Japon : la catastrophe ne remettra pas en cause la croissance régionale

22/03/2011 - 17:56 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Compte tenu des dégâts occasionnés en l'espace de quelques heures, toute tentative d'évaluation de l'impact est rendue difficile par les incertitudes et les risques résiduels qui demeurent, en particulier concernant les centrales nucléaires et les mesures mises en oeuvre pour essayer de maîtriser les émissions radioactives", note Michael Hasenstab, co-directeur de l'équipe de gestion obligataire de Franklin Templeton Investments. "Evaluer l'impact économique est important non seulement parce qu'une reprise économique rapide pourrait atténuer les souffrances humaines, mais également car le Japon joue un rôle majeur au sein de l'économie mondiale." "Cette catastrophe aura bien entendu un impact fortement négatif sur la croissance du pays à court terme. Le séisme a lourdement endommagé les infrastructures, centrales de production et réseaux électriques, ainsi que les moyens de production industriels, ce qui aura très vraisemblablement une incidence très forte sur l'activité économique." "Toutefois, nous estimons que ce ralentissement brutal sera compensé d'ici à plusieurs mois par les vastes efforts de reconstruction, notamment en matière d'investissement et de logement. Selon nous, ce terrible choc ne devrait ni remettre en cause la croissance économique rapide de la région ni mettre en péril l'économie mondiale." "D'autres grands pays de la région enregistrent des taux de croissance soutenus et peuvent s'appuyer sur des fondamentaux solides. En outre, les grandes économies développées ont fait preuve de résistance. Bien que nous ne prévoyions pas un impact important ou durable sur la demande mondiale globale, les perturbations de la chaîne d'approvisionnement se répercuteront certainement sur les prix au-delà de l'archipel." "Ces pressions haussières sur les prix vont encore compliquer la tâche des pays émergents en plein essor, et pourraient inciter les autorités de ces pays à laisser leurs devises s'apprécier afin de réduire l'impact de l'inflation importée. La baisse de ces devises, et des marchés associés, devrait donc être selon nous de courte durée. Nous pensons par ailleurs que l'économie mondiale a suffisamment avancé dans son processus de reprise pour absorber ce choc." "En faisant cette prévision, nous faisons bien sûr l'hypothèse que les secours parviendront à refroidir les réacteurs de la centrale nucléaire touchée par le séisme. Dans le cas contraire, notre degré d'inquiétude, à la fois pour la région et pour le reste du monde, serait bien plus élevé. Les mesures mises en place par l'autorité de politique monétaire japonaise seront décisives." "La Banque centrale du Japon a d'ores et déjà annoncé de nouvelles injections de liquidité et des octrois de crédits. Ces mesures seront probablement renforcées si le besoin s'en fait sentir. La politique budgétaire devrait également devenir plus accommodante. Malgré les contraintes imposées par un déficit public déjà considérable, il faut probablement s'attendre à un creusement important du déficit budgétaire nippon." "Les incertitudes à court terme ont déclenché une hausse de la volatilité et de l'aversion pour le risque. Bien que le yen soit généralement considéré comme une devise refuge, nous ne nous attendons pas à une appréciation aussi sensible qu'après le séisme de Kobe en 1995. Le yen se négocie déjà sur des niveaux très élevés et les rapatriements de capitaux pourraient se révéler moins importants que prévu par certains intervenants de marché." "Fait important, contrairement à 1995, les compagnies d'assurance japonaises ont largement couvert leur exposition aux variations de la parité dollar US/yen. Nous pensons par conséquent que l'impact de ces flux de capitaux sera relativement neutre. De plus, la communauté internationale devrait se montrer bien plus indulgente aux mesures que les autorités japonaises pourraient mettre en oeuvre afin de limiter la hausse du yen, en particulier car la hausse de ces derniers jours semble due à des flux spéculatifs à très court terme." "Nous pensons véritablement qu'à moyen terme les fondamentaux économiques sous-jacents finiront à nouveau par retrouver leur influence. Compte tenu de notre confiance de la capacité des fondamentaux sous-jacents à résister à ce terrible choc, les événements récents ne nous ont pas poussés à modifier les positions de nos portefeuilles." AUT/ALO