Indépendamment du Japon, les facteurs d'instabilité n'ont pas disparu

06/04/2011 - 11:50 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Les conséquences économiques et financières de la tragédie japonaise vont se diffuser lentement dans les autres pays. Mais cela ne créera pas de choc pour la croissance mondiale. Les autres risques que nous avions identifiés, ont été occultés temporairement par le danger nucléaire au Japon. Ils sont toujours présents : révoltes arabes, hausse du prix du pétrole, prix des matières premières et inflation naissante ou déjà installée", estime Vincent Guenzi de Cholet-Dupont. "Toutes les conséquences des politiques anti-inflationnistes ne sont pas intégrées dans les cours. La modération de la croissance dans les pays émergents est sans doute anticipée par les marchés. En revanche, l'inflation ne reflue pas encore, et, dans les pays où elle est excessive, ceci affecte la valorisation des actions." "Néanmoins, tout n'est pas négatif. Aux Etats-Unis, les créations d'emplois atteignent un niveau satisfaisant. En Europe, les progrès mesurés de la gestion communautaire des crises financières des Etats rassurent un peu. Ils confirment une réelle volonté politique et un attachement à l'euro, certes fragile mais en amélioration, la solidarité se faisant en contrepartie du respect d'engagements de bonne conduite." "Comme nous l'espérions, la situation dans la centrale nucléaire de Fukushima s'est relativement stabilisée. Tous les marchés se sont fortement redressés et certains ont retrouvé les niveaux d'avant la catastrophe. S'agit-il d'un nouveau départ ? Nous ne le pensons pas." "Les liquidités importantes, qui étaient en attente de placement, accentuent la tendance d'autant que les actions ne sont pas chères et que les investisseurs hésitent à acheter des emprunts d'Etat. Les entreprises, aux trésoreries abondantes, reprennent également les opérations de croissance externe. En témoignent les OPA/OPE réalisées en Europe sur Rhodia, Yoplait, Bulgari, Tognum, SFR, Converteam, Nyse-Euronext et aux Etats-Unis sur National Semi Conducteur, T Mobile USA, Cephalon, etc..." "Une fois cette reprise technique terminée, les marchés renoueront avec les incertitudes. Dans un premier temps, les corrections seront limitées, comme en février. Mais nous doutons que les niveaux atteints alors puissent être dépassés de beaucoup." "Nous maintenons nos conclusions du mois dernier, à savoir confiance mais prudence à court terme : à moyen terme, les marchés actions ne sont pas survalorisés, nous gardons nos objectifs de hausse à fin 2011 (+10% en moyenne), l'environnement économique et celui des sociétés cotées sont favorables, les flux de liquidités aussi, les tensions engendrées par la hausse des matières premières et du pétrole ne sont pas encore maîtrisées, les politiques monétaires devraient devenir moins accommodantes dans les pays développés. "Tant que les facteurs d'instabilité n'ont pas disparu, la hausse des marchés actions sera fragile et le risque de correction est important. Il est difficile de prévoir quand elle se produira. Aussi, pour se prémunir, une solution consiste à adapter la répartition des portefeuilles." "Nous privilégions toujours les actions américaines et européennes. Les actions des pays émergents paraissent moins chères après la baisse des six derniers mois mais il nous semble prématuré d'y réinvestir tant que les tensions inflationnistes persistent. Des allégements peuvent y être réalisées à court terme. Au Japon, malheureusement, la baisse des actions n'est peut-être pas terminée." "Nous conseillons de continuer à réduire l'exposition des portefeuilles aux différents risques, en allégeant notamment les valeurs cycliques et sensibles à des déceptions sur la croissance mondiale ou sur la consommation européenne. Nos choix sectoriels sont peu modifiés et nous privilégions les secteurs pétrole et gaz, la technologie, les medias, les télécommunications et certains services aux collectivités. Nous attendrons des replis pour revenir sur des valeurs financières." "Parmi les produits défensifs, les espérances de gains paraissent faibles pour les emprunts des Etats bien notés. Les obligations privées convertibles ou à haut rendement sont plus attractives. Nous évitons le compartiment des matières premières industrielles et agricoles, dont la hausse nous semble très spéculative." AUT/ALO