La BCE pourrait ne pas passer son tour malgré l'actualité (Natixis)

22/03/2011 - 10:49 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Depuis la dernière conférence de presse, l'actualité a été globalement plutôt négative. Entre le Japon, l'escalade au Moyen Orient et des chiffres plutôt mitigés (même en Allemagne, avec une forte baisse du Zew en mars) ou la chute des indices boursiers (-11% pour le Cac entre le 18/02 et le 18/03). En 2007, la BCE avait annoncé une hausse des taux en août en prononçant la fameuse strong vigilance, mais avait pourtant fait machine arrière le mois d'après. En septembre, la BCE avait ainsi mis en avant le niveau élevé d'incertitude pour passer son tour", notait mardi Natixis. "Aujourd'hui la situation connait certainement aussi son lot d'incertitude et de volatilité, en tout cas bien plus qu'il y a encore un mois. De plus, les négociations salariales, comme les comportements de marge des entreprises au niveau de la zone euro, ne laissent pas pour l'instant croire à d'éventuels d'effets de second tour comme en atteste un core CPI sous contrôle. Le normatif voudrait que la BCE ne fasse rien en premier chef mais cela ne sera pas le cas, avec la conférence de mars." "La BCE continue de considérer son repo comme très accommodant (même si, en prenant en compte le policy mix global, en incluant une politique budgétaire restrictive comme jamais, un taux de change largement surévalué, cette présomption semble largement faussée !). La communication de la BCE aujourd'hui est très claire et fait feu de tout bois : à la fois Yves Mersch et Gertrude Tumpel-Gugerell sont venus ajouter leurs voix au chorus et ont répété qu'une forte vigilance était nécessaire même si M. Trichet a répété qu'il fallait regarder attentivement les conséquences de l'impact japonais." "Du coup, plutôt que de repousser la hausse annoncée, il semble plus probable que la BCE délivre bien les 25pbs annoncés (JC Trichet cherche à rendre la BCE la plus prévisible du monde). Au pire, on pourrait avoir un temps de latence pour que l'incertitude actuelle se dissipe. La BCE ayant décidé d'inverser l'ordre naturel des choses et procéder à une hausse du repo avant d'avoir normalisé ses mesures non conventionnelles, on peut imaginer que la BCE atténue sa position plutôt via le biais d'une liquidité plus abondante le cas échéant." "Le communiqué pourrait ainsi ressembler à celui vu aujourd'hui dans le rapport de la banque centrale du Luxembourg qui met en avant le besoin d'une hausse des taux en utilisant le strong vigilance du fait de signes encourageants du côté de l'économie malgré la forte incertitude qui pèse actuellement. La hausse du 7 avril aura donc sans doute malheureusement bien lieu. La BCE passera alors en mode closely monitoring avant sans doute une nouvelle strong vigilance en mai pour annoncer la seconde hausse (et dernière selon nous) de juin." "Un scénario qui reste encore en décalage avec celui du marché. Après avoir annulé une hausse suite au Japon, le marché de nouveau s'attend à un cycle de hausse des taux, contrairement à ce qu'a explicitement écarté M. Trichet lors de la précédente conférence de presse (ce n'est certainement pas le début d'une série de hausse des taux, conférence de presse du 3 mars)." "Le pricing actuel, en effet, intègre quasiment six hausses des taux d'ici fin 2012, ce que l'on peut légitiment assimiler à un cycle... Et d'ici la fin de l'année, ce sont deux voire trois mouvements de 25pbs qui sont de nouveaux pricés. Notre scénario est largement décalé par rapport à cela : plus agressif à court terme avec une BCE qui agit vite tant que la fenêtre d'opportunité est ouverte en terme d'inflation mais qui ne va pas au-delà de 1,50. Un scénario plutôt conforté, il nous semble, par les événements survenus depuis la dernière conférence de presse." AUT/ALO