IPSEN étudie le développement d'Irosustat avec d'autres thérapies

06/06/2011 - 08:41 - Option Finance

(AOF) - Ipsen a annoncé aujourd'hui sa décision d'étudier la possibilité de développer Irosustat (BN83495) en association avec d'autres thérapies hormonales. " Cette décision est fondée sur l'analyse de futilité menée durant l'essai de preuve de concept de l'essai européen de phase II dans le cancer de l'endomètre en monothérapie, ainsi que sur les résultats des études cliniques de phase I/II dans les cancers métastatiques du sein et de la prostate ", précise le groupe dans un communiqué. " L'analyse de futilité dans l'étude européenne chez les patientes souffrant d'un cancer de l'endomètre démontre que le critère d'évaluation principal ne sera pas atteint (pourcentage de patientes sous traitement plus de 6 mois sans progression) et que la supériorité ne sera pas démontrée avec Irosustat versus l'acétate de mégestrol en termes de survie sans progression (PFS) ", écrit Ipsen. Le groupe souligne que le traitement a été bien toléré et a montré une inhibition de la stéroïde sulfatase associée à une réduction significative du taux de certaines hormones stéroïdes circulantes, avec chez certaines patientes, une réponse clinique partielle prolongée, démontrant ainsi l'intérêt clinique de l'inhibition de la sulfatase. " Sur la base de ces résultats de tolérance clinique associés à la réduction des paramètres hormonaux et de ce signal d'efficacité clinique en monothérapie potentiellement encourageant, Ipsen va explorer différentes options pour développer Irosustat en association avec d'autres thérapies hormonales dans les cancers hormono-dépendants ", écrit Ipsen. " Cette perspective s'inscrit en ligne avec les recommandations de comités d'experts cliniciens ", ajoute-t-il. Irosustat est le premier inhibiteur irréversible de la stéroïde sulfatase (STS) par voie orale. La voie stéroïde sulfatase est responsable de la synthèse d'estrone et de déhydroépiandrostérone (DHEA) qui sont ensuite transformés en estradiol et androstènediol (adiol), qui peuvent tous deux stimuler le développement de tumeurs hormono-dépendantes. Cette molécule a été testée dans le cancer du sein métastatique chez la femme ménopausée, ainsi que dans le cancer de la prostate résistant à la castration (essai clinique de phase I/II). Trois autres études en cours de recrutement de patients, pour lesquelles Ipsen est le promoteur,vont être interrompues.

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Les points forts de la valeur

- Le groupe biopharmaceutique s'est recentré sur la médecine de spécialités dans des domaines thérapeutiques ciblés (oncologie, endocrinologie et désordres neuromusculaires) (désormais 60% du chiffre d'affaires) qui génère plus de marges que la médecine générale et qui est moins exposée à la concurrence des grands laboratoires ; - Ipsen dispose d'un pipeline jugé de qualité au regard de sa taille. Il est beaucoup moins exposé que d'autres laboratoires au développement des génériques ; - Ipsen bénéficie d'une avance technologique dans les peptines et les toxines, deux domaines où très peu d'acteurs sont présents avec dans le cas des toxines des barrières à l'entrée très fortes en terme de production notamment ; - La stratégie repose sur l'internationalisation massive des activités, la concentration des efforts dans ses domaines des thérapeutiques ciblées et sur une politique de licences et de partenariats toujours plus active ; - Le transfert de consommation des appareils (laser...) vers les injections dans le domaine du traitement des rides est favorable à Ipsen qui a obtenu en 2009 l'autorisation de commercialiser Dysport dans le domaine cosmétique en Europe et aux Etats-Unis ; - Une stratégie offensive de croissance externe a permis au laboratoire de se diversifier géographiquement et notamment de se positionner sur le marché américain. Le groupe recèle également un potentiel de développement dans les pays émergents, Chine en tête.

Les points faibles de la valeur

- Le laboratoire est très dépendant du Dysport (le challenger du Botox) et d'Autogel ; - Le groupe reste confronté à la poursuite de la baisse des ventes en médecine de ville (Smecta, Forlax, Tanakan...) ainsi qu'aux pressions gouvernementales sur le prix des médicaments dans un grand nombre de pays européens ; - La filiale américaine est en pertes. Plusieurs solutions sont envisagées pour redresser cette unité ; - Les incertitudes persistent sur l'approbation de Taspoglutide, futur blockbuster potentiel développé conjointement avec Roche, dans le traitement du diabète de type 2. Roche a annoncé en juin 2010 un retard de 12 à 18 mois dans le programme de développement de Taspoglutide, qui était considéré comme un catalyseur. - Aucun flux de nouvelles en provenance de Taspoglutide ne viendra donc alimenter la vie du titre Ipsen avant plusieurs mois. Les analystes ont abaissé sensiblement leurs objectifs de cours sur la valeur. - Le pipeline s'appauvrit un peu plus. Après les déboires de Taspoglutide, Ipsen a subi fin 2010 un nouveau revers de taille avec l'arrêt des études cliniques de phase II dans l'acromégalie et les tumeurs neuroendocriennes ; - Cette nouvelle déconvenue va alimenter le sentiment négatif du marché sur la valeur depuis l'été 2010. Restaurer la confiance va prendre du temps ; - A quoi s'était déjà ajouté le départ surprise, en octobre 2010, de Jean-Luc Belingard, en raison de divergences stratégiques. Très réputé dans l'industrie pharmaceutique, il était l'artisan du repositionnement d'Ipsen ; - Ipsen n'a pas donné de prévisions complètes pour 2011 en raison de la revue stratégique en cours, lancée par la nouvelle direction et destinée à donner un nouvel élan au groupe. La valeur souffre donc d'un manque de visibilité.

Comment suivre la valeur

- Ipsen était jusque-là considéré comme une valeur de croissance et défensive. En revanche, son rendement est faible ; - Mais avec les déceptions récentes sur le pipeline et du fait du manque de catalyseurs à court terme, le titre a chuté de plus de 40% en 2010 et évolue à ses plus bas historiques et donc à son cours d'introduction de 22 euros ; - La capitalisation boursière d'Ipsen range la valeur au sein des petites et moyennes valeurs du secteur tandis que son activité la rapproche davantage des laboratoires pharmaceutiques globalement plus regroupés au sein des " large caps " ; - Les développements futurs du Taspoglutide vont être très suivis et seront le principal catalyseur pour le titre ; - Le marché attend également de connaître les conclusions de la revue stratégique en cours. Le groupe devrait communiquer au deuxième trimestre 2011. Les analystes attendent un remaniement profond du portefeuille et évoquent une éventuelle cession de la branche Médecine de ville.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Pharmacie - Santé

De nombreuses opérations de croissance externe ont déjà eu lieu. Merck & Co. est devenu le numéro deux mondial en rachetant Schering-Plough pour 41 milliards de dollars. Roche a finalement réussi à acquérir Genentech, la deuxième société américaine de biotechnologies, pour 47 milliards. Abbott a repris le pôle médicaments du belge Solvay pour 5,2 milliards d'euros. La phase de consolidation se poursuit. Sanofi-Aventis cherche à acquérir la biotech américaine Genzyme pour 18,5 milliards de dollars. Le leader mondial du secteur, son concurrent américain, Pfizer est également très actif dans le domaine des acquisitions. Moins d'un an après avoir repris son compatriote Wyeth pour 68 milliards de dollars, il est de nouveau prêt à investir plusieurs milliards de dollars pour se renforcer dans les pays émergents et dans plusieurs domaines d'activité : les médicaments génériques, les traitements contre la douleur, le cancer, la maladie d'Alzheimer, les anti-inflammatoires et les neurosciences. FTB/ACT/