Davantage une baisse du dollar qu'une hausse de l'euro (Natixis)

26/04/2011 - 16:31 - Option Finance

(AOF / Funds) - "La semaine écoulée a été riche en événements sur les marchés financiers qui se sont traduits par un rebond des marchés boursiers sur fond de défiance accrue vis-à-vis du dollar et des dettes des pays périphériques. En zone euro, ce sont encore les déclarations du ministre des Finances allemand, W. Schaüble, évoquant la possibilité que la Grèce soit amenée à restructurer sa dette obligataire, qui ont continué à peser sur les marchés obligataires européens", note Natixis. "Cela n'a pas manqué de se propager aux autres dettes périphériques en particulier le Portugal mais également l'Espagne qui avait bien résisté jusqu'à présent. Les taux longs grecs 10 ans ont ainsi progressé de 94pb en l'espace d'une semaine pour s'afficher à 14,5% et les taux 2 ans de près de 400pb pour s'établir à 21,4%. De même, les taux 2 ans ont progressé de 170pb à 10,9% au Portugal et de 183pb à 10,2% en Irlande." "La défiance vis-à-vis de la dette espagnole n'a en revanche pas duré très longtemps. L'Espagne est parvenue à rassurer les marchés en se refinançant de nouveau sans problème lors de ses adjudications de cette semaine. Bien que ces craintes de restructuration aient été minimisées par l'Union européenne et la BCE, cela a pesé lourdement sur les valeurs bancaires très exposées aux dettes des pays périphériques notamment sur la dette grecque." "Face à l'incertitude sur la forme et l'ampleur que pourrait avoir une telle restructuration, le marché redoute donc de lourdes pertes pour le secteur bancaire européen ainsi que pour les assurances. De leur côté, les taux longs allemands ont diminué de l'ordre de 12pb pour s'afficher à 3,26% face au regain d'aversion pour le risque. Dans ce contexte, la courbe des taux swap euro s'est légèrement aplatie par le haut sur le segment 2/10 ans de l'ordre de 2pb jusqu'à un niveau de 126pb." "De fait, la partie 2 ans n'a pas réussi à profiter de l'aversion au risque (...) Plusieurs membres de la BCE se sont en effet exprimés pour suggérer que les anticipations de deux hausses des taux des marchés étaient plus ou moins en ligne avec leurs propres anticipations. Même si, en fin de semaine, JC Trichet a tempéré les propos de ses collègues de la BCE en soulignant de nouveau que la BCE ne s'est pas prononcée sur une série de hausse des taux directeurs, le marché reste prudent en reflétant plusieurs hausses des taux face aux risques inflationnistes." "Aux Etats-Unis, c'est la mise sous perspective négative de la dette AAA par l'agence S&P qui a dominé et pesé temporairement sur les marchés. Rapidement, le marché a toutefois saisi que ce risque n'avait qu'une probabilité de 30% de se produire à horizon de deux ou trois ans. Autrement dit, le risque n'est pas de court terme. Les Treasuries n'ont guère été affectées par cette nouvelle négative que l'on redoutait compte tenu d'un déficit public de l'ordre 10% du PIB attendu encore cette année." "Les taux longs 10 ans américains ont même légèrement baissé pour s'établir à 3,39%. Le marché s'est surtout focalisé de nouveau sur les résultats trimestriels américains qui étaient particulièrement positifs cette semaine en particulier dans le secteur des technologiques avec de bons résultats pour Apple et Intel. Ainsi, les marchés boursiers ont vivement rebondi au cours d'une semaine écourtée mais dans des volumes relativement faibles." "L'avertissement de S&P sur la dette américaine a surtout pénalisé le dollar qui a accentué son mouvement de baisse cette semaine contre quasiment toutes les devises du G10 et émergentes. Face à la hausse de l'appétit pour le risque liée à l'amélioration des résultats trimestriels, le dollar est de plus en plus délaissé au profit d'autres devises plus attractives d'autant que la Fed continue par ailleurs de plaider pour le maintien d'une politique monétaire ultra accommodante. Bref, les autorités américaines privilégient l'ajustement du dollar." "Ainsi, l'EURUSD est passé temporairement au dessus de 1,46 principalement du fait de la faiblesse du dollar. Comme l'a souligné JC Trichet, il s'agit d'un phénomène dollar. L'euro est de fait en baisse depuis deux semaines contre toutes les devises du G10 à l'exception du dollar compte tenu des craintes de restructuration de certaines dettes périphériques. Dans la semaine à venir, le marché va se concentrer toujours sur les résultats trimestriels aux Etats-Unis, sur la réunion de la Fed et la publication du PIB du premier trimestre américain." "On surveillera particulièrement le communiqué du FOMC sachant que nous pensons que le ton de la Fed ne devrait pas changer en particulier si le PIB du premier trimestre est faible. En zone euro, on se focalisera sur l'estimation flash de l'inflation d'avril qui pourrait encore être en hausse à 2,7%, ce qui devrait de nouveau alimenter les anticipations de hausse des taux de la BCE et par là, soutenir de nouveau l'EURUSD." AUT/ALO