Jouer une surperformance des titres irlandais (Natixis)

18/04/2011 - 10:57 - Option Finance

(AOF / Funds) - "L'Irlande fait parti des pays qui ont particulièrement marqué l'actualité ces derniers jours. Le pays a tout d'abord passé son premier test avec succès. Le FMI et la CE ont bien accueilli les résultats du pays au T1, ce dernier ayant notamment respecté ses objectifs en termes de réduction budgétaire. Si des mesures de consolidation supplémentaires ne sont pas à l'ordre du jour, la présence de risques baissiers sur la croissance irlandaise pourrait changer la donne dans les mois à venir", note Cyril Regnat de Natixis. "La banque centrale irlandaise a d'ailleurs révisé ses anticipations de croissance à la baisse pour 2011, de 1% à 0,9%, un niveau qui reste toutefois particulièrement élevé au regard du niveau attendu par le consensus de marché (-0,1%)." "L'écart entre la prévision de la banque centrale et le consensus est moins flagrant sur l'exercice 2012 : l'institution prévoit une croissance de 2,2% contre 1,7% pour les marchés. Avec une croissance moins forte qu'attendue, les rentrées fiscales pour l'Etat seront certainement en deçà des attentes, ce qui a été le cas lors du premier trimestre. Il faudra donc que l'Irlande, à l'image de la Grèce, soit beaucoup plus efficace dans son programme de réduction des dépenses pour combler ces moindres rentrées fiscales." "La note irlandaise a par ailleurs subi un nouvel ajustement à la baisse. Moody's a passé la note du pays de Baa1 à Baa3 en maintenant un outlook négatif sur cette dernière. Outre une éventuelle dégradation des perspectives de croissance, ce sont les risques liés à la mise en place de l'ESM pour les détenteurs de dettes irlandaises qui ont justifié la baisse de Moody's alors que parallèlement l'agence déclarait qu'une restructuration n'était pas une option plausible. Hier Fitch avait décidé de maintenir sa note de BBB+ mais surtout de passer de creditwatch négatif à négatif son outlook sur la dette, soit un signal positif pour les titres irlandais." "Enfin, concernant la Nama, la bad bank irlandaise, le gouvernement a précisé qu'il n'y aurait plus de transferts de prêts hypothécaires provenant des banques. Le programme de recapitalisation bancaire sera par ailleurs clôturé d'ici la fin juillet. L'assainissement du secteur bancaire est donc en bonne voie, même si ce dernier passe par des restructurations parfois douloureuses pour certains investisseurs (Allied Irish a suspendu les paiements d'intérêts et repoussé les remboursements sur sa dette junior à hauteur de 758 millions)." "Compte tenu des efforts réalisés par le gouvernement irlandais, nous pouvons anticiper une poursuite de l'appréciation des Treasuries et surtout, une surperformance vis-à-vis des autres dettes risquées de la périphérie. La contraction des spreads entre les rendements irlandais et portugais a d'ailleurs été impressionnante dernièrement avec un spread 10 ans qui est passé de 220pb à 24,5pb en moins d'un mois (0pb il y a deux jours). Sur la zone 5 ans, les rendements irlandais sont désormais 70pb inférieurs aux rendements portugais. Jouer une surperformance des titres irlandais tout en profitant de conditions de portage attractif est donc une stratégie à ne pas écarter." "Les autorités grecques ont annoncé les grandes lignes de leur programme d'austérité pour les cinq années à venir. Le pays, dont le niveau d'endettement/PIB atteindra les 153% cette année selon le gouvernement, va axer sa politique sur un programme de privatisation adossé à un package de mesures supplémentaires. Sur les trois années à venir, la Grèce compte lever 16,5 milliards via ses privatisation ce qui constitue une accélération particulièrement importante vis-à-vis du programme initial dont la taille était de 7 milliards." "Dès cette année, le pays compte vendre pour 4 milliards d'euros de participations contre un volume initial de 1 milliard. D'ici 2015, le volume total des privatisations devait atteindre 50 milliards ce qui permettra au ratio d'endettement/PIB de chuter de 22%. La Grèce entend parallèlement renforcer sa politique budgétaire via la mise en place de nouvelles réformes. Parmi les mesures évoquées, nous trouvons notamment une réforme plus approfondie du système des retraites ou des suppressions d'exonérations fiscales." "Sur la période 2011-2015, la Grèce compte réaliser 26 milliards d'euros d'économie ce qui théoriquement, lui permettrait de réduire son déficit à 1% d'ici la fin 2015. Les mesures détaillées seront présentées dans deux semaines par le gouvernement grec. On peut toutefois se poser des questions concernant le programme de nationalisation, notamment sur la capacité du pays à vendre pour 33,5 milliards de participations sur les seules années 2014 et 2015." AUT/ALO