Se prémunir contre une résurgence de l'inflation (Dexia AM)

14/04/2011 - 11:36 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Tous les regards sont actuellement braqués sur les anticipations d'inflation. L'envolée des prix des principales matières premières laisse en effet craindre un brusque réveil de l'inflation, à l'image de ce qui s'est déjà produit il y a une vingtaine d'années. Pour l'heure, nous écartons une accélération durable de l'inflation. Cela étant, l'évolution de l'inflation suscite une incertitude croissante aux Etats-Unis, en Europe et dans les pays émergents", note Dexia AM. "Dans ce dernier groupe, il existe de fortes disparités entre pays mais aussi entre les sources d'inflation (denrées alimentaires, pétrole, etc.). Nous proposons à nos clients plusieurs solutions pour se prémunir contre une résurgence de l'inflation : les obligations indexées sur l'inflation, avec une couverture de la duration, les obligations d'entreprises, avec une couverture de la duration, les actions à haut rendement ou les matières premières." "L'effervescence en Afrique du Nord a provoqué une tension des cours pétroliers, en particulier en Europe (l'Italie et l'Allemagne absorbent 46% des exportations de pétrole libyen). Si tous les pays d'Afrique du Nord ne sont pas de gros producteurs de pétrole, ils revêtent une importance géostratégique et certains jouent un rôle crucial dans la chaîne logistique pétrolière : près de 2 millions de barils de pétrole ont transité chaque jour par le Canal de Suez en 2010." "Le pipeline Suez-Méditerranée dispose d'une capacité de 2,3 millions de barils par jour. L'Egypte possède la première infrastructure de raffinage du continent africain avec dix raffineries d'une capacité cumulée de 975.000 barils de brut par jour (OGJ et APS Review). L'Algérie est le premier exportateur de gaz naturel. Les stocks pétroliers demeurent néanmoins élevés et l'Arabie saoudite dispose d'importantes capacités de production non utilisées. Nos projections actuelles reposent sur un prix moyen du baril en fin d'année de 110 dollars le baril en 2012." "Malgré les turbulences du marché, les enquêtes confirment le maintien d'une croissance globalement solide. Dans notre scénario actuel pour la zone euro, le caractère accommodant de la politique monétaire et la reprise durable dans le reste du monde parviennent à compenser l'impact des plans de rigueur. La mise en place du programme de facilité européenne de stabilité financière (FESF) et le redressement progressif des finances publiques dans les pays périphériques permettent d'éviter une aggravation de la situation financière et une chute de la confiance." "L'année 2011 s'annonce toutefois délicate au Royaume-Uni où l'inflation est actuellement supérieure de 200 pb au taux cible de la BoE. L'inflation progresse par rapport à l'année dernière : de 1,9% en novembre 2010, elle est passée à 2,4% en février et 2,6% en mars (selon les estimations) et nous observons un renchérissement des matières premières et du pétrole. Ces chiffres masquent cependant des écarts importants entre pays : l'inflation va de 1,7% en Irlande à 4% au Royaume-Uni et jusqu'à 5,2% en Grèce. L'accélération de l'inflation fin 2010 complique la tâche de la BCE." "Comme indiqué à l'issue de sa réunion du 3 mars, les risques concernant l'évolution des prix ont augmenté, (...) une vigilance étroite s'impose pour contenir ces risques accrus. Ces commentaires, qui annoncent quasiment une hausse des taux directeurs, ne contrarieront probablement pas les pays du coeur de l'Europe mais susciteront vraisemblablement une levée de boucliers dans les pays périphériques. Sur les douze prochains mois, l'inflation restera probablement maîtrisée mais sera tributaire de l'évolution des prix des denrées agricoles et de l'énergie." "La politique de la Réserve fédérale semble porter ses fruits. Sauf nouveau choc, une rechute de l'économie américaine est peu probable. La croissance du PIB devrait redémarrer grâce à une politique économique accommodante (qui inclut un nouveau plan de relance), au redressement durable du marché du travail et au soutien des exportations. Le renchérissement des matières premières exerce une pression haussière sur les prix à la consommation : selon nos estimations, si elle se poursuit, la hausse récente des prix des carburants aura une incidence de +0,7 point sur l'IPC." "Compte tenu du niveau élevé du chômage, l'inflation sous-jacente devrait toutefois rester maîtrisée. Le redressement des finances publiques est l'un des principaux défis auquel sera confrontée l'économie américaine ces prochaines années. La décision des autorités de maintenir un déficit public élevé (de l'ordre de 10% du PIB en 2011) pour éviter une rechute de l'économie n'est pas dénuée de risque. En conclusion, dans la mesure où l'augmentation des cours pétroliers est passagère, l'inflation devrait être légèrement supérieure à 2% en 2011, tandis que l'inflation sous-jacente progressera légèrement au départ de niveaux très bas." "Les économies émergentes représentent un bloc moins homogène que les autres régions. Dans l'ensemble, ces pays ont réussi à stabiliser l'inflation ces vingt dernières années mais la situation demeure très contrastée d'un pays à l'autre. Le renchérissement des matières premières et de l'énergie n'a pas la même incidence d'un pays à l'autre. Ainsi, l'inflation mexicaine réagit davantage à l'évolution du coût de l'énergie (en raison des problèmes d'approvisionnement et de transport) tandis qu'en Malaisie, le prix des denrées alimentaires est l'élément prépondérant. S'il est vrai que chaque région a ses spécificités et que les anticipations d'inflation apparaissent moins alarmantes qu'en fin d'année dernière, il n'en demeure pas moins qu'une nouvelle période d'inflation se profile, la pression exercée par le prix des intrants ne cessant de s'intensifier." "Cette année plus que jamais, l'Europe va devoir choisir entre solidarité et restructuration. Contrainte à l'austérité fiscale, l'Europe pourrait être forcée d'étendre ses plans de soutien aux Etats en difficulté. Soumis à la pression des marchés, les pays périphériques ont en effet besoin de temps pour mettre en oeuvre leurs plans de rigueur et de taux plus bas afin de continuer à se financer à des conditions favorables. La pression qui pèse sur ces pays pourrait perdurer jusqu'à l'émergence d'une solution politique durable. En outre, l'inflation importée pourrait annihiler les efforts consentis jusqu'à présent par les pays les plus fragiles de la zone euro pour relancer leur économie." "En 2010, confrontée à un taux de chômage supérieur à 9% et un marché immobilier languissant, la Réserve fédérale a choisi de stimuler la croissance par l'appréciation du prix des actifs via un second programme d'assouplissement quantitatif (QE) de 600 milliards de dollars. Au premier semestre 2011, ce programme QE2 devrait contenir la hausse des taux longs. Avec l'accélération de la croissance en 2011, les anticipations d'inflation pourraient cependant déraper incitant la Fed à normaliser sa politique monétaire." "Idées de stratégies pour 2011 : la probabilité de hausse des taux d'intérêt est élevée. Nous privilégions les obligations indexées sur l'inflation comme moyen de couverture contre la hausse des taux, ainsi que les stratégies misant sur un aplatissement de la courbe (hausse des taux courts plus prononcée que celle des taux longs)." "Sur la base de nos prévisions actuelles, les taux Breakeven (taux d'inflation attendu par le marché) américains se maintiennent dans une zone attractive, dans des perspectives de court et long terme. Les obligations indexées sur l'inflation, en particulier celles d'échéances courtes, sont très sensibles à l'inflation globale, qui progresse actuellement suite au renchérissement du pétrole. Dans l'hypothèse où la hausse des prix du pétrole et des autres matières premières stratégiques se poursuit, ces obligations sont un moyen efficace de se prémunir contre le risque inflationniste." AUT/ALO