Pictet : l'importance stratégique de l'agriculture sous-évaluée par marché

23/03/2011 - 16:39 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Enjeux démographique et écologique, hausse du niveau de vie et occidentalisation des habitudes alimentaires, utilisation des biocarburants comme alternative aux énergies fossiles, autant de facteurs structurels qui alimentent la hausse de la demande des denrées alimentaires. La population mondiale est aujourd'hui estimée à 6,8 milliards d'individus et devrait dépasser les 9 milliards d'ici 2050. Il s'agit ainsi de nourrir 200.000 personnes de plus chaque jour", notent les gérants du fonds Pictet Agriculture. Gertjan van der Geer, qui a rejoint Pictet Asset Management en 2008, et Cédric Lecamp, arrivé en 2007, gèrent les 245 millions d'euros (au 7 mars) du fonds. "Pourquoi investir maintenant ? Les stock de denrées alimentaires sont ont récemment touché un niveau historiquement bas." "Le secteur de l'agriculture emploie 40% de la main d'oeuvre mondiale totale, soit environ 80% en Afrique Orientale et près de 30% dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, contre 5,6% dans l'Union européenne et 0,6% aux Etats-Unis. Pour la première fois, on dénombre plus d'habitants dans les zones urbaines que dans les zones rurales. Rien qu'en Chine et en Inde, environ 1,1 milliard de personnes vont rejoindre la classe moyenne entre 2005 et 2025." "La consommation en viande devrait augmenter de façon exponentielle, de 37 kilos par personne et par année en 2000 à plus de 52 kilos d'ici 2050. Depuis 1960, les productions vivrières ont plus que triplé à l'échelle mondiale, et ce en grande partie grâce à l'accroissement des rendements, principalement attribuable à une meilleure utilisation de l'irrigation et des engrais." "La production des cultures non alimentaires concurrence la production alimentaire. Au total, l'augmentation des terres agricoles destinées aux biocarburants et au coton pourrait atteindre 5 à 13% d'ici 2050. Le Brésil et les Etats-Unis sont les plus grands producteurs de bioéthanol, comptant à eux seuls pour 70% de la production mondiale totale." "En raison de la chute du ratio des terres arables par habitant, 1,2 million de km2 supplémentaires (soit un tiers de l'Inde) serait nécessaires d'ici 2030 pour permettre l'augmentation de la production des aliments. Ainsi, une innovation continue tout au long de la chaîne de production agricole est la seule alternative viable permettant de produire les quantités d'aliments nécessaires pour nourrir la population mondiale, sur fond de décrue constante de l'offre en terres arables." "De ce fait, des investissements sont et seront nécessaire afin de répondre aux besoins en denrées alimentaires des générations actuelles et futures, d'assurer un prix acceptable pour les populations, de réduire un gaspillage encore bien trop important, d'assurer la sécurité alimentaire, qui reste une priorité pour de très nombreux gouvernements à travers le monde." "La nécessité des investissements afin d'apporter des solutions au défi de l'alimentation créé des opportunités d'investissement dont l'amélioration de la production agricole avec les engins agricoles, impliquant une baisse des coûts de production (Kubota, Deere,Lindsay, Agco, Jain), les semences, impliquant une hausse des rendements (Syngenta, Vilmorin, KWS), les engrais, impliquant une hausse des rendements et l'équilibre les terres (Mosai, Yara, Migao)." Autres opportunités : la protection des cultures qui réduit les pertes causées par les maladies (Nufarm, United Pfosphorous), la professionnalisation des exploitations agricoles avec le développement du management qui augmente l'efficacité et réduit les pertes, les techniques de productions qui augmentent les rendements et baissent les coûts, l'accès aux capitaux avec la hausse de l'efficacité et baisse des coûts." "Les services sur la chaine d'approvisionnement afin de désunir lieux de productions et localisation demande du stockage afin de relier les producteurs aux transporteurs (Bunge, ABB Grain, Viterra), les transport et échanges afin de permettre l'approvisionnement la où est la demande (Wilmar, Archer Daniels), et les autres services associés : recyclage, traçabilité, testes (Neogen, Darling, Elders)." "Le fonds a sous-performé l'indice MSCI World en février. La contribution positive du segment des intrants agricoles à la performance du fonds est principalement due aux deux producteurs d'engrais Agrium et Mosaic, qui ont tiré profit d'une forte augmentation de la demande et d'une hausse marquée des prix, compensant largement la mauvaise performance de Yara. Contre toute attente, Yara a émis un avertissement sur ses résultats avant de publier des résultats effectivement inférieurs aux prévisions, sévèrement sanctionnés par les marchés." "Le segment de la professionnalisation de l'agriculture s'est relativement bien comporté. De son côté, le segment des services liés à la chaîne d'approvisionnement a fini le mois sur une performance positive à laquelle ont fortement contribué ADM et The Andersons, l'agro-industrie du maïs nord-américaine profitant de prix et de marges de transformation élevés." "En février, nous avons pris nos bénéfices sur le producteur d'engrais CF Industries après la publication d'excellents résultats, obtenus grâce à des usines fonctionnant à plein rendement, et réinvesti nos gains dans Yara, l'avertissement émis sur ses résultats ayant généré un important écart de valorisation. Nous avons en outre réduit notre position dans Agco dont le titre, à la faveur d'une bonne performance, se rapproche de notre objectif de cours." "Au sein du segment des services liés à la chaîne d'approvisionnement, nous avons augmenté notre position dans China Yurun. Nous jugeons en effet infondées les craintes relatives à l'exposition de l'entreprise aux tensions inflationnistes, d'autant que nous anticipons de bons résultats pour la période du Nouvel An chinois." "Nous sommes convaincus que l'amélioration des conditions économiques incitera les exploitants à investir davantage dans les engrais et les machines agricoles dans le but de maintenir, voire d'accroître, leurs rendements. Nous avons de ce fait continué d'augmenter nos positions dans le segment des intrants agricoles, ainsi que nous le faisons depuis le début de l'année dernière. A l'inverse, nous avons réduit notre exposition au segment des services liés à la chaîne d'approvisionnement." "Les entreprises actives dans la transformation du blé, notamment, pourraient avoir du mal à répercuter la hausse des prix des matières premières agricoles sur leurs clients finaux. Nous considérons que notre combinaison équilibrée d'entreprises de la filière des intrants agricoles (opérant en amont), d'exploitants agricoles professionnels et d'entreprises spécialisées dans les services liés à la chaîne d'approvisionnement (opérant en aval) procure aux investisseurs une couverture naturelle contre la volatilité des prix des matières premières, tout en les prémunissant contre les risques liés à l'activité des spéculateurs, inhérents à tout placement dans des matières premières." AUT/ALO