JP Morgan AM maintient sa stratégie en réduisant niveau de risque global

09/05/2011 - 15:52 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Les matières premières et les actifs risqués ont fortement corrigé en milieu de semaine dernière, notamment le pétrole et les métaux, avant un rebond vendredi. Jeudi, un déclin record du pétrole a déclenché la plus forte baisse des prix des matières premières en deux ans. La réunion de la BCE, qui a laissé les taux d'intérêt inchangés, a été le catalyseur de ce mouvement brutal. Durant la conférence de presse, le président de la BCE a indiqué que les taux directeurs de la zone euro ne seraient probablement pas augmentés en juin", juge JP Morgan AM. "Cela a surpris le marché, qui avait intégré une probabilité plus élevée d'une hausse des taux en juin, plutôt qu'en juillet, d'où la forte correction de l'euro et des matières premières libellées en dollar US. Les métaux précieux n'ont pas été épargnés : le cours de l'argent a chuté de 26% sur la semaine, après un gain de 58% depuis le début de l'année. L'or s'est également retourné, avec une correction de 5% sur la semaine après avoir touché un sommet de 1.564 dollars l'once la semaine précédente." "Le sujet de la liquidité et l'impact des changements de politique monétaire sur l'évolution des indices continuent de nous inquiéter. Les marchés sont préoccupés par la perspective de la fin de la seconde phase d'assouplissement quantitatif (QE2), qui devrait arriver fin juin. Cependant, durant la dernière quinzaine, au cours de la première conférence de presse officielle de la Fed, Ben Bernanke a déclaré non seulement que le QE2 se poursuivrait jusqu'à son terme, mais également que la Fed n'avait pas l'intention à court terme de retirer la liquidité des marchés." "Les marchés sont plus dangereux lorsqu'ils sont dominés par des facteurs de liquidité. Notre indicateur montre que la liquidité mondiale a bondi de 12% depuis mi-décembre, alors que son taux de croissance était revenu à 6% sur un an, son plus bas niveau depuis septembre 2002. Ce boom se traduit par une croissance d'environ 18% sur an. Notre mesure tient compte de la base monétaire américaine et des actifs en dépôt auprès de la Fed sous forme de bons du Trésor et d'obligations quasi-gouvernementales (la contrepartie des interventions des banques centrales sur le marché des changes)." "Cette mesure de la liquidité a été influencée par le QE2 et a pu être indirectement stimulée par l'injection monétaire de la Banque du Japon (BoJ) dans le système bancaire japonais suite au séisme, dont une partie a pu se retrouver à l'étranger. Certains ont été déconcertés par la baisse des rendements obligataires américains depuis début avril, mais il faut sans doute y voir la conséquence de la faiblesse du dollar et des interventions des banques centrales étrangères. Ces derniers jours, la BoJ a retiré une partie de cette liquidité et les soldes des dépôts en compte (qui intègrent une partie de la monnaie centrale du Japon) ont baissé de 20% depuis le point haut du 24 mars pour s'établir à 34.000 milliards de yens (près du double du niveau peu avant le séisme)." "Selon un analyste sell-side, le QE2 avait été réalisé à hauteur de 400 milliards de dollars fin avril sur les 600 milliards planifiés. Sur cette période, la masse monétaire M2 a augmenté de 170 milliards de dollars aux Etats-Unis. Hors effet du QE2, la masse monétaire se serait contractée de près de 230 milliards de dollars. Selon l'estimation de la Fed de New York sur l'impact du QE2 sur les taux d'intérêt, le taux effectif des Fed Funds serait désormais de -2,6%, expliquant les gains des actifs risqués ces dernières semaines." "La fin du QE2 ne devrait pas casser cette tendance, à moins que la Fed commence à retirer des liquidités, ce qui ne semble pas être l'option actuelle de M. Bernanke. Ainsi, les investisseurs devraient être moins nerveux vers la fin du QE2, la liquidité restant un soutien pour les actions. La zone à suivre est l'Asie, et non les Etats-Unis ou l'Europe. Il serait inquiétant que la Banque du Japon continue les retraits de liquidité alors que les conditions monétaires chinoises sont très restrictives en raison du déclin rapide de la croissance monétaire et du crédit." "Si les marchés actions ont corrigé la semaine dernière, ils restent proches des derniers points hauts. Le S&P 500 a doublé depuis le point bas de mars 2009, et l'indice Russell 2000 des petites capitalisations a retrouvé son sommet de 2007. Sur base équipondérée, le S&P 500 a également dépassé son plus haut de 2007. Cependant, la hausse a été tirée par un nombre de secteurs de plus en plus limité (l'énergie et l'industrie, qui ont surperformé au premier trimestre). Comme un sage l'a souligné la semaine dernière, la dernière fois que la hausse a été tirée par un nombre de secteurs aussi réduit remonte au premier trimestre 2000... et cela ne s'est pas bien terminé." "Selon nous, le dollar sera déterminant pour l'évolution de l'appétit pour le risque ces prochaines semaines. Le premier trimestre a connu un cercle vertueux, l'injection de liquidités s'étant traduite par une baisse du dollar, qui a stimulé les exportations et le secteur manufacturier américains. Le dollar est ainsi revenu sur un point bas historique en termes réels. Les entreprises américaines en ont largement bénéficié : leurs profits ont augmenté de 17% sur un an au premier trimestre, une part importante (environ un tiers) provenant de l'étranger. Un redressement du dollar pourrait induire un cercle plus vicieux à l'avenir." "D'autres facteurs pénalisants pour les marchés se combinent à la perspective d'une réduction de la liquidité. Premièrement, les indicateurs avancés de la croissance mondiale commencent à se retourner, les dernières statistiques du sondage PMI étant ressorties en légère baisse, alors que l'impact de la hausse du prix du pétrole n'a pas encore été totalement ressenti. Deuxièmement, l'inflation headline aux Etats-Unis devrait tendre vers 4% contre 2,7% actuellement sous l'effet de la hausse du prix du pétrole. Cela ne peut que déprimer davantage les revenus disponibles réels des ménages, si bien que la croissance de la consommation privée dépendra de la croissance du crédit." "Troisièmement, notre analyse du momentum des bénéfices sur 24 marchés fait ressortir une nette décélération, une minorité de marchés continuant de bénéficier de révisions à la hausse supérieures aux révisions à la baisse. Face à ces vents contraires, notre stratégie d'investissement reste positive, malgré un moindre degré de conviction. Notre modèle quantitatif reste en faveur des actions par rapport aux obligations et au monétaire. Si les marchés semblent vulnérables à court terme, les conditions militent encore pour une surperformance des actions à moyen terme. Nous maintenons donc notre stratégie, tout en réduisant le niveau de risque global du portefeuille." AUT/ALO