L'économie japonaise repartira à partir du troisième trimestre 2011

08/04/2011 - 17:03 - Sicavonline
L'économie japonaise repartira à partir du troisième trimestre 2011

Le coût du séisme du 11 mars qui a frappé le nord-est du Japon pourrait dépasser celui du tremblement de terre de Kobe en 1995, selon les premières estimations du gouvernement nippon. Toutefois, son impact sur l'activité économique devrait être temporaire, selon Hervé Liévore. Si le stratégiste d'AXA Investment Managers prévoit une baisse d'environ 1,5 % du PIB au deuxième trimestre, la reconstruction devrait stimuler l'investissement et donc la reprise dès le troisième trimestre.

Le Japon confronté à la crise la plus grave depuis le premier choc pétrolier

Près d'un mois après le séisme et le tsunami du vendredi 11 mars qui ont dévasté le nord-est du Japon et provoqué une grave crise nucléaire à la centrale de Fukushima-Daiichi, il est plus aisé d'évaluer les conséquences économiques de cette catastrophe naturelle. Selon Hervé Liévore, stratégiste chez AXA Investment Managers, qui considère que le Japon traverse la crise la plus grave « depuis le premier choc pétrolier (NDLR : en 1973) », l'impact de ces événements sur l'économie nippone est triple. « Tout d'abord, au-delà des pertes humaines, le stock de capital (et donc la croissance potentielle) a été réduit. Ensuite, il y a eu perte durable de capacité de production d'électricité, dont l'impact se fera sentir lors des pics de demande de l'été. Enfin, on ignore encore quelles seront les conséquences des fuites radioactives sur le commerce intérieur et extérieur d'un certain nombre de produits japonais. »

Contraction de 1,2 % à 1,5 % du PIB attendue au deuxième trimestre

D'après le stratégiste d'AXA Investment Managers, « les premières estimations gouvernementales du coût des destructions se situent entre 3,3 % et 5,2 % du PIB [japonais] ». Les dégâts seraient donc plus importants que ceux qui ont suivi le tremblement de terre de Kobe, qui « ont atteint 2 % du PIB ». L'activité économique du deuxième trimestre au Japon sera lourdement pénalisée, avec un recul du PIB estimé entre 1,2 % et 1,5 % par Hervé Liévore. Toutefois, l'investissement devrait porter la reprise dès le troisième trimestre de cette année.

L'investissement privé et public, moteur de la reprise

L'effort de reconstruction devrait en effet être considérable, étant donné l'ampleur des dégâts, et pourrait durer entre trois et quatre ans, stimulant ainsi l'activité économique. « L'Etat jouera évidemment un rôle majeur dans l'effort de reconstruction », précise le stratégiste. « Un soutien de l'ordre de 2 % du PIB pourrait être débloqué, financé à la fois par l'utilisation de fonds de réserve et par l'émission de dette. L'essentiel des fonds budgétaires devrait être mobilisé dans le courant du [deuxième trimestre], ouvrant la voie à une reprise dès le [troisième trimestre] ».

Un rebond de la croissance ralenti par la pénurie d'électricité

Le rebond de l'activité sera néanmoins perturbé entre juillet et septembre par la pénurie d'électricité, prévient le spécialiste d'AXA Investment Managers. « Si les infrastructures de la plupart des opérateurs japonais sont toujours opérationnelles, celles de TEPCO, qui fournit le tiers de l'électricité nippone, ne permettent plus de produire que 38,5GW début avril 2011 (la capacité maximale se situait à 64,5GW en mars 2010). » Le potentiel de production de l'opérateur de Tokyo a été sensiblement réduit par la panne de plusieurs réacteurs au sein de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. « Or, le pic de demande enregistré l'an dernier atteignait 60GW. » Du coup, des « coupures alternées risquent de réapparaître en juillet et en août », note Hervé Liévore, qui anticipe une « production [d'électricité] entre 5 % et 10 % inférieure à la demande en juillet et en août, écart qui disparaitrait dès septembre avec la chute saisonnière de la demande pour la zone couverte par TEPCO. Au niveau national, cela se traduirait par une insuffisance de production électrique de 1,2% à 2,3% sur le [troisième trimestre]. »

2,3 % de croissance en 2012

Les effets de la reconstruction ne se feront donc réellement ressentir qu'à partir du dernier trimestre, juge Hervé Liévore, qui table au Japon sur 0,2 % de croissance en 2011 et sur 2,3 % l'an prochain. Une reprise qui pourrait se traduire par un retour de l'inflation, attendue par le stratégiste d'AXA Investment Managers à 0,5 % en 2011 et 1 % en 2012.

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