Hausse des taux : un message de la BCE aux gouvernements

11/03/2011 - 19:21 - Sicavonline - Vincent Bezault
Hausse des taux : un message de la BCE aux gouvernements

La hausse des taux, également un message de Jean-Claude Trichet et de la BCE aux Etats

La BCE se dirige vers une normalisation de sa politique monétaire. Dans son dernier communiqué, la Banque Centrale Européenne laisse clairement entendre qu'elle relèvera ses taux directeurs lors de son prochain conseil des gouverneurs en avril. Les motivations ne manquent pas pour légitimer ce resserrement monétaire. L'économie, en dépit de faiblesses persistantes, n'est plus déprimée et les tensions sur les prix s'accroissent avec l'envolée des matières premières. Mais pour Bruno Cavalier, chef économiste d'Oddo Securities, la BCE entend aussi adresser un message aux Etats.

C'est à présent une quasi-certitude. La Banque Centrale Européenne (BCE) portera ses taux directeurs de 1 % à 1,25 % en avril. Une décision qui se justifie par la sortie de récession de l'économie de la zone euro et des tensions sur les prix croissantes qui requièrent de la part de l'institution monétaire une « forte vigilance ». Mais Bruno Cavalier, le chef économiste d'Oddo Securities, croit déceler dans le changement de ton de la banque centrale une autre motivation moins formulable mais tout aussi prégnante. Une motivation politique. « En relevant ses taux directeurs, la BCE adresse aussi probablement un message aux gouvernements européens qui l'ont prise en otage depuis un an, » estime l'économiste d'Oddo Securities. « Asphyxiés par l'énormité de leurs problèmes budgétaires et confrontés du coup à des difficultés extrêmes pour se refinancer, les Etats ont dans une certaine mesure contraint la BCE à racheter de la dette publique. La Banque Centrale Européenne s'est résolue à cette extrémité, tout d'abord, parce qu'aucune autre institution n'était capable de le faire, ensuite, parce qu'elle a un grand sens des responsabilités, et enfin, parce que cette solution ne devait être que temporaire. » « Il était entendu que le répit ainsi gagné devait permettre la mise en œuvre de solutions plus permanentes relevant de la politique budgétaire des Etats ; autrement dit, ceux-ci devaient remettre de l'ordre dans leurs finances publiques et de nouvelles structures et de nouvelles règles devaient voir le jour afin de remettre à plat la gouvernance économiques de la zone euro et de flexibiliser les dispositifs de soutien aux pays en difficulté. Or, on s'aperçoit que les considérations nationales et politiciennes l'emportent sur une vision politique d'ensemble, » déplore Bruno Cavalier. En relevant ses taux, la BCE enverrait donc, selon lui, un message très clair aux gouvernements de la zone euro : « Mon job, c'est la politique monétaire. Mes responsabilités, je les ai assumées et je vais continuer de les assumer. Par contre tout ce qui ne relève pas d'elles, j'arrête. » « Et par conséquent,» poursuit Bruno Cavalier, « si la BCE considère que l'environnement nécessite une hausse des taux elle les relèvera. Et si ces hausses de taux aboutissent à des coûts de financement plus élevés pour les Etats, à charge pour ceux-ci de réduire leurs besoins de financement, avec les politiques qui s'imposent. Mais cela, ce n'est pas de son ressort. »

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