Japon : le marché finira par reporter son attention sur les fondamentaux

21/03/2011 - 11:38 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Alors que les investisseurs s'efforcent de comprendre l'impact à terme de ces événements tragiques sur l'économie et le marché boursier japonais, nous aimerions saisir l'opportunité qui nous est ici donnée de présenter notre analyse de la situation actuelle et des perspectives. Le 11 mars 2011 à 14h46, un séisme d'une magnitude de 9,0 sur l'échelle de Richter a eu lieu dans l'océan Pacifique, au large des côtes de l'île principale de l'archipel japonais", notait Tetsuro Miyachi, responsable du département de gestion des investissements à Tokyo de Franklin Templeton Investments. "Peu après le séisme, un tsunami dévastateur a frappé la région de Tohoku, située au nord de l'île principale de l'archipel, le long de la côte pacifique. Comme beaucoup d'entre vous ont pu le voir grâce aux rapports des médias, habitations et bâtiments ont été lourdement endommagés, et les pertes humaines ont été considérables." "Certaines sources médiatiques ont estimé le nombre des victimes à plus de 10.000. Par ailleurs, des centaines de milliers de personnes vivent actuellement dans des centres d'évacuation. La population totale des trois préfectures les plus sévèrement touchées, à savoir Miyagi, Iwate et Fukushima, est d'environ 5,7 millions d'habitants, soit l'équivalent de plus ou moins 4,5% de la population totale du Japon, qui est de quelques 128 millions d'âmes." "Outre les conséquences désastreuses du séisme et du tsunami, les accidents survenus à la centrale nucléaire n°1 de Fukushima exploitée par Tokyo Electric Power Company (Tepco) sont encore venus ajouter à l'incertitude et aux préoccupations. Cette centrale est située dans le nord de la préfecture de Fukushima, sur la côte pacifique, à 224 kilomètres de la zone métropolitaine de Tokyo. A l'heure actuelle, les habitants résidant dans un rayon de 20 kilomètres de la centrale ont été enjoints d'évacuer par le gouvernement." "Bien que des niveaux de radiations supérieurs à la normale aient été détectés à Tokyo le 16 mars à midi, ceux-ci ne sont pour l'instant pas nocifs pour l'homme. Etant donné que les dégâts subis à Tokyo, capitale du Japon et centre de l'activité économique, ont été limités, nous ne pensons pas que l'économie japonaise dans son ensemble ait été gravement affectée. Les dégâts subis par la centrale de Fukushima ont entravé la production d'électricité et des coupures de courant à tour de rôle ont été appliquées dans de larges zones de l'est du Japon depuis le 14 mars." "Selon Tepco, la capacité totale de production d'électricité de ses centrales est d'environ 65 millions de kilowatts. Actuellement, une centrale de la préfecture de Niigata, d'une capacité d'environ 8,2 millions de kilowatts, fonctionne encore en sous-capacité à 3,3 millions de kilowatts depuis le séisme sous-marin de Chuetsu en 2007. Suite à cette nouvelle crise, les centrales nucléaires n°1 et n°2 de Fukushima, d'une capacité respective de 4,7 et 4,4 millions de kilowatts, sont hors service, de même que d'autres centrales thermiques. Les coupures de courant planifiées ont réduit le risque de coupure massive face à cette réduction des capacités de production." "Elles sont mises en oeuvre dans une large zone incluant Tokyo, selon des tranches horaires prédéfinies et à tour de rôle. Si la capacité des centrales thermiques peut être augmentée et que la consommation énergétique peut être réduite, nous pensons que le Japon sera en mesure d'éviter un impact trop important sur l'activité économique. Les coupures de courant sont bien planifiées au niveau des sous-zones et des horaires, et nous pensons que les entreprises mettront différentes mesures en oeuvre afin d'alléger l'impact de la réduction des capacités énergétiques, par exemple en modifiant les heures de fonctionnement des usines et en augmentant la production dans d'autres régions." "A terme et à mesure que la situation s'améliore, nous prévoyons une énorme demande pour la reconstruction des installations de production d'électricité, des infrastructures de communication, des routes, des voies ferroviaires, des installations portuaires, des bâtiments et des logements. La reconstruction dans les zones sinistrées se déroulera selon nous en temps opportun et sans heurts, puisque les capacités de production sont en mesure de répondre à une telle demande et que le transport des zones de production vers les zones sinistrées devrait rester sûr." "Les zones sinistrées sont par exemple accessibles par les routes principales en provenance de Tokyo. Par ailleurs, bien que l'aéroport Sendai ait été gravement endommagé, de nombreux aéroports restent opérationnels dans la région de Tohoku, par exemple les aéroports d'Aomori et de Misawa de la préfecture d'Aomori, les aéroports d'Akita et Odate-Noshiro de la préfecture d'Akita, les aéroports d'Yamagata et de Shonai de la préfecture d'Yamagata, l'aéroport Iwate Hanamaki de la préfecture d'Iwate et l'aéroport de Fukushima de la préfecture de Fukushima." "Nous souhaitons à nouveau souligner que sur le front de la production, les principaux centres industriels japonais sis dans la baie de Tokyo, dans la région de Tokai et dans la baie d'Osaba n'ont subi aucun dégât direct. Après considération de l'ensemble des facteurs qui précèdent, notre sentiment est que cette tragédie n'aura pas un impact économique grave sur le Japon. La Bourse japonaise s'est certes montrée très volatile depuis le séisme. Le Topix s'est replié de 7,49% le 14 mars, pour encore céder 9,47% le 15. Le 16 mars, il a regagné 6,63%." "Nous pensons donc que la volatilité a été attisée par la gravité de la catastrophe, par le spectre de dégâts aux installations nucléaires, par des dégagements suscités par le besoin de liquidités et par des mouvements spéculatifs. Pour l'heure, cette volatilité du marché va vraisemblablement persister. Nous sommes toutefois d'avis que le marché finira par reporter son attention sur les fondamentaux le moment venu. Notre intention n'est certes pas de minimiser l'impact du séisme, mais nous sommes fermement convaincus que la valeur des entreprises a elle-même largement moins souffert de la catastrophe." AUT/ALO