De brefs pics à attendre, avant une rechute (A. Edwards, SG)

16/03/2011 - 17:38 - Option Finance

(AOF / Funds) - "L'économie mondiale est gravement atteinte. Son récent rétablissement, d'un état moribond à un élan soudain de vitalité, a plus à voir avec les doses de morphine et de stéroïdes injectées dans son corps émacié qu'avec un traitement miracle. Pas besoin d'être docteur catastrophe pour prévoir le retour du patient dans un coma profond une fois l'effet des produits stimulants terminé", note Albert Edwards de SG Cross Asset Research. "Je pense que les obligations d'Etat constitueront à horizon 10 ans la classe d'actifs qui affichera les plus mauvaises performances, mais les rendements atteindront d'abord, selon moi, de nouveaux plus-bas." "Nous répétons souvent que ce n'est pas la dette publique inscrite au bilan d'environ 100% du PIB qui rend les gouvernements insolvables, mais le passif hors bilan qui représente 300-400% de PIB supplémentaires et qui sont totalement impossibles à financer. Les gouvernements feront d'une façon ou d'une autre défaut. L'inflation sera une des formes de défaut. Il existe cependant des passifs que l'inflation ne peut pas faire disparaître." "Les Etats-Unis ne peuvent pas, par le biais de l'inflation, supprimer le passif lié aux coûts non financés et ridiculement élevés de son système de santé. Ils ne peuvent que faire défaut. Mais comment ? Mon but n'est clairement pas de faire un exposé sur le dispositif de couverture santé aux Etats-Unis. Mais (...) les Etats-Unis disposent, par tête, de cinq fois plus de scanners que l'Allemagne et réalisent cinq fois plus de pontages coronariens qu'en France." "N'en déduisez pas pour autant que le service national de santé britannique (NHS, National Health Service) est à mes yeux le meilleur système du monde. Je pense au contraire que le NHS pourrait conduire notre gouvernement à la faillite. En effet, le régime de retraite du NHS, quatrième employeur du monde après Indian Railways (la compagnie de chemin de fer indienne), l'Armée de libération chinoise et Walmart, est exclusivement financé par l'impôt." "Aussi incroyable que cela puisse paraître, pas un seul penny n'a été mis de côté pour financer les futures retraites des médecins et infirmières britanniques. Ne vous inquiétez pas, ils ne sont pas les seuls. Je peux me tromper, mais je crois qu'il en est de même pour les enseignants, les fonctionnaires ou les policiers. Contrairement au secteur privé britannique, ces retraites non financées du secteur public sont totalement indexées sur l'indice et ne peuvent diminuer du fait de l'inflation, tentez de supprimer cette indexation totale sur l'indice pour les aligner avec celles du secteur privé, dont l'indexation sur l'inflation est traditionnellement plafonnée à 2,5% ou 5%, et comme en France, les travailleurs défileront dans les rues de Londres !" "Essayez un peu de faire passer le secteur public britannique d'un régime de retraite à prestations définies à un régime à cotisations définies, comme l'a fait le secteur privé dans sa grande majorité, et le Royaume-Uni plongera dans un chaos semblable à ce qu'a connu la Yougoslavie. Quoi qu'il en soit, si l'insolvabilité des systèmes de santé britannique et américain constitue un sujet intéressant, je préférerais cependant revenir à des événements plus récents." Dans une interview publiée le 26 février dans Barrons, Stephanie Pomboy de MacroMavens "fait remarquer qu'au cours des six derniers mois, la hausse de 111 milliards de dollars des salaires américains a été consacrée quasiment entièrement à une augmentation des dépenses alimentaires et énergétiques. Le contraste est évident par rapport au milieu de l'année dernière, lorsque les salaires réels ont augmenté de façon soutenue, expliquant peut-être la hausse surprenante de la consommation réelle vers la fin de l'année passée. Ses observations tendent à démontrer que le consommateur est aujourd'hui sous pression". "Nous attendons la fin de la seconde phase de l'assouplissement quantitatif en juin. Cela permettra d'y voir plus clair. L'avenir nous dira ensuite si l'économie parviendra à rester sur sa lancée en l'absence de stimulants massifs. Je fais partie de ceux qui pensent que les première et deuxième phases d'assouplissement quantitatif ont tiré le cours des actions, une tendance qui a alimenté en retour la reprise économique." "Il est toutefois surprenant de constater à quel point la corrélation entre le S&P et le bilan de la Fed est étroite. (...) le S&P se trouve légèrement en tête mais cette avance s'explique par le fait que la deuxième phase d'assouplissement quantitatif, notamment, ait été annoncée au préalable. La solidité de l'offre monétaire américaine a récemment été mise en évidence par les agrégats et l'on nous a demandé ce que cela signifiait." "J'ai une vision très simple de ces notions et j'aime confronter les données monétaires aux données relatives aux prêts bancaires. Pendant le boom, les unes et les autres affichaient une très forte croissance. Actuellement néanmoins, les prêts octroyés par les banques commerciales américaines sont peu nombreux. Il est sans doute plus facile d'observer les niveaux de prêts (plutôt que leur évolution en glissement annuel) compte tenu des changements de définition qui rendent les données en glissement annuel plus difficiles à interpréter. Les données brutes font cependant clairement apparaître une contraction des prêts bancaires. Et en excluant les achats de valeurs mobilières par les banques, ce niveau baisse de manière significative." "Tant que le désendettement de l'après-bulle ne sera pas terminé, nous serons condamnés à répéter les événements de la crise du crédit du début des années 1990. A présent, comme pendant cette période, les solides données atteindront de brefs pics pour rechuter de plus belle, surprenant une nouvelle fois les investisseurs qui espéraient une poursuite de la hausse." AUT/ALO