avril (a priori, cette annonce tombe mal, puisque la croissance européenne, toujours fragile et peu créatrice d'emplois, subit déjà depuis quelques mois un choc matières premières). En tendance, faute d'informations, les investisseurs continuent donc de bouder les dettes périphériques, et d'imposer des primes très sévères au Portugal notamment." "En deux mots, la zone euro est actuellement tout sauf homogène. Les performances en matière de croissance sont très différentes d'un pays à l'autre, avec en haut de tableau l'Allemagne qui affiche un PIB en hausse de 4% en GA au T4 2010, et en bas de tableau la Grèce dont le PIB recule de 6,6%. Cette divergence des performances va en s'aggravant, comme le montre l'évolution de la disparité des taux de chômage. Elle est notamment alimentée par le fait que ce sont les pays les plus fragiles qui sont obligés de réaliser les plus gros efforts de réduction des déficits budgétaires (en 2010, le déficit allemand était de 3,5%, celui de l'Irlande de 10,3%. L'Allemagne peut se contenter de sa forte conjoncture pour revenir sous 3%)." "La zone euro n'est pas une zone monétaire optimale, et ne respecte d'ailleurs pratiquement aucun des critères d'optimalité (mobilité du travail et du capital, intégrations fiscale et politique, flexibilité des prix et salaires. Sur ce dernier point, certains pays, comme la Belgique et le Luxembourg, refusent de remettre en cause l'indexation des salaires sur les prix)." "Les mesures prises jusque là ont surtout consisté à aider les pays en difficulté à se financer (plan d'aide de la Grèce, EFSF dont profite l'Irlande). Un premier niveau d'amélioration de propositions pourrait concerner les conditions des aides : on peut en particulier imaginer une baisse sensible des taux pratiqués via les plans d'aide (5,8% pour l'Irlande). On peut aussi imaginer un rééchelonnement du remboursement de ces aides, comme suggéré par A. Merkel (qui se dit d'ailleurs prête à soutenir des taux plus bas)" "Un deuxième niveau d'aides consisterait à réduire le stock de dettes des pays périphériques via des hair cuts (plusieurs solutions ont été proposées dans ce sens). Mais ces deux niveaux d'aide ne répondent pas au fond du problème, à savoir la non-optimalité de la zone euro et donc sa sensibilité aux chocs asymétriques. Le troisième niveau serait une plus grande intégration budgétaire, avec à la clé des émissions communes d'e-obligations. Mais ce niveau, qui serait le seul susceptible de stabiliser durablement la zone, semble encore relever de la politique fiction. L'Allemagne a rappelé aujourd'hui son hostilité aux e-obligations." AUT/ALO