Le décrochage actuel des émergents, correction de mi-parcours (Invesco)

11/04/2011 - 10:40 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Ces derniers mois, les différences de politique monétaire entre marchés développés et émergents (accommodante dans les premiers, restrictive dans les seconds) ont entraîné des écarts de performance importants sur les marchés actions. Ces écarts de performance pourraient être appelés à persister d'ici la fin de l'année car le monde poursuit son processus de découplage, à la fois en termes de croissance et de politique monétaire", estime John Greenwood, économiste en chef d'Invesco. "Si les pays émergents restent les moteurs de la croissance mondiale et risquent la surchauffe, les principales économies développées se redressent mais restent fragilisées par des problèmes d'endettement privé et public. Ainsi, la question cruciale pour les marchés ces prochains mois va concerner la viabilité de la reprise économique et l'importance de la menace inflationniste." "En effet, malgré les stigmates de la crise économique et financière, qui devraient compresser leur croissance à des niveaux modestes, les pays développés font face à des craintes inflationnistes liées à la hausse récente des prix, tirée par les matières premières. En dépit des mesures d'assouplissement quantitatif et les taux d'intérêt très faibles pratiqués dans ces pays, le risque d'accélération durable de l'inflation y est relativement faible. La croissance du crédit et de la masse monétaire est négligeable dans les pays développés. Par conséquent, la plupart des banques centrales ne devraient pas relever leurs taux." "En revanche, la reprise solide et la croissance rapide du crédit et de la masse monétaire dans les pays émergents alimentent une inflation plus préoccupante. A moins d'un durcissement via des hausses de taux et des réserves obligatoires, ou via l'appréciation des devises, il est à craindre que les banques centrales des pays émergents doivent contenir la croissance du crédit et de la masse monétaire de manière plus abrupte, menaçant alors le rebond économique. Les marchés émergents doivent appliquer cette année de nouvelles mesures restrictives susceptibles de peser sur la performance de leurs marchés actions et obligataires." "Sur le plan géographique, l'économie américaine va continuer sur la voie d'une croissance modérée. En dépit d'un secteur immobilier toujours en berne et de mises en chantier non résidentielles en recul, la plupart des indicateurs avancés sont haussiers, et la situation paraît s'améliorer sur le front de l'emploi. Comme les mesures d'assouplissement de la Fed n'ont pas encore été totalement intégrées dans l'économie et les marchés, (il n'y aura) pas de hausse des taux d'intérêt avant 2012, date à laquelle le chômage aura encore diminué. Pour 2011, une croissance du PIB réel de 3%, accompagnée d'une inflation de 1,8% (est prévisible)." "Si les entreprises continuent à accroître leurs bénéfices à un rythme solide, les conditions devraient être favorables aux investisseurs. Toutefois, le retrait du plan QE2 et la perspective d'un durcissement progressif de la politique budgétaire pourraient se révéler pénalisants pour les actifs risqués au second semestre 2011." "S'agissant des perspectives de la zone euro, la crise de la dette va continuer à perturber les marchés financiers jusqu'à ce que soient réglées les questions en suspens (contrôle budgétaire, supervision, réglementation bancaire et politique monétaire). Alors que la crise touche désormais le Portugal, les marchés vont être de plus en plus défiants vis-à-vis des économies, car les opérateurs sont très sceptiques quant aux solutions provisoires apportées jusqu'ici, tant sur les plans budgétaire que monétaire et bancaire." L'économiste table sur une croissance du PIB réel de 1,8% pour la région en 2011, ce chiffre masquant des écarts importants entre une reprise solide dans les pays du nord-est et des économies anémiques, voire toujours en récession, en périphérie sud et ouest. L'inflation devrait s'établir en moyenne à 2,2%. "Au Royaume-Uni, l'inflation élevée et la faible croissance des salaires entraînent une baisse des revenus réels qui risque de plafonner les dépenses des ménages, ces dernières constituant de loin la part la plus importante du PIB. La croissance du PIB réel risque d'être décevante cette année, et très dépendante des exportations et des investissements des entreprises, tandis que l'inflation, qui reflètera l'excès d'argent facile des années précédentes, dépassera l'objectif de 2%." L'économiste prévoit une croissance du PIB réel de 1,5% et une inflation de 3,9% en 2011. "Au Japon, les conséquences du séisme (coupures de courant planifiées, baisse de la production dans les régions touchées et perturbations dans les chaînes d'approvisionnement de l'électronique et de l'automobile) devraient entraîner une autre baisse du PIB au deuxième trimestre. En revanche, les efforts de reconstruction devraient doper le PIB les trimestres suivants." "Ainsi, avant le séisme, l'économie sortait de la récession de 2008-2009, les entreprises accroissaient leurs bénéfices et les gains provenant des investissements étrangers étaient importants : il est donc peu probable que la catastrophe écarte le Japon de sa trajectoire, à savoir un redressement économique graduel, avec une croissance du PIB réel de 1,1% en 2011 et une hausse des prix à la consommation de l'ordre de 0,2%." "En parallèle, la reprise économique continue à s'accélérer en Asie hors Japon. Si les exportations en demeurent le moteur principal, la demande intérieure joue de toute évidence un rôle de plus en plus important. Une croissance soutenue accompagnée d'une accélération de l'inflation pendant l'essentiel de 2011 devrait mettre sous pression les autorités monétaires." "En résumé, les marchés seront confrontés à des difficultés importantes en raison du retrait progressif, au second semestre, des mesures de relance budgétaire et monétaire qui avaient favorisé le dernier rally, et, de la montée des craintes inflationnistes à la fois dans les économies développées et émergentes." "Toutefois, les perspectives à long terme sont prometteuses pour tous ces marchés, à condition que les autorités monétaires des pays émergents parviennent à garder l'inflation sous contrôle. Le décrochage actuel des marchés émergents doit donc être considéré comme une correction de mi-parcours, et des perspectives d'expansion économique sur plusieurs années s'offrent toujours à la fois aux pays émergents et développés." AUT/ALO