BCE : Natixis attend une troisième hausse en décembre

10/06/2011 - 14:51 - Option Finance

(AOF / Funds) - "L'aggravation de la crise souveraine n'entame en rien le pragmatisme de la BCE. En effet, en passant en mode strong vigilance, Jean-Claude Trichet a donc annoncé aux marchés une prochaine hausse des taux. Conformément à nos attentes, la BCE devrait donc augmenter son taux refi à 1,50% le 7 juillet prochain. Cette décision était loin d'être anticipée par des marchés dont les anticipations de taux avaient fortement chuté dernièrement (de 1,70% à 1,55% pour l'Eonia forward décembre 12)", notent Amandine Boulay et Cyril Regnat de Natixis. "Pourtant, la poursuite des hausses des taux est cohérente avec les nouvelles prévisions de croissance et d'inflation d'Eurostat. Ainsi, la croissance prévue en 2011 a été revue de 1,7% à 1,9% contre une hausse de 2,3% à 2,6% pour l'inflation anticipée (pour 2012, la croissance est attendue à 1,8% contre 1,7% précédemment)." "A la différence des Etats-Unis, l'Europe se porte un peu mieux que prévu. Cela pourrait d'ailleurs offrir d'avantage de marges de manoeuvre à la banque centrale en termes de politique monétaire d'autant plus que le niveau des taux d'intérêts est en effet toujours considéré comme accommodant et que la mention 'la BCE ne s'engagera pas dans un cycle de hausse des taux' a disparu..." "Selon nous, la BCE pourrait relever ses taux une troisième fois en fin d'année, au mois de décembre à 1,75%. Pragmatique concernant sa politique monétaire, la BCE l'est tout autant du côté de sa politique non-conventionnelle. En effet, l'institution a annoncé qu'elle allait reconduire ses allocations à montants illimités sur toutes ses opérations de refinancement jusqu'au 11 octobre." "Toutes les opérations seront effectuées à taux fixes : celui du refi pour les MRO, celui des MRO pour les opérations à 1 mois et enfin la moyenne des MRO sur la période pour les LTRO 3 mois. L'Eonia devrait donc rester sous le taux refi compte tenu de la persistance d'excès de liquidités sur le marché." "Concernant la crise souveraine et notamment le cas de la Grèce, Jean-Claude Trichet a réitéré le positionnement de l'institution en refusant toute idée de restructuration ou roll-over non-volontaire. Cette journée a d'ailleurs été le théâtre de nombreuses annonces concernant le dossier grec. En effet, la Troïka a tout d'abord publié un rapport particulièrement critique de la situation grecque, anticipant notamment une contraction du PIB grec pour 2011 de 3,8% et une croissance en 2012 de 0,6%." "Selon le FMI, la Grèce a atteint un point critique malgré les efforts qu'elle a fourni depuis 2010 en termes de réduction du déficit fiscal (-5%), d'amélioration de la compétitivité mais aussi d'augmentation de ses exportations. Cependant ces réformes ne montrent pas encore les résultats escomptés et deviennent donc insuffisantes aux yeux du FMI mais surtout de l'Allemagne. L'obtention de la cinquième tranche (12 milliards) du plan de 110 milliards d'euros est désormais conditionnée à une réduction supplémentaire du déficit." "Athènes a ainsi identifié des mesures de consolidation supplémentaires et est contrainte d'accélérer son plan de privatisations. Et, ce, d'autant plus que la pression exercée par les agences de notation et l'Allemagne se fait de plus en plus sentir. En effet, Wolfgang Schäuble, le ministre de Finances allemand, préconise un rallongement de la dette grecque de sept ans (reprofilage), alors même que l'idée d'un roll-over commençait à être avancée par de nombreux pays européens et la BCE." "Un repfrofilage ne réduirait pas le montant de la dette mais permettrait de laisser un laps de temps supplémentaire à la Grèce pour réaliser ses objectifs budgétaires. Seulement, ce scénario est considéré par l'ISDA (International Swap and Derivative Association) comme un événement de crédit ce qui aurait pour effet de déclencher les CDS exposés à la Grèce (5 milliards en net selon l'ISDA)." "Les agences de notations ont d'ores et déjà indiqué qu'un défaut de la Grèce aurait des répercussions négatives sur les ratings de l'Espagne, de l'Irlande et du Portugal, ce qui ne ferait qu'aggraver la crise. Dans tous les cas, on s'achemine certainement vers une participation des créanciers privés (Initiative de Vienne), cette idée de roll-over restant la solution la moins douloureuse." "Seule solution approuvée par la BCE pour le moment, elle offre l'avantage de ne pas être considérée comme un événement de crédit par l'ISDA. Certaines rumeurs commencent d'ailleurs a évoquer une aide supplémentaire de 45 milliards d'euros pour la Grèce, et surtout une participation des investisseurs privés qui approcherait 30 milliards via des roll-overs, qui permettrait ainsi de combler le déficit de financement du pays sur la période 2012-2014. Les besoins supplémentaires seraient comblés par les 30 milliards d'économies dégagées via le programme de privatisation grec." AUT/ALO