Bourse : une filière nucléaire durablement mise à mal

18/03/2011 - 10:32 - Sicavonline
Bourse : une filière nucléaire durablement mise à mal

Pour Bruno Vanier, co-directeur des Gestions chez Edmond de Rothschild Asset Management (EdRAM), même s'il est impossible aujourd'hui d'évaluer les dommages environnementaux de la catastrophe nucléaire de Fukushima, la filière nucléaire et les utilities auront du mal à se remettre de la remise en question de l'énergie atomique qu'elle entraîne immanquablement. A l'inverse, les valeurs d'énergie renouvelable pourraient être durablement remises en selle.

La menace nucléaire provoquée par l'arrêt des circuits de refroidissement de la centrale de Fukushima suite au tsunami ayant balayé les cotes du Japon le 11 mars a provoqué une montée généralisée de la défiance à l'égard de l'énergie atomique. Défiance qui s'est traduite en bourse par une chute brutale des acteurs de la filière. Areva, le 1er producteur mondial d'énergie nucléaire, s'est effondré de 19,74 % entre les 11 et 15 mars. EDF a dans le même temps reculé de près de 8 %. Pour Bruno Vanier, co-directeur des Gestions chez Edmond de Rothschild Asset Management, cette prise de distance des marchés actions vis-à-vis des acteurs du secteur n'est sans doute pas transitoire. « Sans préjuger de l'avenir, on sait déjà que l'accident de Fukushima est d'ores et déjà l'un des trois principaux incidents de l'histoire du nucléaire civil avec ceux de Three Mile Island en 1979 aux Etats-Unis et celui de Tchernobyl qui est survenu en Ukraine en 1986. Et le fait que l'on ait pu assister en direct sur CNN aux explosions ayant touché la centrale a marqué considérablement les esprits dans le monde entier. » Plusieurs Etats ont immédiatement réagi. « Même la Chine a annoncé le gel de son programme nucléaire, » souligne le co-directeur des Gestions d'Edmond de Rothschild Asset Management (EdRAM). Avant Fukushima, l'empire du milieu avait une soixantaine de réacteurs à l'étude ou en construction. « L'Allemagne n'a pas non plus traîné à prendre des mesures. Elle vient d'arrêter sept réacteurs, l'un définitivement tandis que les six autres le sont pendant au moins trois mois» constate Bruno Vanier, qui n'écarte pas cependant qu'il s'agisse davantage de posture que de réelles intentions si d'aventure la catastrophe nucléaire de Fukushima s'avérait relativement contenue. Il n'empêche pour ce spécialiste des marchés actions la filière nucléaire a durablement du plomb dans l'aile : « Sans intervenir dans le débat pour ou contre le nucléaire, il est indéniable qu'il y a dans cette énergie un coût qui n'était jusqu'alors pas pris en compte dans les valorisations des acteurs du secteur. Ce coût c'est celui de l'accident. Quand une marée noire survient, les dommages existent mais la nature n'a pas besoin de 1000 ans pour surmonter ce choc comme lors d'une catastrophe nucléaire. » Selon le co-directeur des Gestions chez Edmond de Rothschild Asset Management (EdRAM) ce coût d'un potentiel accident va désormais commencer à être intégré dans la valorisation des utilities. En revanche, revenir activement sur les énergies renouvelables a du sens, pour Bruno Vanier aux yeux de qui « toute la filière paraît intéressante. » « Il y a beaucoup de beaux titres dans le solaire et dans l'éolien, plusieurs sociétésd'énergie renouvelables, dont des sociétés chinoises, paraissent très prometteuses. » poursuit l'expert d'Edmond de Rothschild Asset Management (EdRAM). D'autres le pensent aussi. A la bourse de Paris, depuis que le risque d'accident de nucléaire s'est déclaré à Fukushima, le spécialiste français de l'éolien, EDF Energies Nouvelles s'est apprécié de 12,9 % (gain enregistré entre les 14 et 17 mars). Un phénomène qui pourrait ne pas être passager.

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