La nature du choc pétrolier décidera de l'évolution des taux à court terme

11/03/2011 - 18:29 - Option Finance

(AOF / Funds) - "En 2008, le choc pétrolier n'a pas été provoqué par une réduction de l'offre, mais par une augmentation insuffisante de la production conjuguée à une faible élasticité de la demande (Chine). Aujourd'hui, nous sommes à l'évidence dans une situation de perturbation de l'offre. L'Arabie Saoudite dispose de capacités excédentaires permettant de compenser toute baisse de la production à court terme. Les choses vont-elles se passer ainsi ?", s'interroge Natixis. "Au cours de la dernière décennie, le monde a connu un choc de demande asiatique fort et structurel, partiellement compensé par une baisse absolue de la consommation de pétrole dans les économies développées." "En termes de demande de pétrole, ce sont les revenus qui comptent plus que l'élasticité prix. On estime que l'élasticité à court terme de la demande est très faible. Une faible élasticité prix se traduit donc par une augmentation de un pour un de la part du pétrole et des matières premières et des revenus." "Aux Etats-Unis, la consommation de produits pétroliers est déjà proche de son niveau d'avant la crise de 2008 : la conséquence pourrait ne pas être linéaire, étant donné que la hausse pourrait provoquer une baisse de la demande dans d'autres secteurs (basculement de la demande). L'évolution des salaires est donc un élément essentiel : en cas d'indexation des salaires, le choc pétrolier sera inflationniste mais n'aura pas d'impact sur la croissance à court terme. La réaction la plus probable des autorités monétaires sera de relever les taux. C'est l'histoire des pays émergents." "Si les salaires ne sont pas indexés, le prélèvement pétrolier aura un effet récessif. La hausse des prix du pétrole provoquera une hausse des prix (effet de premier tour) et une baisse des salaires réels (en termes de pouvoir d'achat). C'est l'histoire des pays dits avancés. Si la BCE considère que l'indexation des salaires constitue en effet le deuxième tour, on peut craindre une hausse des taux. C'est ce que J-C Trichet a suggéré le 3 mars 2011. La BCE pourrait-elle rééditer son erreur de juillet 2008, fondée sur le principe de séparation entre la fourniture de liquidités et la gestion des taux ?" "La Fed pense que le choc pétrolier ne durera pas. Même si notre scénario central reste le statu quo, à la fois pour la BCE et la Fed, les tensions sur le segment de la courbe de l'EUR pourraient provoquer une nouvelle hausse de l'EUR/USD à court terme." "La relation inflation - hausses de taux - appréciation des devises des pays émergents, n'est pas directe. Les investisseurs étrangers peuvent s'inquiéter de l'impact négatif d'un important resserrement de la politique monétaire sur la croissance du PIB. De plus, de nombreux pays ont libéralisé les prix de l'essence et l'impact sur la croissance pourrait donc se faire sentir plus rapidement qu'en 2008. La sous-performance des marchés actions asiatiques reste une énigme." "Les politiques monétaires vont déterminer les taux de change dans le sillage du choc pétrolier. Toutefois, la nature du choc (temporaire ou durable) ainsi que l'évolution des salaires décideront de l'évolution à court terme des taux d'intérêt. La BCE va, comme en 2008, décider de relever les taux et provoquer une nouvelle hausse de l'EUR/USD. L'impact sur les pays émergents où l'inflation a déjà été un problème au cours des derniers mois n'est pas direct, alors que la croissance pourrait être affectée par un nouveau resserrement de la politique monétaire." AUT/ALO