La reprise mondiale pourrait ralentir en fin d'année (JP Morgan AM)

21/03/2011 - 11:53 - Option Finance

(AOF / Funds) - "La fin de semaine a été marquée par l'intervention du G7 pour stabiliser et prévenir une nouvelle appréciation du yen. Bien que beaucoup s'attendaient à une intervention des autorités japonaises sur le marché des changes, les investisseurs ont été surpris par cette action coordonnée à l'issue de la réunion du G7 jeudi. L'effet de surprise ayant été maximum, le communiqué du G7 a eu un impact bien supérieur à ce qu'il aurait dû avoir, dans la mesure où les capitaux mobilisés n'ont pas été aussi importants", jugeait JP Morgan AM. "Les messages et la psychologie entourant une intervention sont généralement plus importants que la transaction elle-même, en particulier sur les marchés plus liquides du G10. La coordination augmente les chances d'atteindre l'objectif d'une intervention donnée." "Mais, quel en est l'objectif ? A ce stade, il est raisonnable de déduire que l'objectif principal est de compenser la hausse récente et à venir du yen et de s'assurer que a) il n'y ait pas d'intérêt financier à détenir une position spéculative à court terme sur cette devise, et que b) les craintes des investisseurs, implicitement short sur la devise (principalement au niveau domestique), quant à l'impact démultiplicateur de la vigueur persistante du yen et de la volatilité des marchés des changes sur le rapatriement des flux de capitaux sont infondées." "Sans présumer des intentions des autorités, il est raisonnable de penser que les niveaux enregistrés peu avant le tremblement de terre sont plus appropriés. Il s'agirait ainsi d'une borne comprise entre 81 et 84 pour la parité USD/JPY et entre 113 et 116 pour la parité EUR/JPY, mais tout cela peut encore évoluer. A l'avenir, il conviendra de suivre de près les actions des autorités japonaises en matière fiscale et monétaire." "Si l'intervention favorise l'appétit pour le risque, tout du moins à la marge, la situation au Moyen Orient et en Afrique du Nord et son impact sur les prix du pétrole pourraient être bien plus inquiétants. (...) Compte tenu de la dégradation de la situation dans les autres pays de la région, la distribution en termes de risque milite de plus en plus en faveur de prix du pétrole plus élevés à plus long terme. Cela pourrait limiter tout regain d'appétit pour le risque des investisseurs, voire même l'annihiler." "Les marchés ont été bouleversés la semaine dernière par la tragédie qui a frappé le Japon. Les marchés actions ont corrigé de 7% à 10% par rapport à leurs points hauts, avant de rebondir en fin de semaine. Notre positionnement est fondé sur l'idée que la reprise mondiale pourrait s'essouffler en fin d'année, avec une année 2012 plus difficile pour les investisseurs. Nous croyons à l'hypothèse avancée par les professeurs Reinhart et Rogoff, selon laquelle la troisième année qui suit une crise bancaire tend à ramener la reprise économique au niveau de sa tendance antérieure, avant un nouveau ralentissement les quatrième et cinquième années. Le désendettement des ménages et des gouvernements pourrait induire un tel ralentissement en 2012/2013, et les dernières statistiques aux Etats-Unis confirment ce désendettement des ménages." "Les indicateurs avancés de notre équipe devises restent haussiers, suggérant la poursuite d'une croissance supérieure à la tendance ces deux prochains trimestres aux Etats-Unis, dans la zone euro et au Japon. La question pour les marchés est de savoir si cette série s'inscrit dans le sillage des événements du premier trimestre. Nous pensons que la hausse des prix du pétrole (liée aux troubles au Moyen-Orient) associée à la tragédie au Japon et à la poursuite du resserrement en Chine (les réserves obligatoires ont de nouveau été relevées de 50 pb à 20%) aura un effet déflationniste sur l'économie mondiale et pourrait en ralentir la croissance. Si une moindre croissance n'est pas forcément défavorable aux actions, l'ajustement des anticipations pourrait donner lieu à une nouvelle correction." "Le momentum des bénéfices décélère sur les 24 marchés que nous suivons, 10 seulement faisant l'objet d'un momentum positif (davantage de révisions à la hausse qu'à la baisse). Les analystes sell-side favorisent les pays consommateurs de matières premières (Allemagne, Taiwan, Japon, Corée, Pologne et Suède) plutôt que les producteurs. Un choc déflationniste mondial ne favoriserait pas ces pays exportateurs. Notre stratégie reste constructive à l'égard des actifs risqués, mais les marchés pourraient rester volatils. Nous restons surpondérés en actions mais avons réduit le niveau de risque de nos portefeuilles ces dernières semaines." "Nous sommes profondément touchés par la tragédie humaine qui frappe le Japon. Néanmoins, sur le plan de l'investissement, les actions japonaises offrent une valorisation extrêmement attrayante. Lorsque l'indice Topix a clôturé à 767 mercredi, le marché japonais s'est trouvé particulièrement survendu par rapport à Hong Kong et aux autres marchés. Les valorisations constituent un objectif mouvant, car l'émotion peut affecter les estimations des futurs bénéfices. Cependant, plusieurs mesures objectives montrent des perspectives intéressantes, notamment le ratio PE ajusté du cycle économique (calculé sur la base des bénéfices des dix dernières années). Sur cette base, le marché se traitait mercredi à 18,5x, soit le multiple le plus faible des trente dernières années." "Comme un analyste sell-side l'a fait remarquer, le Japon a subi quatre désastres en une semaine : un tremblement de terre, un raz de marée, des coupures de courant dans l'Est du pays et un accident nucléaire. Il pourrait y en avoir un cinquième si l'appréciation du yen se traduisait par un resserrement des conditions monétaires. La réaction du pays a pris la forme d'un assouplissement, via une injection massive de liquidités. La Banque du Japon (BoJ) a augmenté les dépôts de son compte courant (une composante de la base monétaire) jusqu'à 40 trillions de yen, soit bien plus que l'assouplissement mis en place entre 2001 et 2006." "On peut débattre de l'efficacité de ces mesures, mais les investisseurs peuvent être sûrs que les autorités feront tout pour soutenir l'économie et éviter une appréciation de la devise. Cela suggère que les valorisations actuelles constituent une opportunité et non un piège. Un vieil adage conseille de ne pas se battre contre la Fed, peut-être faudrait-il inclure la BoJ. Nous restons surpondérés sur le Japon." AUT/ALO