Invesco AM envisage un retour vers les actifs risqués

08/07/2011 - 16:30 - Option Finance

(AOF / Funds) - "C'est la mi-temps. La mi-temps de l'année, tout d'abord, alors que s'approche la saison estivale durant laquelle nombre d'investisseurs vont quitter les marchés financiers. Mais il semble également que le temps soit coupé en deux selon la région du monde à laquelle on s'intéresse : la plupart des pays dits industrialisés semble s'installer dans une croissance particulièrement molle ; dans le même temps, de nombreuses économies émergentes connaissent toujours une conjoncture particulièrement robuste, qui avoisine parfois la surchauffe", note Bernard Aybran d'Invesco AM. "Avec 11% de croissance économique au premier trimestre 2011 (en rythme annualisé) et des prévisions sur l'année entière comprises entre 4,5% et 6%, la Turquie s'avère emblématique de la vigueur dont bénéficient actuellement la plupart des régions émergentes. A l'heure où de nombreux Etats européens renforcent leurs politiques dites de rigueur au risque d'induire des pressions déflationnistes, l'Asie et l'Amérique Latine poursuivent leur combat contre une inflation qui tend à s'installer." "Toutefois, et avant de mener plus loin l'analyse économique, les investisseurs doivent encore et toujours distinguer l'économie des marchés financiers. Avec son économie flamboyante, le marché des actions turques a reculé de 16,1% au premier semestre. Dans le même temps, et avec un marché de l'emploi et de l'immobilier toujours proches de leurs plus bas, les actions américaines ont mieux résisté que la moyenne des actions mondiales." "Si l'économie s'avère, une fois encore, peu déterminante pour les marchés, les niveaux de valorisation jettent une autre lumière sur la situation. Ainsi, désormais inférieur à 10, le rapport cours sur bénéfices (ou PE) des actions européennes est désormais bien installé sur des niveaux inférieurs à ceux des 20 dernières années. Comparer la valorisation actions à celle des obligations débouche sur un résultat voisin : le rendement du dividende des actions européennes est désormais égal, en moyenne, au rendement des emprunts d'Etat. Pour mémoire, pendant toutes les années 1980 et 1990, les actions servaient des rendements de l'ordre de 30% à 40% des taux obligataires." "Il serait possible d'égrainer une longue suite d'indicateurs tendant à montrer que les actions sont très bon marché. Toutefois, cette conclusion serait sous-tendue par deux séries d'hypothèses qui méritent vérification. Tout d'abord, il faut supposer que la (très) bonne santé des sociétés cotées se poursuive : les analystes attendent une croissance des bénéfices 2011 supérieure à 18% en Europe et proche de 17% aux Etats- Unis comme sur les marchés émergents. La poursuite d'un tel rythme de progression nécessitera un redémarrage de la consommation dans les économies développées, sur lequel les statistiques de l'emploi poussent à s'interroger." "L'autre série d'hypothèses à examiner concerne le comportement des investisseurs. Et de ce point de vue, les tendances de fond se poursuivent. Le désengagement des institutions occidentales des marchés actions s'est poursuivi en 2011, sous la pression combinée de facteurs réglementaires, démographiques et financiers. Quant aux particuliers occidentaux, de part et d'autre de l'Atlantique, ils se délestent toujours plus de leurs investissements actions. De ce point de vue, l'exemple de la France s'avère symptomatique puisque seuls 11% des ménages détiennent des actions et, parmi ces rares actionnaires, plus des deux tiers considèrent qu'il n'est pas opportun d'accroître leur investissement." "Loin d'être limité à la France, ce désengagement des ménages se constate également aux Etats-Unis, où la part des actionnaires individuels ne cesse de régresser, laissant une place toujours plus importante aux acteurs les plus volatils : hedge funds et traders pour compte-propre. Une volatilité importante dans un contexte de stagnation des marchés sur le long terme est la conséquence de ce paysage. Ce que certains grands investisseurs appellent la nouvelle norme ou new normal, en version originale." "Dans le courant du mois de juin, les portefeuilles diversifiés multigérants Invesco ont maintenu des positions obligataires stables mais ré-aménagées : les emprunts d'Etat ainsi que la dette de sociétés privées bien notée ont été accrus au détriment de la dette de sociétés américaines à haut rendement, ou high yield. L'investissement en dette émergente a été accru, en se concentrant sur les maturités les plus courtes. Du côté des portefeuilles actions, si l'exposition a été marginalement réduite, principalement sur les valeurs américaines, les positions européennes et émergentes ont été maintenues. L'exposition au dollar est demeurée couverte sur l'ensemble du mois." "Pour les semaines à venir, un retour sur les actifs dits risqués pourrait tout à fait se justifier. D'une part, les chutes des principaux marchés occidentaux en mai et juin se sont déroulées sur des rythmes tels (les analystes techniques parlent de marchés survendus) qu'un rebond consécutif est un scénario crédible. D'autre part, la saison des résultats trimestriels devrait offrir bien des justifications aux investisseurs pour oublier, ne serait-ce que quelques semaines, un contexte macro-économique toujours pesant." AUT/ALO