Dette : un fossé sépare l'Irlande et l'Espagne (Natixis)

01/04/2011 - 10:25 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Les deux pays paient depuis de nombreux mois les excès de leurs secteurs bancaires respectifs, mais la situation reste tout de même un peu plus favorable pour l'Espagne. Les caisses d'épargne (les Cajas) ont d'ores et déjà subi une cure d'amaigrissement importante. Le nombre de Cajas est passé de 45 à 17 via la mise en place de douze processus d'intégration. Outre cette consolidation du secteur, il a été demandé aux caisses de renforcer leur ratio de fonds propres", relève Natixis. "Ainsi, dans le cadre du programme de restructuration présenté le 23 mars, la Banque d'Espagne recommandait aux Cajas de se recapitaliser à hauteur de 14,1 milliards d'euros. Si les stratégies de recapitalisation sont validées par l'institution le 14 avril, le FROB, le Fonds de restructuration bancaire, couvrira seulement 6 milliards des besoins des Cajas ce qui représente uniquement 0,5% du PIB espagnol et 6% du programme d'émissions obligataires du Tesoro cette année (les émissions du FROB sont garanties par l'Etat à hauteur de 27 milliards)." "La seule ombre au tableau concernant la restructuration du secteur est pour le moment l'échec du processus d'intégration Banco Base qui regroupait quatre Cajas (124 milliards d'euros d'actifs en cumulé) dont Caja Mediterraneo, en plus grande difficulté que ses consoeurs." "Ce revers pourrait, selon certaines rumeurs, alourdir la participation du FROB de 1,4 milliard d'euros. Compte tenu des montants en jeu et des résultats probants du gouvernement espagnol sur le plan budgétaire, le risque bancaire paraît maîtrisable et très éloigné des 50 milliards avancés par Moody's notamment. Pour l'Irlande, la situation est nettement plus préoccupante. Tout comme les banques espagnoles, les banques irlandaises ont réduit leur recours au funding BCE (MRO + LTRO)." "Le volume de liquidités demandé par ces dernières a chuté de 97 milliards à 88,7 milliards (de 136 milliards à 116 milliards en incluant les institutions financières étrangères). Toutefois, parallèlement à cela, la Banque d'Irlande fournissait de 50 milliards à 70 milliards de liquidité via son Emergency Liquidity Assistance, en échange de collatéraux vraisemblablement refusés par la BCE." "Ce montant, que l'on ne peut qu'estimer en l'absence de donnée officielle provenant de la banque centrale, illustre relativement bien le fossé qui sépare actuellement l'Irlande et l'Espagne en termes de communication. La persistance d'incertitudes concernant la santé du secteur bancaire irlandais alimente mécaniquement les tensions sur les actifs domestiques, notamment les titres d'Etat. Et cette situation devient d'autant plus stressante si l'on compare les 46 milliards d'euros de recapitalisations bancaires que nous avions septembre ou le volume total de liquidités demandé (160 milliards) à la taille du PIB irlandais soit 164 milliards en 2010." "C'est d'ailleurs pour éliminer ces zones d'ombres que la BCE pourrait créer une facilité supplémentaire permettant de financer les banques en difficultés (les gouverneurs n'ont pas réussi à trouver un accord pour le moment), et qu'a été effectué une seconde vague de stress tests dont les résultats sont conformes aux rumeurs qui circulent depuis quelques jours. Les quatre banques irlandaises, Allied Irish Bank, Bank of Ireland, EBS et Irish Life & Permanent devront être recapitalisées à hauteur de 24 milliards." "Les stress tests ont révélé que les pertes cumulées des quatre banques d'ici la fin 2013 pouvaient atteindre 20 milliards d'euros dans le cadre d'un scénario central et 27,7 milliards d'euros en scénario de stress. Au-delà de cet horizon, les pertes avoisineraient les 12,4 milliards d'euros. En conséquence, les banques devront lever 24 milliards d'euros selon une estimation de la Banque d'Irlande. Le secteur bancaire irlandais sera recentré autour de deux nouveaux piliers, BoI et le couple AIB/EBS." "Au final, les 35 milliards d'euros du plan d'aide EU/IMF permettront de couvrir ces besoins supplémentaires. Toutefois, l'absence d'Anglo Irish (perte de 17,7 milliards d'euros en 2010) et d'INBS, les deux banques nationalisées, dans ce round de stress test est problématique compte tenu de leur fragilité. On est encore loin de la transparence des Espagnols." AUT/ALO